
La mascotte de Festicoffee
Une filière affaiblie
Boisson la plus consommée au monde, le café occupe le deuxième rang des biens d'exportation après le pétrole. Cette graine noire issue de la Corne de l'Afrique est depuis des décennies un produit essentiel pour les cultivateurs du Cameroun.
Cependant, la caféiculture a subi un ralentissement notoire entre 1988 et 2005, période durant laquelle le Cameroun a été secoué par une profonde récession économique. Les conséquences de cette crise se font encore sentir et, de 150 mille tonnes en 1988, la production actuelle est aujourd'hui tombée à 30 ou 35 mille tonnes, selon Omer Gatien Maledy.
Comme d'autres secteurs d'activités agricoles, la culture du café fait face à des problèmes structurels, parmi lesquels l'exode rural, le manque de surfaces cultivables du fait de l'explosion démographique et le vieillissement des caféiculteurs.
Pour les experts du café, l'avenir de ce secteur réside en particulier dans l'attraction des jeunes générations. En effet, celles-ci se désintéressent de la caféiculture et préfèrent tenter leur chance dans les grandes agglomérations. C'est ce qu'explique Zakari Lame, 60 ans, propriétaire d'une surface de 4 hectares de café à l'ouest du Cameroun : « J'essaie de convaincre mes enfants de s'intéresser à la culture du café, malgré les niveaux académiques dont ils disposent. Mais je dois avouer que c'est difficile. »
Des mesures pour attirer les jeunes générations
Ce problème ne concerne pas que le Cameroun. En Côte d'Ivoire et au Togo, les gouvernements ont pris des mesures incitatives pour redonner vie à la filière et lutter contre l'exode rural des jeunes générations. Jérémie Kouassi, expert ivoirien de la filière café-cacao, explique ainsi que « en Côte d'Ivoire, indépendamment du programme de relance caféière, il existe un projet de promotion des jeunes dans la filière café-cacao. Le projet propose aux jeunes de cultiver 2 hectares de cacao et un hectare de café, complétés par de l'apiculture, afin qu'ils puissent diversifier leurs sources de revenu. Il s'accompagne de plans de mécanisation, afin d'offrir des conditions de culture acceptable par les jeunes générations. »
Le Cameroun a également mis en place des programmes destinés aux jeunes agriculteurs. Omer Gatien Maledy explique ainsi que « cette problématique est la préoccupation principale du CICC. La moyenne d'âge du producteur de café et de cacao au Cameroun avoisine aujourd'hui les 60 ans, ce qui signifie que dans 10 ou 20 ans nous n'aurons plus beaucoup de producteurs. Pour remédier à ce vieillissement, notre programme 'new generation' assure l'encadrement de groupes de jeunes pendant trois ans, en leur procurant tout le matériel nécessaire ».
Le changement climatique
Le changement climatique figure également parmi les préoccupations majeures des planteurs de café. Les perturbations liées à l'instabilité des saisons ont en effet eu des conséquences négatives sur les récoltes. À ce sujet, quelques pistes sont abordées par l'ingénieur Mbarga Manga, chercheur sur le café Arabica à l'Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) de Foumbot (à l'Ouest Cameroun) : « on peut insérer dans un caféier quatre hauteurs avec une couverture végétale constituée de bananiers ou d'arbres fruitiers dont la hauteur varie de 5 à 10 mètres. Cela permet au caféier de supporter des périodes assez difficiles, notamment la saison sèche, et de réguler la température des vapeurs de transpiration du sol. Il existe également d'autres méthodes, notamment le paillage des caféiers, qui permettent de réduire l'évapotranspiration. »
(Reportage du Cameroun) |