
NOUVELLES HABITUDES : thés d'importation
29 janvier, Nanjing, province du Jiangsu. Alors qu'elle pousse son caddie dans le Wal-Mart de son quartier, l'attention de Sheng Xuehong est attirée par les rayons de produits importés.
Il reste quelques jours seulement avant le Nouvel An chinois, qui tombe cette année le 3 février, l'occasion de vacances et de réunions familiales autour de repas traditionnels. Cependant, cette grand-mère de 73 ans est à la recherche de biscuits au chocolat de la marque Pepperidge Farm pour son petit-fils, qui a étudié aux États-Unis et a pris goût aux produits américains.
La longue liste de courses de Mme Sheng est différente des années précédentes. À côté des denrées traditionnelles indispensables à la préparation des plats du Nouvel An, elle comporte une large gamme de produits importés. Laitages de Nouvelle-Zélande, biscuits du Danemark et vins australiens figurent en bonne place sur sa liste.
La mondialisation a ouvert de nombreuses portes pour les consommateurs chinois. L'exemple le plus frappant est la multiplication des supermarchés dans tout le pays, conséquence de la hausse des stocks de boissons et d'aliments étrangers. Les marques traditionnelles chinoises sont désormais au coude à coude avec ces derniers arrivants, ce qui est une expérience inédite pour les clients chinois.
De même que pour Mme Sheng la période du Nouvel An est un moment de grande occupation, il représente un pic d'activité pour Huang Ying, propriétaire d'un magasin de produits d'importation dans la province du Shandong. « Fruits secs, chocolat et vins constituent nos meilleures ventes », déclare M. Huang.
Comparé aux produits chinois, le prix des produits importés est beaucoup plus élevé. Mais cela ne freine pas pour autant l'enthousiasme des consommateurs chinois. En effet, pour la période du Nouvel An, M. Huang a vu ses ventes doubler par rapport à l'année dernière.
« Une meilleure qualité, des saveurs exotiques et les emballages attrayants des produits alimentaires étrangers attirent de plus en plus de Chinois, Nouvel An ou pas », ajoute-t-il.
Nouvelles saveurs
Depuis les litchis de Thaïlande jusqu'aux fameux vins sud-africains, les denrées importées étaient rares en Chine pendant les années 1990. Désormais, ces produits fi-gurent de manière visible sur les rayonnages des supermarchés chinois.
Le marché chinois des produits alimentaires importés se développe à grande vitesse, avec une croissance annuelle moyenne de 15 % lors des cinq dernières années. D'après les statistiques de l'Association nationale de l'industrie alimentaire chinoise (China National Food Industry Association CNFIA), ces produits représentaient 4 milliards de dollars en 1992. Ce chiffre est passé à 49,8 milliards en 2008.
Les distributeurs s'attendent désormais à une augmentation rapide de ce secteur. Les experts de l'industrie prévoient que d'ici 2018, la Chine sera devenue le premier marché mondial de produits alimentaires d'importation.
Un public majoritairement jeune
L'augmentation des revenus et l'expansion de la classe moyenne ont créé les conditions favorables pour que la Chine devienne un important marché pour les produits alimentaires. Les données du Bureau national des statistiques montrent que le revenu dispo-nible par tête des citadins est passé de 343,4 yuans (52,8 dollars) en 1978 à 19 109 yuans (2 900 dollars) en 2010, alors que celui des ruraux est passé de 133,6 yuans (20,3 dollars) à 5 919 yuans (898 dollars) au cours de la même période.
Ces données montrent de manière convaincante que non seulement les Chinois vivent mieux qu'il y a trente ans, mais aussi que le potentiel du pays pour devenir un des premiers consommateurs de denrées alimentaires importées reste fort.
Si vous demandez où l'on peut trouver de la nourriture occidentale à Shanghai, il est fort probable qu'on vous répondra : City Shop. C'est en 1995 que l'enseigne a fondé son premier magasin dans cette ville. À l'époque, le magasin n'occupait qu'une modeste surface de 200 mètres carrés.
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