Chi Jianxin

Le Fonds de développement Chine-Afrique (CAD Fund), qui gardait jusqu'à présent profil bas, est passé sous les feux de la rampe l'année dernière.

Le fabricant de ciment Jidong Development Group a decidé d'investir environ 220 millions de dollars pour construire une cimenterie en Afrique du Sud au mois de mai. En Ethiopie, une usine moderne travaillant le cuir, construite au coût de 26 millions de dollars grâce à l'investissement du CAD Fund et d'un fabricant chinois de cuir, a été inaugurée en novembre de l'an passé. La centrale hydroélectrique des gorges du cours inférieur de la Kafue, en Zambie, a reçu les investissements de Sinohydro et de la société nationale d'électricité de Zambie. Les travaux de construction ont débuté en juillet, et le CAD Fund suit de près ce projet.

Le plus gros des investissements en Afrique attirent de plus en plus l'attention, mais pour Chi Jianxin, ils ne représentent qu'une partie des projets que le CAD Fund a en réserve.

De la réflexion à l'action

M. Chi, directeur général de CAD Fund, est incontestablement un des intermédiaires les plus engagés dans l'investissement entre la Chine et l'Afrique. Mais ses manières évoquent plutôt un lettré qu'un banquier.

« Le CAD Fund prévoit d'augmenter ses investissements de 5 milliards de dollars dans les cinq prochaines années », déclare le banquier lettré. « Nous espérons que la seconde phase de notre investissement, représentant 2 milliards de dollars, soit achevée le plus tôt possible, et nous engagerons la troisième phase peu après. »

M. Chi explique que la Banque chinoise de développement (CBD) a apporté le premier milliard, après que le Président chinois Hu Jintao se soit engagé pour la création du CAD Fund lors du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique en 2006.

Depuis sa création en 2007, le CAD Fund a décidé d'investir dans plus de 40 projets couvrant plus de 20 pays africains. Cela a entraîné plus de 5 milliards de dollars d'investissement de la part d'entreprises chinoises.

« Le CAD Fund est une institution réellement nécessaire pour encourager un certain nombre d'entreprises chinoises à investir en Afrique », explique M. Chi à CHINAFRIQUE.

En termes de nombres de projets, les investissements du fonds se concentrent principalement sur l'industrie de transformation, notamment les matériaux de construction, l'automobile, et les appareils électriques ménagers. Sans compter l'agriculture et le domaine des infrastructures. Le fonds a également investi dans des projets d'exploitation des ressources naturelles afin d'améliorer localement le développement durable.

Ainsi, une verrerie éthiopienne, dont CAD Fund détient 40 % des parts, a mis fin à l'incapacité historique de ce pays de produire du verre.

« Le fonds couvre un large éventail de domaines », explique un entrepreneur chinois basé en Afrique du Sud. « Grâce à la coopération avec le fonds, nous sommes capables d'obtenir des capitaux et de faire des demandes de prêt auprès de la Banque chinoise de développement. »

Jusqu'à présent, le fonds a installé des bureaux en Afrique du Sud, la principale économie du continent, en Ethiopie et en Zambie. Le fonds prévoit également de créer d'autres bureaux dans des pays d'Afrique de l'Ouest et d'Afrique du Nord. L'entrepreneur ajoute que le réseau commercial sur tout le continent africain et la coopération bénéfique avec les gouvernements et les organisations locales a permis au CAD Fund de mener un grand nombre de projets.

Le CAD Fund travaille en équipe avec des sociétés chinoises pour les investissements en Afrique et est un important investisseur financier. Le fonds n'est l'actionnaire majoritaire d'aucun projet.

Risques et opportunités

Il existe d'importantes opportunités pour la Chine d'investir en Afrique, mais M. Chi souligne que « nos projets sont des projets d'investissement appropriés aux entreprises chinoises, car notre mission est d'encourager plus d'entreprises chinoises à investir en Afrique et d'introduire l'expérience chinoise dans la coopération avec les entreprises africaines, et également d'aider les projets africains à trouver des partenaires chinois compétents. »

CAD Fund se concentre principalement sur l'investissement à moyen et long terme, en général de l'ordre de cinq à huit ans, et ne cherche pas à générer rapidement des profits pour chaque projet. « Le CAD Fund est un fonds à l'écoute du marché, et doit se préoccuper en dernière instance de son retour sur investissement, mais nous nous préoccupons plus de la contribution substantielle [de l'investissement chinois] au développement durable des pays africains », ajoute M. Chi.

D'après les statistiques publiées par la Zambie, les investissements chinois ont contribué à la création de 15 000 emplois dans le pays en 2010. Au Malawi et au Mozambique, une exploitation de coton et une usine de transformation vont fournir plus de 100 000 emplois aux fermiers locaux.

D'une manière différente des investisseurs traditionnels européens ou américains, l'approche à long terme de la Chine a bénéficié à de nombreux pays, soutient Lazarous Kapambwe, président du Conseil économique et social des Nations unies. « La Chine pense à long terme, alors que les investisseurs européens ont tendance à penser à court terme », déclare M. Kapambwe, qui est également le représentant permanent de la Zambie à l'ONU.

« Pour les pays africains, l'émergence de la Chine, et de l'Asie en général, a apporté une source alternative d'investissement, une source alternative de financement. Elle a aussi permis de créer un climat dans lequel les investisseurs des autres régions sont d'accord pour négocier avec nous à de meilleures conditions », poursuit-il.

Malgré une situation d'ensemble favorable, M. Chi note cependant qu'il existe des problèmes fondamentaux auxquels les entreprises chinoises sont confrontées quand elles font des affaires en Afrique.

Il suggère que les entreprises chinoises doivent respecter les lois, les habitudes et les traditions des pays où elles s'implantent, et endosser des responsabilités sociales si elles veulent engranger des bénéfices mutuels.

« L'investissement chinois en Afrique peut conduire à des possibilités infinies, car nous croyons que le risque et l'opportunité vont main dans la main », estime M. Chi. « Notre but est d'offrir une meilleure vie, plus d'opportunités de développement et plus de choix aux populations locales, pour un résultat gagnant-gagnant. »

Fonds de développement

Chine-Afrique

> Le Fonds de développement Chine-Afrique (CAD Fund) est une des huit mesures de coopération pragmatique entre la Chine et l'Afrique annoncées pas le Président Hu Jintao lors du Sommet de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique en novembre 2006. En tant que fonds d'actions et d'investissement, son but est d'aider les entreprises chinoises à étendre leurs investissements dans les pays africains. Le fonds a commencé à travailler le 26 juin 2007, avec un capital de départ de 1 milliard de dollars fourni par la banque chinoise de développement. Le fonds devrait atteindre une taille de 5 milliards de dollars.

Le fonds concentre ses investissements dans l'industrie et les domaines permettant le développement économique de l'Afrique, tels que l'agriculture, l'industrie, les infrastructures, les ressources et les parcs industriels et commerciaux.

Principaux projets du CAD Fund

> En avril 2008, a commencé la construction de la centrale électrique ghanéenne Phase I, grâce à l'investissement conjoint du CAD Fund et de l'entreprise Shenzhen Energy Investment.

En mars 2009, le parc commercial de Suez, en Egypte, a été inauguré. C'est le premier projet de parc commercial lancé à l'étranger par le CAD Fund, et l'un des plus importants parcs commerciaux à l'étranger recommandés par le gouvernement chinois.

En mai 2009, la première verrerie éthiopienne a été inaugurée et mise en service.

En juin 2009, une usine de transformation du coton a été inaugurée au Malawi. La plantation de coton et l'usine de transformation, créées dans le cadre du programme Contract Farming au Malawi et au Mozambique, vont créer plus de 100 000 emplois pour les fermiers locaux.

En mai 2010, le fabricant de ciment Jidong Development Group a décidé d'investir environ 220 millions de dollars pour créer une cimenterie en Afrique du Sud.

En mai 2011, Chery Group et le CAD Fund ont décidé d'investir dans des usines d'assemblage automobiles dans quelques pays africains.

Plus d'informations sur le fonds sont disponibles sur www.cdb.com.cn/english/