Un traitement salvateur contre le paludisme

Le 12 juillet 2011, M. Xue Jinwei, l'ambassadeur de Chine au Cameroun, et M. André Mama Fouda, le ministre de la Santé publique camerounais, se sont réunis à Yaoundé afin de conclure l'acte de don de médicaments antipaludiques chinois au Cameroun. Cette initiative a eu lieu dans le cadre des huit mesures d'aide aux pays africains auxquelles la Chine s'est engagée lors du Forum sur la coopération Chine-Afrique qui s'est tenu en Égypte en 2009.

Selon les estimations de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), actuellement, quatre-vingts pays ont adopté des associations thérapeutiques à base d'artémisinine comme premier choix de traitement contre le paludisme. L'OMS a encore souligné dans son rapport de 2010 le rôle majeur des associations médicamenteuses comportant de l'artémisinine dans la lutte contre cette maladie. À ce jour, l'artémisinine, substance active extraite de la plante chinoise l'armoise annuelle (Artemisia annua), a sauvé de nombreuses vies humaines.

Au début des années 60, le paludisme demeurait difficile à contrôler dans la majeure partie du globe, de nombreuses personnes étaient atteintes par cette maladie, parfois mortelle, dont les symptômes sont fièvre, céphalée, diarrhée… En 1967, la Chine a mobilisé plus de 500 chercheurs afin de mettre au point un nouveau médicament antipaludique.

Ces chercheurs ont alors étudié près de 40 000 combinaisons chimiques et plantes médicinales sans obtenir de résultat satisfaisant. Mme Tu Youyou, une chercheuse de l'Académie des sciences médicales chinoises, a décidé de se tourner vers les archives de la médecine chinoise et a effectué des enquêtes auprès de nombreux praticiens à travers le pays. Elle a compilé un recueil présentant plus 640 plantes médicinales dont l'armoise annuelle. Après un millier d'expériences, Mme Tu et son équipe ont réussi à isoler une substance active de l'armoise annuelle efficace à 100 % pour enrayer le parasite.

Deux ans après, l'efficacité de cette substance active, baptisée qinghaosu (artémisinine), est confirmée. L'armoise annuelle est une plante herbacée d'un cycle de vie de moins d'un an, elle est commune dans le Nord et dans le Sud de la Chine. La pharmacopée traditionnelle chinoise cite des cas de guérison du paludisme par cette plante qui était aussi couramment utilisée dans les remèdes populaires.

M. Li Guoqiao est un médecin issu d'une famille de praticiens en médecine traditionnelle chinoise. Il a commencé à utiliser l'artémisinine pour traiter le paludisme au Gengma dans la province du Yunnan en 1974. Une nuit d'automne, il a sauvé une femme enceinte atteinte de paludisme cérébral, l'une des formes les plus complexes de paludisme, qui jusque-là n'avait jamais été guérie grâce à ce traitement. En 1981, afin d'approfondir ses études sur l'évolution de ce type de paludisme, le docteur Li s'est injecté lui-même du sang infecté au péril de sa vie et malgré l'opposition de ses collègues. Neuf de ses collègues ont ensuite suivi son exemple et réalisé des expériences sur leur propre corps.

Aujourd'hui l'OMS et l'université d'Oxford s'appuient encore sur les données et les résultats fournis par les expériences du Dr Li et de son équipe dans leurs publications.

En avril 1992, l'équipe de l'Académie des sciences médicales militaires de Chine dirigée par le Pr Zhou Yiqing a mis au point un comprimé antipaludique très efficace, l'artéméther. Ce médicament chinois est le premier composé antipaludéen à base d'artémisinine inventé au monde. Il est depuis protégé par un brevet international. En 2009, ce médicament a reçu le grand prix de l'Inventeur européen dans la catégorie pays non-européen. C'était la première fois qu'une équipe chinoise obtenait une récompense internationale prestigieuse pour l'invention d'un médicament.