

La probabilité d'une croissance à deux chiffres a disparu en Chine, et le risque d'un taux de croissance inférieur à 7% au cours d'un des trimestres de l'année prochaine a considérablement augmenté.
La croissance économique chinoise a ralenti, passant de 9,1% au troisième trimestre de 2011 par rapport au même semestre de l'année précédente à environ 8,2% pour le quatrième trimestre.
La croissance de la production industrielle s'est abaissée, jusqu'à atteindre en novembre le taux le plus bas depuis la première moitié de l'année 2009 ; quant à la croissance de la production d'électricité, elle n'est qu'à un chiffre, pour la première fois cette année.
Il est prévu une baisse de la croissance, en-dessous de 7,5% pour le premier trimestre de 2012 par rapport au même semestre de l'année précédente; ce serait la première fois qu'elle serait en dessous de 8% depuis la mi-2009. La croissance de l'investissement va peut-être ralentir, mais un effondrement est peu probable. Les ratios investissements-PIB sont toujours bas en Chine, avec une capacité non négligeable dans les régions centre et ouest.
Ce qui est inquiétant, c'est qu'environ un quart de la brusque montée des récents investissements a été détourné dans l'immobilier. Depuis 2004, les investissements d'actifs stables dans l'immobilier ont augmenté d'environ 20% par année, conduisant à des prix d'habitations deux fois plus chers dans 35 villes. Puis, d'une façon assez dramatique, l'investissement dans la propriété a atteint un pic en 2010, atteignant 38%. Le gouvernement chinois a mis en place de nombreuses initiatives pour enclencher un ralentissement de la montée des prix et détourner les forces spéculatives de ce secteur. En conséquence, 15 villes sur 37 ont observé en novembre une baisse des prix par rapport à la même période de l'année précédente. À long terme, les prix vont encore baisser, tandis que les promoteurs vont essayer de stimuler les ventes. China Vanke Co. Ltd., le plus grand promoteur immobilier en Chine, a enregistré une chute de 36% de ses ventes en novembre par rapport à novembre 2010, la quatrième plus grande chute consécutive jusqu'à présent cette année.
L'énigme des propriétaires immobiliers
Si on regarde plus loin, davantage de règles strictes ont forcé de nombreux acheteurs immobiliers potentiels à quitter le marché, ce qui modifie la demande, qui est structurellement soutenue par l'urbanisation rapide, la modernisation et la croissance des revenus. La Chine compte environ 225 millions de ménages urbains, mais à peu près 150 millions de maisons. 100 autres millions de personnes vont rejoindre les villes dans les 20 prochaines années. Cependant, toute erreur d'estimation pourrait engendrer des problèmes. De nombreux propriétaires ont investi tout ce qu'ils possédaient dans leur bien immobilier, dont la valeur baisse, surtout dans les immeubles où les promoteurs offrent de très grandes réductions.
Les PME ont le plus été touchées par le resserrement du crédit. Une manière répandue de fonder une petite entreprise en Chine est d'utiliser des économies ou des fonds privés. Alors, lorsque la circulation de l'argent a freiné cette année, notamment à cause de la baisse des exportations et de la hausse des coûts, et que les conditions d'obtention d'un crédit se sont resserrées, faisant parfois disparaître des crédits adéquats, les petites entreprises ont été entraînées vers des sources de crédit non-viables dans le secteur bancaire. On estime que ces deux dernières années, les fonds privés ont représenté au moins 20% des prêts. L'accroissement soudain de non-paiements à Wenzhou (province du Zhejiang, est de la Chine) est juste un début. Le pire est à venir puisque les emprunteurs individuels sont nombreux, traditionnellement, à ne pas rembourser leur prêt avant le Nouvel An chinois. Le Conseil des affaires d'État a déjà annoncé quelques mesures qui devraient consolider les PME.
La Banque populaire de Chine s'est d'ores et déjà engagée à soutenir cette décision, en réduisant les taux de réserves obligatoires. L'inflation a chuté de 6,5% en juillet par rapport à juillet dernier à 4,2% en novembre par rapport à novembre dernier. En réponse, la Banque populaire de Chine annonce une réduction « préventive » du taux de réserves obligatoires de 50 points, soit un taux équivalent à 21%. C'est la première baisse depuis trois ans, qui permet de dégager 380 milliards de yuans (soit 60,3 milliards de dollars) du capital de la banque. En 2012, l'inflation atteindra à peine 4%, entraînant encore des baisses. Le taux de réserves obligatoires chutera à 18,5% d'ici la fin du premier trimestre 2012 et aucune suppression des taux d'intérêts n'est attendue cette année-là. Cependant l'appréciation du yuan se poursuivra, continuant d'augmenter par rapport au dollar (de 6,36 à 6 dollars d'ici fin 2012), renforçant le pouvoir d'achat de la Chine.
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