Grosse capacité : La ville de Huzhou (sud-est de Chine) met en service un poste à extra haute tension d'une capacité de transport trois fois plus importante que les réseaux traditionnels. XU YU

Causes du déficit

Avant 2002, les centrales thermiques de Chine étaient très rentables. À cette époque-là, c'était le gouvernement central qui fixait le prix du charbon et les centrales thermiques pouvaient obtenir autant d'houille que possible. Ce modèle a mis l'industrie houillère en état continu de déficit tandis que le secteur électrique en a considérablement bénéficié.

La situation a changé en 2002 lorsque le gouvernement chinois a commencé à libéraliser graduellement le prix des énergies. Désormais, le prix du charbon s'est envolé avec le développement économique rapide du pays et le cours élevé du charbon sur le marché international. En conséquence, l'industrie houillère chinoise est rapidement sortie de son état de déficit pour devenir de plus en plus profitable.

En même temps, la tarification de l'électricité reste encore contrôlée par le gouvernement, ou précisément la CNDR. Comme la fluctuation du prix de l'électricité ne concerne pas seulement les entreprises et les commerces mais aussi les particuliers, la CNDR se montre très prudente en matière de l'ajustement de ce tarif-là.

Selon les statistiques, de 2008 en octobre 2011, le prix du charbon standard a augmenté en moyenne de 130% tandis que le prix de l'électricité n'a cru que de 37,5%.

En décembre 2004, la CNDR a annoncé, conjointement avec d'autres ministères compétents, un mécanisme de tarification de l'électricité indexée au prix du charbon : dans une durée d'au moins six mois, si le prix moyen du charbon s'élève de 5% ou plus par rapport à la même durée précédente, les tarifs de l'électricité doivent être réajustés à leur tour. Pourtant, cette politique n'a pas été mise en vigueur.

Au cours des six premiers mois de 2011, la CNDR a haussé deux fois les tarifs de l'électricité dans 15 provinces, apaisant temporairement les tensions entre les entreprises houillères et les centrales thermiques. Mais le prix d'électricité reste encore trop bas pour assurer du profit à ces dernières.

Quelle est la solution ?

Selon Wu Zhonghu, vice-directeur du Comité de l'économie des énergies rattaché au Centre de recherches national sur les énergies, pour résoudre le problème de pénurie électrique, l'actualisation du prix de l'électricité n'est qu'un expédient et la véritable solution consiste dans la réforme du mécanisme de tarification.

« Un mécanisme de tarification indépendante doit être pris comme objectif principal de la future réforme du système électrique », a déclaré Shan Baoguo, président de l'Institut des recherches sur les énergies de State Grid, la plus importante société de réseaux de transport électriques de Chine.

À l'heure actuelle, les entreprises de réseaux de transport achètent les énergies électriques aux parcs de production avant de les vendre aux utilisateurs finaux, et leur bénéfice provient principalement de la différence entre le prix d'achat et celui de vente. Ainsi, les entreprises de réseaux électriques servant d'intermédiaires, les clients finaux ne peuvent pas rencontrer directement les producteurs et le prix de l'électricité ne peut pas refléter pleinement l'offre et la demande du marché du fait que le coût des transactions est trop élevé. D'après M. Shan, pour remédier à ce problème, il est nécessaire de publier et vérifier le coût de production avant la tarification de l'électricité.

Li Junfeng, vice-directeur de l'Institut des recherches sur les énergies de la CNDR, est d'avis que la réforme de la tarification de l'électricité constitue une partie importante de toute la réforme du système énergétique du pays. D'après lui, la réforme doit avoir pour objectif de déterminer le prix de l'électricité par le marché et à cet effet, il faut que tous les quatre maillons du système électrique, à savoir la production, le transport, la distribution et la consommation, participent à la tarification de l'électricité.

M. Li a proposé des mesures de réforme dans trois domaines. En premier lieu, à condition de ne pas élever le prix de vente aux utilisateurs finaux, le gouvernement pourrait augmenter le prix de l'électricité transférée sur les réseaux de transport et compenser les sociétés de réseaux électriques par les subventions d'État. Deuxièmement, le gouvernement doit contrôler la flambée du prix du charbon, tout en prélevant un impôt spécial sur les rendements des entreprises houillères et utilisant les recettes de cet impôt comme les subventions qui seront délivrées aux sociétés de réseaux électriques. En troisième lieu, le gouvernement doit mettre en place la tarification différenciée de l'électricité et promouvoir le développement des réseaux électriques intelligents afin d'améliorer l'efficacité de la production et de la consommation de l'électricité.