L'impact qu'aura le commerce international en yuan sur le monde est devenu un sujet passionnément débattu parmi les économistes, les financiers et les chefs d'entreprise.
Yum Sui Sang, directeur général de l'Union Commercial Bank of Cambodia, a déclaré lors d'une conférence de presse l'an dernier que les banques centrales occidentales recou-raient à l'assouplissement des taux d'intérêts et à des plans de soutien gouvernemental pour résoudre les problèmes fondamentaux de leurs économies, mais que ces mesures n'étaient pas durables. Les pays développés ont l'habitude d'interférer avec le développement des pays en développés. « Je crois qu'il est temps pour la Chine et l'ASEAN de s'unir pour défendre leurs propres intérêts. Le yuan chinois est le meilleur choix comme monnaie intermédiaire dans le commerce. J'espère que la Chine pourrait faciliter un mécanisme commercial en offrant une convertibilité au yuan et en concevant un mécanisme de règlement aisé et simple à mettre en place », a-t-il déclaré.
Les inconvénients du Renminbi
Baosteel, la société métallurgique publique chinoise, a émis 3,6 milliards de yuans (570 millions de dollars) d'obligations libellées en yuans sur le marché de Hong Kong au mois de novembre dernier. Ce geste est considéré comme extrêmement significatif, puisque Baosteel deviendra la première entreprise chinoise, en dehors des banques, à vendre des obligations en RMB à des investisseurs internationaux.
Néanmoins, cela ne change rien au fait que le yuan ne peut pas être utilisé à l'heure actuelle comme monnaie de réserve, et ce pour deux raisons principales. Tout d'abord, le gouvernement central maintient un contrôle des capitaux pour la conversion de sa monnaie. Deuxièmement, la monnaie chinoise n'est pas suffisamment séduisante pour les banques centrales.
Les experts ont noté que pour dépasser ces inconvénients, la Chine devra développer un marché obligataire ouvert et solide. Le pays tient compte de ces critiques et a commencé à mener une campagne pour porter le yuan sur une plateforme internationale.
Une vision mondiale
Le premier centre international pour le commerce en monnaie chinoise se trouve à Londres. Le chancelier de l'Echiquier britannique, George Osbourne, a annoncé cette décision ce mois-ci à Hong Kong, où il a mis la touche finale aux plans dont les banquiers espèrent qu'ils permettront d'inonder le pays avec des milliards de yuans.
« Londres est parfaitement placée pour agir comme la porte d'entrée pour les banques et les investissements asiatiques en Europe. Cette ville est le plus grand centre pour les échanges étrangers et est dans une situation unique pour aider au déve-loppement de ce marché attractif », a défendu Osborne lors de la conférence de presse à Hong Kong.
D'après les fonctionnaires du trésor, le nouveau partenariat avec Hong Kong met Londres dans la position pour devenir le principal centre pour le commerce en monnaie chinoise en dehors de la Chine et de Hong Kong. Avec le relâchement du contrôle de l'État, le yuan est sur le point de devenir une monnaie d'échanges internationaux, permettant à la Chine de consolider son statut de deuxième économie mondiale. Les institutions londoniennes enregistrent déjà 30 % du commerce international en yuan, et ce pourcentage est destiné à augmenter quand cette initiative sera lancée.
En Afrique, où les intérêts chinois ont été solidifiés au cours des dernières décennies, la pression pour faire du yuan une partie intégrale de l'activité financière africaine est de plus en plus importante. En décembre 2010, le Nigeria a décidé d'utiliser le yuan dans une partie de ses réserves de change. En janvier de cette année, le Soudan a demandé à la Chine de commercer en yuan plutôt qu'en dollar dans les échanges commerciaux, qui sont actuellement de l'ordre de 10 milliards de dollars par an, selon le gouverneur de la banque centrale du Soudan, Mohamed Khair al-Zubair. On estime qu'en 2015, 40 % du commerce entre la Chine et l'Afrique sera réalisé en RMB.
« La tendance à utiliser le yuan comme réserve de change a été établie, mais ce n'est que le début. Utiliser le RMB comme monnaie de réserve est une évolution, non une révolution. Il y a déjà plusieurs banques centrales en Afrique qui ont adopté le yuan comme monnaie de réserve, et certaines autres y réfléchissent. Il est tout à fait réaliste que 40 % du commerce bilatéral soit réalisé en RMB en 2015 », estime Stephen Priestly, directeur général et responsable régional en Afrique de la société Standard Chartered's Origination and Client Coverage. |