Avantages
commerciaux
Comme la croissance économique
mondiale ralentit, la Chine fait face à un double défi : la
ré-industrialisation des pays développés, et le transfert de
l'industrie à main-d'œuvre intensive à des pays en développement.
Quels sont les avantages de la Chine, et quelles stratégies
peut-elle adopter pour demeurer compétitive ? Mei
Xinyu, chercheur adjoint à l'Académie de commerce
international et de coopération économique relevant du ministère du
Commerce de Chine, a partagé son point de vue avec Beijing Review.
Voici un extrait de l'entrevue.
En tant que plus grand pays
commercial du monde, plus grand exportateur et deuxième
importateur, la Chine exerce une influence étendue sur le commerce
et l'économie du monde. Les avantages de la Chine résident, bien
sûr, dans sa politique stable de commerce extérieur, mais aussi
dans la force et l'élasticité de son économie largement étendue et
à croissance rapide.
Le premier avantage du pays
vient de la stabilité de sa macro-économie. L'économie chinoise a
réalisé un atterrissage en douceur après une période de croissance
économique extrêmement rapide. Si, en 2011, la Chine a fait face à
la pression sérieuse de l'inflation en même temps qu'à une brève
chute du taux de change de sa devise, son statut financier est le
plus stable des grandes économies du monde et des marchés
émergeants. La Chine fait encore face à des risques liés à ses
plateformes de financement et à son secteur bancaire de prêts non
rentables, mais son avoir global est solide, et son taux
d'inflation demeure inférieur de plusieurs points à celui de l'Inde
et d'autres marchés en développement.
Bien que la pression en faveur
de la dépréciation du CNY continue, le yuan chinois demeure stable
comparé aux monnaies de la plupart des marchés émergeants, dont
plusieurs sont actuellement en situation de crise.
Parmi les plus grandes
économies, au cours des neuf premiers mois de 2011, seul le yuan
chinois a gagné plus de 3 % sur le marché de change
inter-banque étranger. Dans les quatre pays suivants, le rouble
russe s'est déprécié de 4,06 %, le réal brésilien a perdu
8,01 % de sa valeur, et la roupie indienne ainsi que le rand
sud-africain se sont dévalués respectivement de 8,5 % et de
15,7 %.
En septembre seulement, le réal
brésilien s'est déprécié de 16 % contre le dollar des
États-Unis. La Banque centrale du Brésil s'est vue obligée
d'annoncer, le 22 septembre, qu'elle vendrait pour la valeur de
2,75 milliards de dollars afin de réagir contre la dépréciation du
réal. Depuis juillet 2011, la roupie indienne a perdu plus de
20 %.
La stabilité de la
macroéconomie de la Chine rend l'industrie du pays plus
compétitive. Les entreprises sont intéressées à investir en Chine
parce qu'elles font face à beaucoup moins de risques en ce qui
concerne leur planification stratégique à long terme.
La dépréciation de la devise de
pays en développement comme le Vietnam et l'Inde est souvent
considérée comme un avantage de leurs industries sur la Chine, mais
la dépréciation elle-même ne rend pas nécessairement l'exportation
d'un pays plus compétitive.
Une dépréciation importante
signifie que l'inflation augmentera en flèche car l'importation
deviendra plus chère. La hausse du coût de l'importation non
seulement déroute les opérations des entreprises, mais réduit aussi
la qualité de vie de la population, ce qui cause des troubles et la
possibilité de grèves.
Comme les entreprises orientées
vers l'exportation des pays en développement reposent souvent
surtout sur le financement en devises étrangères, une sérieuse
dépréciation de la monnaie locale augmente les coûts du financement
local, ce qui nuit à l'équilibre des entreprises et peut même
causer leur faillite. La crise de la dette qui sévissait dans la
plupart des pays en développement dans les années 1980 et les
crises financières et/ou monétaires qui ont frappé les économies
émergeantes dans les années 1990 résultaient en grande partie de la
dépréciation de leur devise et d'une haute inflation.
Par ailleurs, les industries
chinoises ont beaucoup amélioré leur compétitivité et leur statut
dans le marché international. Les entreprises locales ont haussé
leurs technologies, augmenté leur part du marché et commencé à
faire des investissements directs à l'étranger.
On peut considérer le succès de
ces mesures comme une hausse significative du prix de l'exportation
chinoise l'an dernier. Au cours des huit premiers mois de 2011, le
prix moyen des marchandises exportées par la Chine a augmenté de
10,3 %, soit 9,1 points de pourcentage de plus que pendant la
même période de 2010. Le coût des produits traditionnels à haute
valeur de main-d'œuvre a connu des hausses substantielles, ceux des
textiles et vêtements atteignant 24,7 % et des chaussures,
18,5 %.
Toutefois, durant cette
période, malgré les hausses de prix, la part de marché du
« Made in China » n'a pas trop perdu, et le prix de vente
de ces produits dans les marchés étrangers non plus. Cela signifie
que les exportateurs de Chine peuvent maintenant réclamer une plus
large part de la chaîne de valeur mondiale, et indique leur plus
grand compétitivité et rentabilité.
La Chine se déplace peu à peu
au-delà de l'étape où elle se basait seulement sur la compétitivité
de prix, et elle utilise davantage ses ressources humaines,
l'efficacité de ses services publics, ses infrastructures et ses
installations industrielles pour attirer des affaires. Même la
pression de la hausse des prix peut être assimilée à moyen terme
par le transfert industriel régional à l'intérieur de la Chine.
Comme le pays chaîne un développement inégal, les coûts du terrain
et de la main-d'œuvre dans les régions du centre et de l'ouest sont
beaucoup inférieurs à ceux des régions développées de l'est. En
2009, le PIB par habitant de Shanghai était de 78 989 yuans
(12 518,07 USD), tandis que dans la province centrale du
Hubei, il n'était que de 22 677 yuans (3 593,82 USD),
soit 28,7 % du premier. En 2010, le revenu disponible par habitant
urbain à Shanghai était de 31 838,1 yuans (5 045,65 USD),
mais au Hubei, il n'était que de 16 058,4 yuans
(2 544,91), 50,4 % du premier.
De grandes réalisations ont été
accomplies dans le transfert industriel régional à l'intérieur de
la Chine. Depuis 2006, la croissance de l'exportation des régions
centrales et occidentales a été plus haute la moyenne nationale. La
croissance du volume de commerce extérieur de la municipalité de
Chongqing (ouest) a été plus haute que la moyenne nationale depuis
2006. En 2010, le volume de commerce extérieur du pays entier s'est
accru de 24,3 %, et celui de Chongqing a grimpé de
110,4 % en moyenne, dont ses exportations, de 112,5 %.
Comparées à des pays en développement comme le Vietnam et l'Inde,
les régions intérieures de la Chine font face à des désavantages
géographiques, mais la plupart de ces désavantages peuvent être
compensés par leurs infrastructures de transport et l'amélioration
de l'efficacité de leurs procédures de dédouanement.
Que le commerce extérieur de la
Chine continue de croître est une bonne nouvelle autant pour le
système de commerce international que pour les partenaires
commerciaux de la Chine. Même les entreprises en compétition avec
la Chine bénéficieront de cette croissance à la fin. La Chine
seulement contribue pour plus de 10 % au volume de commerce
mondial, et la croissance rapide de son commerce a fourni des
occasions rentables à toutes les économies du monde.
Selon les statistiques émises
par l'Administration générale de la douane de Chine et l'OMC de
2000 à 2008, l'importation mondiale s'est accrue en moyenne de
12 % par année, et le taux moyen de croissance de
l'importation des États-Unis, de l'UE, du Japon, de la Russie, du
Brésil et de l'Inde a été respectivement de 7, 12, 6, 21, 14 et
14 %, mais celui de la Chine, de 22,4 %. En 2009,
l'importation mondiale a perdu 24 %, mais la Chine, seulement
11,2 %. En 2010, l'importation chinoise a grimpé de
38,7 %. Dans les onze premiers mois de 2011, l'importation de
la Chine a augmenté de 26,4 % comparativement à la même
période de l'année précédente, soit 5,3 points de pourcentage de
plus que la croissance de son exportation pour la période
équivalente précédente. Avec l'atterrissage en douceur de
l'économie chinoise et le nouvel effort de la Chine pour grossir le
volume de ses importations de façon à équilibrer sa balance
commerciale extérieure, les pays qui cherchent à étendre leur
exportation vers la Chine connaitront davantage d'occasions en
2012.
Bien que soumis à d'importantes
pressions, le commerce extérieur de la Chine s'est fortement accru
au cours des onze premiers mois de 2011 : le volume total a
atteint 3,31 billions de USD, une hausse de 23,6 % ; les
exportations totales ont été évaluées à 1,72 billion et les
importations à 1,59 billion, une croissance respective de 21,1 et
26,4 % en un an. Le surplus commercial s'est établi à 138,4
milliards. On a toutes les raisons de croire qu'en 2012, le
commerce extérieur de la Chine continuera à augmenter, et bien que
la croissance soit plus lente que durant les années précédentes, la
Chine demeurera le plus grand pays commercial du monde.
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