Il y a toutefois un moyen pour que l'Afrique se vienne en aide à elle-même. Moussa Seck, le Président du Consortium panafricain de l'agrobusiness (PanAAC en anglais) estime que l'Afrique peut tout à fait répondre à ses propres besoins. « Les merveilleuses spécificités de l'Afrique nous donnent un avantage unique s'agissant du potentiel agricole. Notre continent est entièrement compris entre le 40ème parallèle nord et le 40ème parallèle sud. En conséquence, sur une année, nous pouvons potentiellement faire pousser n'importe quelle culture, en alternant la production entre le nord et le sud de l'équateur », nous explique Moussa Seck. D'après le PanAAC, les états-Unis, l'Inde et l'Europe produisent autant de nourriture en deux semaines que l'Afrique en un an, ce qui devrait encourager le continent à palier la situation et à coopérer en tant que continent pour atteindre une balance commerciale plus équilibrée au niveau régional.
L'Afrique comprend des ensemble commerciaux régionaux tels que la Communauté des États sahélo-sahariens (CEN-SAD), le Marché commun de l'Afrique orientale et australe (COMESA), la Communauté d'Afrique de l'Est (EAC), la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (ECOWAS). Néanmoins, la plupart des pays importent des produits de l'extérieur du continent. Le COMESA et l'EAC ont déjà appliqué des règles de suppressions des quotas et des taxes douanières.
Les chercheurs en économie suggèrent que c'est la classe moyenne africaine, en pleine expansion, qui stimulera le commerce régional. Plus les demandes et les besoins de la classe moyenne sont importants, plus les pays africains devront se fournir les uns les autres. De plus, puisque le commerce entre les pays africains concerne des produits manufacturés, coûteux à faire venir depuis le marché mondial, il existe un potentiel important pour le développement des chaînes de production régionales, comme celles d'Asie de l'Est, pour pousser les exportations mondiales de biens manufacturés. Une autre conséquence essentielle qu'aurait un commerce régional en croissance est la création d'emplois sur l'ensemble du continent, ce qui est facteur important pour la stabilité et la croissance, compte tenu de la jeune population africaine en recherche de travail.
Certains signes montrent que l'Afrique est prête à travailler avec elle-même. La zone de libre-échange du Cap au Caire que l'Union africaine a pour ambition de créer en 2017, comprenant 26 pays, 525 millions de personnes et totalisant 1 000 milliards de dollars, présente un meilleur futur pour le continent dans son ensemble.
L'auteur est la directrice de la communication de l'EMRC, une organisation de réputation mondiale qui crée des passerelles pour que le secteur privé et le secteur public se rencontrent – www.emrc.be |