Le made in China a la cote
Lei Lei, un Pékinois de 31 ans, vendeur de matériel électronique à Zhongguancun, un quartier de Beijing connu sous le nom de « Silicon Valley » chinoise, a noté des changements de tendance dans la vente de smartphones.
« La première chose qu'il est nécessaire de comprendre est que la culture chinoise repose sur la notion de "face". L'image est essentielle, et quelqu'un qui gagne 2 000 yuans (317 dollars) par mois est prêt à dépenser trois mois de son salaire pour un iPhone 4s dernier cri, dans le seul but de montrer qu'ils ont la capacité financière de se l'offrir, même si ce n'est pas le cas », explique Lei à CHINAFRIQUE.
« Les marques chinoises sont bien meilleures que par le passé. Je vois de plus en plus de monde, chinois comme étrangers, dans mon magasin qui regardent les smartphones chinois. Ils sont de la même qualité, et bien moins chers [que les marques étrangères] », explique Lei.
Ce changement dans les préférences est la force motrice derrière les deux plus importantes entreprises chinoises de téléphonie, Huawei et ZTE. Les analystes ont montré que leur objectif consiste à abandonner la production de téléphones standards pour développer progressivement leurs produits smartphones, puisque ce secteur se renforce et que les marges y sont plus importantes. Les modèles de ces deux entreprises fonctionnent sous le système Android mis au point par Apple, ce qui en fait une menace pour les marques étrangères les plus en vue.
Les deux entreprises ont vendu en tout 35 millions de smartphones en 2011, soit 7 % du marché mondial. Ce chiffre devrait continuer à croître pour atteindre 90 millions en 2012, leur permettant de doubler leur part de marché.
L'appel de l'Afrique
Les entreprises chinoises regardent désormais le potentiel du marché africain, qui a vu les utilisateurs de portables grimper à 500 millions en 2011.
« Le marché africain achetait auparavant les téléphones standards de la marque Mediatek, mais désormais les consommateurs recherchent davantage des smartphones comme sur le marché occidental. ZTE, Huawei et Mediatek ont des opportunités importantes en Afrique car les opérateurs téléphoniques ont besoin de modèles moins chers pour ce marché », explique CK Lu, analyste pour l'instituts de recherche Gartner, dans un récent entretien au Financial Times.
Jean-Luc Witele, un Congolais de 34 ans, est un des hommes d'affaires qui ont compris le besoin de smartphones chinois en Afrique. Après avoir créé un commerce d'exportation de vêtements à Guangzhou, dans la province du Guangdong, en 2004, il s'est diversifié dans l'électronique en 2009, et possède désormais des bases à Guangzhou, Beijing, Yiwu dans la province du Zhejiang, et Kinshasa, sa ville natale.
« Importer des smartphones chinois est devenue l'une de mes plus importantes réussites. En Afrique, les gens ne peuvent pas facilement trouver les marques internationales de smartphones. C'est donc à des Africains comme moi, qui dépendent du commerce entre la Chine et l'Afrique, qu'il revient de donner aux gens ce qu'ils désirent. »
« Des modèles comme le Titan ou le G7010 de Huawei se vendent comme des petits pains chez moi, et ce n'est qu'une question de temps avant que les Africains plébiscitent les smartphones chinois », estime Witele. |