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USINE DU MONDE : Le marché africain du textile a attiré l'attention des investisseurs chinois |
Lors de la 109ème Foire des articles d'exportation de Guangzhou, Mao Zhuren a eu la surprise de voir sa gamme de vêtements susciter l'intérêt marqué des visiteurs africains.
« Ils ont exprimé un vif intérêt pour nos vêtements aux couleurs éclatantes », explique Mao, exposant pour la société de Shanghai Flying Horse Import & Export.
L'expérience de Mao est conforme aux statistiques officielles du comité d'organisation de la Foire de Guangzhou, la foire de l'import-export en Chine, qui montrent que les hommes d'affaires africains sont de plus en plus nombreux à faire des affaires avec la Chine, en particulier dans le secteur du textile et du vêtement. Lors de la 109e Foire de Guangzhou, en 2011, il y avait 21,4 % d'acheteurs sud-africains en plus par rapport à la précédente édition. Dans le secteur du textile et de la confection, le chiffre des exportations réalisées par les exposants chinois lors de la foire était de 90 millions de dollars, soit une augmentation de 2,5 % par rapport à l'année précédente.
Yao Qiao'e, le directeur du commerce extérieur de l'entreprise Carolin Garments de Quanzhou, dans la province côtière du Fujian, était aussi très satisfait.
« Nous avons des raisons d'être optimistes pour la croissance du marché africain, car il est facile de travailler avec nos clients africains », explique-t-il. « Plus important encore, ils accordent du crédit à nos marques. »
L'Afrique, avec son économie dynamique et son potentiel de croissance, attire l'attention des entreprises textiles chinoises. De plus, avec son coton de bonne qualité, ses bas coûts de main d'œuvre, ses vastes terres et les mesures favorables prises par les gouvernements africains pour soutenir l'industrie textile, de plus en plus d'entreprises chinoises sont incitées à investir en Afrique.
Les avantages de l'Afrique
Les analystes estiment que l'augmentation criante du prix du coton en Chine, combinée avec des coûts en hausse et la réévaluation du yuan, mettent la pression sur l'industrie du textile et de la confection.
Parallèlement, l'Afrique a nettement augmenté sa production de coton. Au Mali, l'un des premiers producteurs du continent, la production est passée de 103 000 tonnes en 2010-2011 à 171 000 tonnes en 2011-2012. La production de l'Afrique francophone devrait connaître une augmentation de 25 % en 2013 et passer à 619 000 tonnes, d'après les chiffres du Comité consultatif international du coton.
Le vaste marché et les ressources abondantes de l'Afrique en font une cible de choix pour l'industrie textile. Meles Zenawi, Premier ministre éthiopien, a inauguré l'exposition textile « Origin Africa – Ethiopia 2012 ». À cette occasion, il a déclaré que, grâce à la disponibilité des matières premières et à la main d'œuvre bon marché, le continent attirait les investissements dans le secteur du textile et du vêtement.
Yao est du même avis, et ajoute que sa société considère que l'Afrique représente un énorme potentiel en raison de ses faibles coûts de main-d'œuvre.
Le coût du travail est monté en flèche ces dernières années en Chine, malgré un ralentissement de l'économie en général. Les données officielles montrent qu'en 2011, les coûts de la main d'œuvre ont augmenté de 10 à 30 % dans les usines de vêtements de Quanzhou, dans la province du Fujian.
« Nos produits sont entrés sur le marché ouest-africain, et nous envisageons d'y créer des usines », nous confie Yao.
La société Yuemei, de la province du Zhejiang, est un bon exemple d'entreprise chinoise investissant le marché africain. Le groupe Yuemei, spécialisé dans la fabrication textile, possède des usines de vêtements et des agences commerciales dans de nombreux pays africains, notamment le Nigeria, le Mali, le Cameroun et le Sénégal. Au Nigeria, Yuemei, a construit le premier parc industriel textile chinois, destiné à attirer les entreprises textiles chinoises.
Le Nigeria, premier pays africain par sa population, est un marché immense pour le textile, mais son industrie textile est le point faible de son économie, car le pays importe 80 % des ses produits textiles. En 2007, la société a investi plus de 50 millions de dollars pour construire le parc industriel textile Yuemei, destiné à aider les entreprises textiles chinoises à faire des affaires à l'étranger.
Son président Xu Zhiming nous explique que Yuemei a peu à peu créé une chaîne de production complète dans ce parc industriel, comprenant filage, tissage, broderie, tricotage et fabrication de vêtements.
Yuemei stimule également le développement de l'industrie locale. Pendant la saison de pointe, l'entreprise a sous-traité la production aux agriculteurs locaux, ce qui leur a permis d'acheter plus de 4000 machines de tissage et de gagner un revenu supplémentaire annuel de 40 millions de yuans (6,3 millions de dollars).
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