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USINE DU MONDE : Le marché africain du textile a attiré l'attention des investisseurs chinois |
Risques et opportunités
Connaissant le rôle économique important que secteur du textile et de l'habillement joue sur le continent, l'Union douanière d'Afrique australe (Southern African Custom Union (SACU) en anglais) et le Botswana sont en train de mettre au point des mesures de développement industriel pour attirer et encourager l'investissement étranger en Afrique. En termes de politiques de développement industriel, le secteur du textile et de l'habillement ont été reconnus comme les secteurs prioritaires par les pays membres de la SACU, à savoir le Lesotho, le Swaziland, le Botswana, la Namibie et l'Afrique du Sud.
Outre la SACU, les communautés africaines, notamment la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest, la Communauté de développement de l'Afrique australe, la Communauté d'Afrique de l'Est, permettent aux entreprises chinoises de bénéficier non seulement des opportunités de coopération entre leurs membres, mais également du même traitement d'un pays à l'autre. Les exportations et importations entre les pays membres bénéficient de tarifs douaniers préférentiels, ce qui aident les entreprises qui se développent en Afrique. « En entrant sur le marché [d'un des pays membres de la communauté], nous pouvons facilement entrer sur les autres marchés », explique Yao.
En décembre dernier, la Chine a signé un accord avec quatre des plus grands pays producteurs africains de coton, le Bénin, le Burkina Faso, le Tchad et le Mali, pour renforcer la coopération en matière de production cotonnière.
Cette coopération comprendra des transferts de technologies, une assistance technique dans la recherche, l'approvisionnement en semences, machines agricoles, engrais et pesticides, le financement de projet de formation, ainsi que des échanges d'expériences, dans le but d'améliorer la connaissance des entrepreneurs chinois du textile à l'égard de l'Afrique, et pour encourager le secteur textile chinois à investir des capitaux en Afrique.
« À long terme, nous délocaliserons une partie de notre industrie textile en Afrique », a déclaré le ministre chinois du Commerce, Chen Deming, lors de la cérémonie de signature de l'accord, soulignant que certaines délocalisations avaient déjà eu lieu.
Une telle coopération permettra d'augmenter la production cotonnière de l'Afrique. Comme le déclarait Jas Bedi, président de l'Association kenyane des industriels et de la Fédération africaine de l'industrie du coton et du textile, « le Kenya se réjouit de l'investissement des entreprises chinoises du textile ». Il est convaincu que les deux parties pourront créer un marché plus important en profitant de la technologie avancée de la Chine et des mesures préférentielles africaines dans le secteur du textile et du vêtement.
Le potentiel de l'Afrique est hors de doute, malgré un environnement commercial relativement inconnu. Les analystes du secteur suggèrent qu'une analyse attentive des marchés locaux est indispensable pour les entreprises.
« Le développement de l'industrie textile et les besoins locaux diffèrent selon les pays africains », explique Luo Kun, chercheur adjoint de l'Institut de recherches sur le développement Asie-Afrique du Centre de recherches sur le développement du Conseil des affaires d'État, ajoutant que l'investissement réel variera en fonction des conditions locales propres à la région géographique ou au marché. Il suggère de procéder à davantage de coopération technique entre la Chine et les pays africains avec des industries textiles développées, tels que l'Egypte et le Soudan, tandis que les entreprises devraient prendre en considération le coût élevé des investissements et les questions de sécurité lors de l'examen des investissements dans certains pays africains avec un grand potentiel pour l'industrie textile, comme la Tanzanie.
Luo est persuadé que la création de parcs industriels par les entreprises chinoises en Afrique est une tendance irréversible. « Recourir à des parcs industriels et à des zones de libre-échange peut permettre d'éviter une compétition malsaine et un gaspillage de l'investissement et des ressources, de manière à garantir la stabilité du marché. »
Le gouvernement et les associations industrielles doivent également offrir des conseils pour aider les entreprises impliquées dans l'investissement à l'étranger à incorporer les ressources, éviter les risques et établir une situation gagnant-gagnant mutuellement bénéfique pour les deux parties, conclut-il. |