La présence de plus en plus importante des entreprises chinoises dans leur pays a, selon une majorité de Kenyans et de Nigerians, un impact positif sur leur économie.

C'est ce que dévoile un récent sondage effectué par GlobeScan en partenariat avec l'Université du Maryland pour le service Monde de la BBC, qui montre que 75 % des Kenyans ont une image positive de l'influence chinoise.

Ces chiffres sont même plus importants au Nigeria où 89 % des sondés ont le même avis.

L'enquête a été menée auprès de plus de 24 000 personnes dans le monde entier pour leur demander si certains pays, ainsi que l'Union européenne, ont ou non un impact positif sur le monde.

D'après le sondage, le point de vue sur la Chine s'est amélioré dramatiquement au cours des dernières années, à la fois dans le monde en développement et les pays industrialisés. De plus, la Chine dépasse l'UE et les États-Unis en termes en popularité.

La moitié des personnes interrogées en dehors de Chine a déclaré que le pays a eu un effet plutôt positif sur le monde. La majorité des gens qui pensent que la Chine a eu un effet positif mettent en avant son économie, ses produits et ses services.

« C'est l'aide économique chinoise à ces pays et leurs liens économiques plus étroits avec la Chine qui a amélioré sa popularité dans ces pays », explique Su Hao, de l'institut de Diplomatie de Chine, au China Daily.

Selon ce sondage, le classement global, basé sur le pourcentage de personnes ayant manifesté un avis positif sur ces pays, était, par ordre décroissant: le Japon, l'Allemagne, le Canada, la Grande-Bretagne, la Chine, la France, l'Union européenne, les États-Unis, le Brésil, l'Inde, l'Afrique du Sud, la République de Corée, la Russie, Israël, la République populaire démocratique de Corée, le Pakistan et l'Iran.

Tout le monde sait que l'investissement chinois en Afrique a grimpé rapidement ces dernières années. L'usine du monde est désormais le premier partenaire commercial de l'Afrique, dépassant les États-Unis et ses partenaires européens traditionnels. Les liens commerciaux entre les deux régions ont explosé depuis 2000, faisant un bond de 10 milliards de dollars à plus de 100 milliards de dollars au cours de la dernière décennie.

Au Kenya, les entreprises chinoises ont gagné l'admiration profonde du public pour leur efficacité et leur rapidité, qui ont permis à l'économie du pays de décoller.

C'est ce que confirme une enquête de marché conduite par l'entreprise Ipsos Synovate, qui montre que même si les consommateurs plébiscitent les produits fabriqués localement, ils préfèrent les biens achetés en Chine aux produits des fournisseurs britanniques ou américains, qui jusque là dominaient le marché.

Les produits chinois sont visibles quasiment partout dans ce pays d'Afrique de l'Est.

Les intérêts chinois au Kenya ont augmenté formidablement, en particulier dans le secteur de la construction.

La Chine a décroché de nombreux contrats pour la construction de nouveaux bâtiments et hôpitaux, notamment l'hôpital central Mama Lucy Kibaki de Nairobi, d'une capacité de 112 lits.

Les entreprises chinoises ont également construit de nombreuses routes, la plus notable étant l'autoroute Nairobi-Thika à huit voies. Parallèlement, plus de véhicules chinois fréquentent les routes kenyanes.

La Chine a accru sa présence au Kenya depuis 2004, encouragée par la politique du Président kenyan Mwai Kibaki privilégiant les investissements et l'aide venus de l'Est, au moment où les partenaires traditionnels comme l'Europe et les États-Unis se faisaient moins généreux.

 Cette stratégie a permis d'ouvrir les portes aux entreprises chinoises, dans des domaines aussi variés que la prospection pétrolière, l'industrie minière, les infrastructures ou la fabrication.

« De nombreux Chinois sont venus au Kenya et ont constaté le bon travail qu'ils avaient effectué pour notre pays. Nous les appelons encore plus à venir et à poursuivre leurs intérêts ici », s'est exclamé le Président Kibaki lors du lancement de la construction d'un chemin de fer qui dessert la partie sud de Nairobi.

D'après Solange Guo Chatelard, une experte des relations sino-africaines, l'intensification des investissements chinois sur le continent a suscité de nombreuses critiques, notamment en Occident, portant sur les mobiles des entreprises chinoises.

Cette dernière a expliqué à la BBC qu'alors que certains avancent que la Chine est le partenaire du 21ème siècle pour le développement et un catalyseur unique pour la croissance, les voix critiques craignent que la Chine ne soit une nouvelle puissance coloniale qui pille les ressources naturelles et aggrave l'inégalité et la corruption sur le continent.

« Ses défenseurs affirment que l'émergence de la Chine a permis d'apporter au continent de l'investissement, du dynamisme et de la confiance envers les marchés locaux, générant d'importants bénéfices pour les économies locales », écrit-elle.

« Les détracteurs, à l'inverse, accusent la Chine de violer les lois locales, d'épuiser les ressources du continent, et de profiter des dirigeants corrompus », poursuit-elle.

Malgré des critiques de plus en plus nombreuses et l'image majoritairement négative entretenue par les médias occidentaux, la réalité sur le terrain révèle que, dans l'ensemble, les gouvernements et les peuples africains font bon accueil aux investissements et aux partenariats avec la Chine.

Chatelard rappelle que la Chine a ouvert de nouvelles voies économiques, diplomatiques et stratégiques pour les Etats africains, mais qu'il revient en dernier lieu aux Africains, qu'ils soient hommes de pouvoir ou simples quidams, de négocier leurs propres conditions, d'identifier leurs priorités et de tirer profit des opportunités pour faire valoir leurs propres intérêts.

                                                       (Reportage réalisé au Kenya)