Dans un monde qui change, les politiques financières africaines changent progressivement elles aussi. Aujourd'hui, les dons de pays donateurs et d'organisations sont importants pour le développement des pays africains, mais, en complément, les populations du continent doivent pouvoir bénéficier d'un accès à des outils financiers cohérents et compréhensibles.
Le système bancaire africain s'est développé rapidement au cours des dix dernières années et la banque en ligne a décollé dans plusieurs régions du continent. Les chiffres parlent d'eux-mêmes : il y a environ 445 millions de micro-, petites et moyennes entreprises (PME) dans le monde en développement, dont 70 % ne recourent pas aux services des institutions financières, d'après la Société financière internationale (International Finance Corporation ou IFC).
Dans le monde entier, le rôle des entreprises relevant de la catégorie des PME ne peut plus être ignoré, ni leur besoin de financement. Parmi les pays développés, moyennement développés et à faibles revenus, l'importance des PME en termes d'emploi est équivalente. En Afrique du Sud, 39 % des PME contribuent à 24 % du PIB. Au Bangladesh, près de 90 % des entreprises rentrent dans cette catégorie. Plus étonnant, au Japon, les PME représentent 70 % des emplois. En Chine, 68 % des exportations sont réalisées par des PME.
Le Forum économique mondial a définit l'importance du secteur financier comme ceci: un secteur financier global et bien développé est comme un bon système de transport. C'est une infrastructure de base dont tout le monde dépend, autant les individus que les gouvernements ou les entreprises de toutes tailles. Ces dernières années, on a prêté d'avantage attention aux besoins d'un secteur financier global, dont les avantages sont mieux compris, parce que des solutions innovantes sont venues à bout de barrières existant depuis longtemps. Les bons produits doivent être livrés aux bons endroits et aux prix corrects. Les conditions de crédit d'un agriculteur rural diffèrent de celles d'un commerçant urbain. Un produit d'épargne est parfois plus indiqué qu'un produit de crédit. Il arrive qu'un plan d'engagement d'épargne se révèle avoir plus d'impact qu'un produit d'épargne classique.
Pourtant, même si la finance reste un pilier pour le développement et la croissance, près de 90 % des adultes dans l'Afrique sub-saharienne n'ont pas de compte en banque et sont généralement exclus des banques, d'après OikoCredit.
Cependant, la bonne nouvelle, c'est que près de 23 000 institutions de microfinance, y compris les coopératives de crédit, offrent des services de microcrédit et que la plupart de ces établissements offrent aux pauvres gens une possibilité de faire des économies. Une des banques les plus fiables du monde, qui a gardé son triple A tout au long de la crise économique mondiale, estime que ces mêmes personnes sont la clé pour les institutions financières. Prenant le principe coopératif comme point de départ, Rabobank met l'intérêt commun des personnes et des communautés en premier. L'orientation clé des coopératives est de créer de la valeur pour les clients et non pas de maximiser la rentabilité. Ils aspirent à «construire», et ne visent pas seulement à la réalisation des objectifs financiers.
Selon Rabobank, cette démocratie économique et sociale est le fondement de la banque coopérative en Europe. « C'est une méthode éprouvée, modèle de réussite commerciale qui est à la fois économiquement et financièrement efficace et contribue à la cohésion sociale », explique Berry Marttin, membre du Conseil exécutif, responsable de la division internationale du monde rural et du commerce de détail chez Rabobank International. Les coopératives sont le moteur derrière les développements importants des économies locales et des communautés. Ainsi, elles peuvent être une source d'inspiration.
Il existe de nombreuses initiatives dans toute l'Afrique pour fournir des outils qui fonctionnent réellement pour les personnes vivant et faisant des affaires dans les régions éloignées. Un exemple est la coopérative kenyane de crédit et d'épargne des enseignants (SACCO), qui a été pris en charge par Oikocredit. Grâce à leur téléphone portable, ses membres peuvent maintenant recevoir des informations sur la santé et effectuer des transactions bancaires rapidement et en toute sécurité. Ce projet bancaire entre Oikocredit et son partenaire, la SACCO, a abouti à des améliorations vitales dans les services financiers et l'accès à l'information pour les personnes vivant dans un district éloigné dans du nord du Kenya.
Ces initiatives sont vitales mais il faut s'assurer que le secteur financier s'implique, de haut en bas, pour fournir des outils financiers réels adaptés aux besoins réels et fournissant des taux d'intérêt « adaptés » et un accès facilité.
L'auteur est responsable de la communication chez EMRC, une organisation de réputation internationale qui offre une plateforme où le secteur privé et le secteur public se rencontrent pour discuter des opportunités de partenariat - www.emrc.be |