D'un petit village au cœur de l'Afrique de l'Est à la consécration dans la bouillonnante Johannesburg, tel est l'histoire à succès d'Everlyne Cherobon, à la tête d'Emeden Kenya, une organisation qui améliore les conditions de vie des petits exploitants agricoles. En 2011, elle a été récompensée par le Prix EMRC-Rabobank pépinière de projets, et a reçu la somme de 15 000 dollars lors du Forum Agribusiness de Johanneburg organisé par EMRC et le PNUD pour le commerce agricole durable et innovant.
Plus connues pour leurs coureurs de longues distances que pour son agriculture, les terres arides du Kenya sont considérées par Cherobon comme détenant la clé de son succès futur et de sa communauté. « La plupart des parents éduquent leurs enfants dans le seul but de leur trouver un emploi de col blanc. Très rares sont ceux qui conseillent à leurs enfants d'aller à l'école et d'aider à créer des emplois par eux-mêmes. En Afrique, plus de 80 % de la population vit dans les zones rurales et la plupart des économies africaines dépendent de l'agriculture. Cela signifie que notre seul objectif doit être mis sur le développement de cette force clé. Mon conseil à tous les entrepreneurs en herbe est de regarder vers les zones rurales de l'Afrique, d'en percevoir les possibilités et de développer des systèmes d'exploitation. Il y a beaucoup de trésors inexploités dans l'Afrique rurale. »
Cherobon n'est pas la seule à voir la campagne comme une occasion en or pour créer des entreprises durables. Suzanne Marie Belemtougri, originaire du Burkina Faso, a étudié les sciences vétérinaires à l'université et a commencé à travailler pour une entreprise privée. Elle a alors décidé de créer sa propre entreprise, dans l'élevage de pintade. Sa vision et son dynamisme lui ont permis de faire croître son entreprise et d'être reconnue internationalement.
« J'ai commencé avec un rêve et il est devenu une réalité. J'élève des pintades et d'ici 2012 je veux installer l'infrastructure et l'équipement pour faire passer la production de 102 400 à 150 000 spécimens. Pour mon plan quinquennal, j'envisage d'augmenter l'infrastructure et l'équipement et de me concentrer sur l'objectif de 409 600 volailles par an. Mon ambition est d'offrir également 120 000 pintades à 2 000 agriculteurs et 2 000 pintades femelles à 20 jeunes. Mon but est de créer 57 à 67 emplois au cours des cinq prochaines années. L'objectif global est de garantir un marché intérieur et extérieur pour la pintade du Burkina. »
Ce ne sont que deux femmes qui avaient un projet et ont travaillé dur, ce qui leur a permis de poser des jalons pour les hommes d'affaires africains et en particulier les femmes. Ce que leurs histoires illustrent, c'est le fait que des milliers sinon des millions de gens comme eux à travers l'Afrique réalisent et réaliseront de grands rêves en commençant par des débuts modestes.
D'après VC4Africa, une tribune pour les entrepreneurs de l'ensemble du continent, en considérant que 4 % de la population se consacre aux affaires (selon la définition d'Andrew Mwenda, de The Independent), une estimation prudente pour un pays comme l'Ouganda, il y a déjà potentiellement 384 000 entrepreneurs, soit potentiellement 384 000 entreprises créant des emplois, offrant des services et payant des impôts. Si 16 % de la population s'inspire de ce modèle, il y a potentiellement 1,5 millions de personnes prêtes à imiter les entrepreneurs.
« Toutefois, la diligence raisonnable est l'un des facteurs limitatifs pour ceux qui sont prêts à investir en Afrique. Il en coûte tout simplement trop pour trouver des entrepreneurs authentiques avec une idée et un plan solides. Interrogez simplement quelqu'un avec un fond de PME (petites et moyennes entreprises) et il vous dira combien il est difficile de trouver le flux des propositions d'investissement », explique Ben White, fondateur de VC4Africa. En conséquence, la plupart des fonds existants recherchent des transactions plus importantes et de meilleures marges. Dans le même temps, le micro-crédit est limité dans sa capacité à soutenir les entreprises à forte croissance au-delà de l'entreprise de subsistance et laisse la plupart des entrepreneurs à fort potentiel sur la ligne de touche.
Mais les réussites réelles de Suzanne et Everlyne sont essentielles pour convaincre que le succès est possible. C'est exactement ce que Maria Odido pensait quand elle a décidé de se lancer dans l'industrie du miel en Ouganda. « Bee Natural Ouganda a été créé en 2008, après que ma première société Bee Natural Products a été mise sous séquestre. La vision reste la même que la première société: travailler avec les producteurs ruraux afin qu'ensemble nous produisions un produit de niveau international et une marque qui représente les zones rurales dont nous sommes fiers », explique Odido.
Alors, quelle est la clé pour créer un projet d'entreprise durable en Afrique ? Odido a une réponse claire à cette question : « Je suis un investisseur local. Pour cette raison, un projet d'entreprise durable est pour moi une grande importance. Nous comprenons mieux nos collectivités, nous sommes en contact avec leurs réalités et nous sommes capables de comprendre leurs complexités. Dans la compréhension d'une communauté, il est plus facile de travailler avec elle pour obtenir le succès, non seulement pour la communauté mais aussi pour la société dans son ensemble, et à plus long terme une croissance durable de nos économies en Afrique. »
L'auteur est responsable de la communication chez EMRC, une organisation de réputation internationale qui offre une plateforme où le secteur privé et le secteur public se rencontrent pour discuter des opportunités de partenariat - www.emrc.be