Une lutte où tout le monde est perdant
Qui sait si le rapport publié par le Congrès américain ne va pas provoquer une guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis dans le domaine des télécommunications ?
En 2011, les États-Unis ont privé Huawei de 1,3 milliards de dollars, soit 4 % de ses bénéfices, et ZTE de 30 millions de dollars. Huawei se place seulement en second derrière Ericsonn dans la fabrication de routeurs, de commutateurs et d'autres équipements de télécommunication, tandis que ZTE occupe la cinquième place. En comparaison, Cisco réalise 16 % de ses bénéfices dans la zone Pacifique et en Chine, et pour Cisco, la Chine est le deuxième marché de la région en termes de vitesse de développement, après le Japon. Actuellement, le marché chinois représente 30 % des gains totaux de Cisco, contre 45 % pour le marché américain. Si une guerre commerciale éclate, Cisco aura plus à y perdre que Huawei.
Le principal souci de Huawei et ZTE n'est pas de perdre le marché américain mais que les alliés des États-Unis leur emboîtent le pas.
Le Canada et le Royaume-Uni ont annoncé le 12 octobre qu'ils allaient mener des enquêtes sur les produits de télécommunication fabriqués par les deux entreprises. Avec la présence de Huawei dans des pays alliés des États-Unis comme le Canada, le Royaume-Uni, l'Allemagne, la France et l'Australie, un effet d'entraînement pourrait avoir un impact dévastateur sur la firme.
Basée à Shenzhen, Huawei est une entreprise privée. À ses débuts, Huawei a fait appel à IBM pour construire ses principales branches d'exploitation, comme la R&D, la conception de produit, la chaîne logistique et la gestion financière, tâche pour laquelle IBM a envoyé près de 200 consultants. Le succès de Huawei repose de manière importante sur sa coopération avec IBM.
Le 9 octobre, le ministère chinois des Affaires étrangères a rendu publique la création d'un département d'économie internationale, dont la fonction principale est de résoudre les nouvelles disputes économiques liées à des questions complexes de politique, ce qui devrait donner un coup de pouce à Huawei et ZTE.
Des faits à prendre en considération
Chen Yongdong, professeur agrégé et chercheur indépendant en gestion de l'information, e-commerce et nouveaux médias, indique que comme le gouvernement américain soupçonne son homologue chinois de peser sur Huawei et ZTE, leurs activités commerciales normales font l'objet d'une surveillance de tous les instants.
Quoi qu'il en soit, les accusations de « menaces à la sécurité » dont le gouvernement américain s'est fait l'écho, pourraient se traduire par des pertes de profit d'opportunités d'affaires.
Chen estime que le gouvernement chinois devrait méditer sur le cas de Huawei. La Chine est le marché des télécommunications le plus ouvert du monde. Le protectionnisme y est presque totalement absent, et les entreprises de télécommunications viennent y faire des affaires et certaines y remportent de beaux succès. La Chine traite les entreprises de différents pays sans aucune discrimination.
Contrairement aux entreprises chinoises qui luttent sur le marché américain, les entreprises américaines, comme Cisco, se développent sans incident en Chine. Cisco, Intel Microsoft, Motorola, IBM, HP et Apple se partagent une grande partie du marché chinois. Les équipements fabriqués par Cisco sont utilisés par les ménages et par le gouvernement dans des secteurs de l'éducation et du commerce. Mais au États-Unis, les appareils chinois seront probablement interdits d'utilisation pour le gouvernement.
Si la Chine agissait de même avec les entreprises américaines, il serait impossible à Cisco de pénétrer sur le marché chinois des équipements de télécommunications. Il convient de se demander pourquoi les États-Unis, qui sont si prompts à chanter les louanges du libre marché mondial, se comportent d'une telle manière avec les entreprises chinoises.
« Quand nous nous ouvrons à des pays nourrissant des arrière-pensées et que notre générosité est payée par la suspicion et l'obstruction, devons-nous également renforcer notre vigilance en matière de sécurité nationale », demande Chen ? |