au ralentissement de la croissance ainsi qu'à la hausse des coûts de revient à moyen et à long terme, l'économie chinoise se trouve maintenant dans un carrefour : une transformation est inévitable, mais il faut d'abord déterminer la direction et la voie à suivre.
C'est l'avis général que la Chine doit changer son mode de développement s'appuyant principalement sur la demande extérieure pour avoir recours davantage à la demande intérieure, notamment à la consommation. Lors du 18ème Congrès national du PCC, la Chine s'est donnée pour objectif de doubler le revenu des habitants d'ici 2020, ce qui signifie 64 000 milliards de yuans (10 200 milliards de dollars) de pouvoir d'achat à libérer.
Les chiffres ont montré qu'en 2010, la Chine occupait la deuxième place mondiale en termes d'importations. On estime que la croissance moyenne annuelle de ses importations entre 2011 et 2015 pourrait atteindre 27%, soit environ 5% de plus que la croissance des exportations sur la même période. Dans les cinq années à venir, les importations chinoises en marchandises vont dépasser 10 000 milliards de dollars, une immense opportunité pour les capitaux étrangers.
En effet, le retour du secteur manufacturier vers les États-Unis et d'autres pays développés visent pour la plupart la Chine et d'autres marchés émergents, et c'est la raison pour laquelle ils se sont lancés dans une nouvelle vague de création de centres de R&D dans la partie continentale de la Chine. Selon les statistiques du ministère chinois du Commerce, plus de 480 des 500 plus grandes entreprises du monde se sont implantées en Chine, qui compte à l'heure présente près de 1 000 centres de R&D créés par des entreprises transnationales.
Il est prouvé que le développement reposant uniquement sur la demande n'est pas durable, et « la demande chinoise » doit avoir derrière elle le soutien fort de la « fabrication chinoise ». Aujourd'hui, la Chine est devenue le premier pays manufacturier du monde, représentant 19,8 % de la valeur mondiale du secteur. Néanmoins, ses investissements en R&D dans cette industrie n'occupent que moins de 3 % du total du monde entier. De ce point de vue, la Chine a encore un long chemin à faire en termes de niveau technologique et de capacité d'innovation dans la production industrielle.
D'autre part, la supériorité chinoise, caractérisée par le coût de revient très bas, aura tendance à disparaître graduellement dans les dix prochaines années. L'inversion entre l'offre et la demande de main d'œuvre va entraîner de nouvelles augmentations salariales.
À l'heure présente, la délocalisation des usines à forte densité de main d'œuvre vers la Chine ralentit, tandis que le Viêt-Nam, l'Inde, le Mexique, l'Europe de l'Est ainsi que d'autres pays et régions émergents qui ont un prix de revient plus bas que la Chine, deviennent de nouvelles destinations de ce déplacement industriel à l'échelle mondiale.
Pour la Chine, le grand potentiel de consommation constitue bien sûr un nouveau moteur de croissance, mais le renouvellement des technologies et des produits à travers l'augmentation des investissements en R&D est la voie à adopter pour la transformation économique du pays, car seule la combinaison entre la « demande chinoise » et la « fabrication chinoise » peut devenir le nouvel avantage comparatif du pays, et la clé de la croissance durable dans les dix années à venir.
(L'auteur est chercheuse adjointe au département des prévisions du Centre d'Informations d'État) |