Les téléphones mobiles sont maintenant utilisés par la majeure partie des populations dans la plupart des pays. En Afrique, les téléphones mobiles jouent aujourd'hui un rôle énorme dans un secteur très important: la banque.
Les services bancaires sur mobiles, désignés par l'appellation M-Banking, sont devenus indispensables pour les Africains, pour trois raisons principales. Tout d'abord, les téléphones mobiles ont pris d'assaut le continent au cours des dix dernières années. Selon la Banque africaine de développement, il y avait en 1998 moins de 2 millions d'utilisateurs de téléphones mobiles en Afrique. Ce nombre est passé à plus de 400 millions en 2009. En 2012, le nombre d'utilisateurs de téléphones mobiles en Afrique sub-saharienne est monté à 475 millions, contre seulement 12,3 millions de téléphones fixes, ce qui représente la plus forte proportion dans le monde de téléphones mobiles comparé aux nombres de lignes fixes.
Deuxièmement, une grande partie de l'Afrique subsaharienne n'a pas encore été intégrée dans un système bancaire traditionnel. Le rapport 2009 de la Banque mondiale a établi que près de 70 % des Africains n'ont pas accès aux banques, et la First National Bank d'Afrique du Sud (FNB) estime que plus de 13 millions de personnes sur les 50 millions de citoyens d'Afrique du Sud n'ont pas recours aux services bancaires.
Troisièmement, l'Afrique subsaharienne est principalement composée de communautés rurales où les services bancaires de base sont inexistants. L'accès à des millions de nouveaux clients a été rendu possible par l'introduction des téléphones mobiles dans les communautés et les ménages.
Cette transformation est visible au Kenya, qui a ouvert la voie au secteur bancaire par le biais du « Kenya M-PESA ». Lancé en 2007, le service compte aujourd'hui plus de 14 millions de clients (plus de 70 % de la population adulte du pays) et est largement considéré comme le modèle bancaire le plus abouti en Afrique. M-PESA traite plus de transactions au niveau national au Kenya que Western Union au niveau mondial. Ce phénomène est également présent dans d'autres pays. Selon les estimations de la FNB, les abonnés de téléphonie mobile au Botswana, en Namibie, en Afrique du Sud et en Zambie réalisent un total de 1,2 million de transactions bancaires mobiles par mois, pour un montant total estimé à 14 millions de dollars.
La banque mobile offre des solutions financières à des millions de familles et de communautés dans les zones rurales. C'est un moyen facile de transférer de l'argent, surtout pour les familles qui dépendent des revenus des parents qui travaillent dans les zones urbaines ou à l'étranger. C'est également un moyen sûr d'effectuer des transferts. Auparavant, l'argent était déplacé sur de longues distances par des personnes en transports en commun, au risque de se faire voler. Aujourd'hui, les familles rurales peuvent récupérer de l'argent dans des points de retrait en toute facilité.
Les services bancaires sur mobiles permettent aux banques et aux clients de gérer des sommes petites. Auparavant, souscrire un petit prêt ou transférer une petite somme d'argent s'effectuait via des canaux non officiels, au risque de passer par des usuriers à des taux d'intérêt.
(L'auteur est responsable de la communication d'EMRC - une organisation de renommée internationale offrant une plate-forme pour les échanges entre le secteur public et privé de l'Afrique et les possibilités de partenariat - www.emrc.be) |