VC4Africa est la plus grande communauté en ligne d'investisseurs et d'entrepreneurs engagés sur le continent africain. Dans l'entretien qui suit, Ben White, fondateur de VC4Africa, partage sa vision de l'entreprenariat en Afrique et examine les défis auxquels y font face les petites et moyennes entreprises (PME).
Comment imaginez-vous le succès en ligne dans un continent qui doit encore développer l'accès à Internet si ce n'est même à l'électricité de base ?
Le taux de pénétration d'Internet et des mobiles augmente rapidement en Afrique. Près de 1 milliard de personnes vivent sur le continent et, selon l'Union internationale des télécommunications, 9,6 % de la population a déjà accès à Internet. Dans certains pays, le taux de pénétration augmente de 100 %, voire 1000 % par an. Ce n'est qu'une question de temps avant que la majorité de la population africaine n'ait accès à Internet via un PC ou un téléphone mobile.
Si 4 % de la population africaine a l'esprit d'entreprise, cela fait déjà 384 000 entrepreneurs potentiels que nous voudrions recruter dans notre réseau. C'est 384 000 entreprises potentielles qui pourraient fournir des emplois, offrir de précieux services et payer des impôts. Si 16 % de la population suit la tendance, nous avons alors près de 1,5 million de personnes avec qui nous souhaiterions nous connecter. Notre public cible compte 1,9 million d'entrepreneurs qui se battent pour créer des entreprises prospères à travers le continent.
Combien de personnes touchez-vous?
VC4Africa compte des membres dans 159 pays, et plus de 400 entrepreneurs de plus de 30 pays africains ont enregistré leurs activités en ligne. Les membres de VC4Africa se rencontrent également hors connexion aux réunions VC4Africa. Il s'agit de réunions informelles de réseautage qui ont lieu dans plus de 35 villes à travers le monde.
Dans quelle région d'Afrique avez-vous vu le plus d'activités ?
En Afrique du Sud, en Afrique de l'Est (Kenya, Ouganda, Rwanda et Tanzanie), au Nigeria, au Ghana et au Cameroun, comme vous pouvez vous en douter. Mais nous voyons aussi des entrepreneurs se connecter au Mozambique, en Somalie, en Ethiopie, au Sud-Soudan, etc. Nous sommes convaincus que nous assistons à un raz de marée qui déferlera sur le continent.
Les entreprises de VC4Africa sont à leurs débuts et nécessitent des investissements entre 10 000 et 1 million de dollars. Les principaux secteurs comprennent les mobiles, le web, l'énergie et la santé. 30 % des entreprises enregistrées présentent une certaine forme de service public et pourraient être qualifiées d'entreprises sociales. Les entrepreneurs sont libres de s'inscrire de leur propre gré ou dans le cadre de partenariats. VC4Africa organise également une compétition de startups, avec la première compétition en ligne à venir au Cameroun.
Quel est l'état actuel des PME en Afrique ? Quels sont les principaux défis à relever par ce secteur ?
La « due diligence » est l'un des facteurs qui découragent ceux qui souhaitent investir en Afrique. Trouver de véritables entrepreneurs avec une idée d'entreprise solide est simplement trop cher. En conséquence, la plupart des investisseurs recherchent des transactions plus importantes et de meilleures marges. Dans le même temps, le micro-crédit est limité dans sa capacité à soutenir les entreprises à forte croissance et présente peu d'intérêt pour la plupart des entrepreneurs potentiels.
Cette dynamique crée un « chaînon manquant » forçant un grand nombre de PME à fort potentiel à rester des micro-entreprises, lesquelles ont donc un impact limité sur la croissance économique et la création d'emplois.
Il existe un certain nombre de raisons à ce phénomène, mais l'accès limité au financement reste l'un des obstacles les plus importants à la création de PME et à la croissance des micro-entreprises dans les pays en développement. Ce problème est particulièrement grave en Afrique sub-saharienne, où la proportion de petites entreprises est plus forte que dans d'autres régions en développement.
Et surtout, les PME en général ne disparaissent pas parce qu'elles ne sont pas rentables: il semble en effet que le retour sur investissement des PME dans les pays en développement soit très élevé. Il existe en fait des barrières à l'allocation efficace de capitaux pour les PME des pays en développement, ce qui augmente le coût de l'investissement. Ceci tend à exclure les entrepreneurs prometteurs, ou pousse le coût du capital à des niveaux prohibitifs. |