Une autre erreur de Sanusi est de dire que les entreprises chinoises en Afrique utilisent trop de matériel et de main-d'œuvre importée. En ce qui concerne l'équipement, j'invite Sanusi à nous donner des exemples de sociétés américaines, européennes ou japonaises qui utilisent des équipements de pointe fabriqués en Afrique. Si les pays africains proposaient des équipements qui répondent aux spécifications techniques de ces sociétés, concurrentiels en termes de prix, les entreprises étrangères n'importeraient pas leur matériel depuis l'étranger.
Se plaindre que les entreprises chinoises utilisent trop de main-d'œuvre importée est également sans fondement. La Chine n'envoie qu'un petit nombre de travailleurs. Le pays fait face actuellement à une pénurie de main-d'œuvre domestique, et le gouvernement chinois n'a donc aucune raison de favoriser l'exportation de sa main-d'œuvre.
Les capitaux étrangers entraînent souvent l'arrivée de technologies de pointe et un savoir faire, en particulier dans les pays en développement. Les pays africains devraient reconnaître cet avantage, et que les connaissances et les compétences ne peuvent être acquises que par un apprentissage à long terme. Plutôt que de se plaindre que les entreprises chinoises emploient trop de travailleurs chez eux, les pays africains devraient s'efforcer de former leurs travailleurs. Depuis le Sommet de Beijing du Forum sur la coopération Chine-Afrique tenu en 2006, la Chine a considérablement augmenté ses investissements visant à aider les pays africains à développer davantage de ressources humaines.
La Chine comprend la volonté des pays africains de développer leurs propres secteurs manufacturiers et de mettre à niveau leur infrastructure industrielle, et soutient les efforts de l'Afrique dans ce domaine. Elle a mis en place plusieurs zones de coopération économique et commerciales en Afrique. La zone de libre-échange Lekki créé en 2006 à Lagos, au Nigeria en est un parfait exemple.
Cependant, la volonté seule ne suffit pas. Il faut des infrastructures adéquates, des installations de soutien, un environnement politique, des ressources humaines, des services publics et une stabilité macroéconomique pour développer l'industrie. Seuls les pays qui excellent dans ces domaines se démarquent dans l'économie mondiale. La croissance de la Chine d'un pays pauvre à un géant mondial de la fabrication n'est pas passé par la « promotion de politiques prédatrices » comme le prétend Sanusi, mais par le contrôle des déficits budgétaires, la promotion de la stabilité macroéconomique, l'élimination de l'analphabétisme, pour améliorer constamment les infrastructures et instaurer un système complet. La Chine est désormais le seul pays dont l'économie couvre tous les secteurs industriels mentionnés dans la Classification internationale de l'ONU de toutes les activités économiques industrielles.
Avec le développement économique international, les régions centrales et occidentales de la Chine, de l'Asie du Sud-Est, le sous-continent sud-asiatique, en Amérique du Sud et en Afrique seront en concurrence. L'Afrique est-elle prête à relever le défi? Sanusi propose des incitations pour l'industrie manufacturière en Afrique. Cependant, le continent a longtemps été le théâtre de conflits violents et d'instabilité monétaire. Avec autant de problèmes pour les affaires en Afrique, rejeter aveuglément la Chine ne profitera pas au secteur manufacturier en Afrique. Le succès de l'économie de l'Afrique dépend de l'adoption de stratégies pertinentes de développement.
L'argument de Sanusi place également l'Afrique dans une position désavantageuse pour les négociations économiques internationales. Le commerce entre la Chine et l'Afrique a connu une croissance rapide depuis les années 1990, alors que les pays occidentaux ignoraient l'Afrique, et que les pays africains s'inquiétaient pour leur commerce extérieur. La raison pour laquelle le commerce bilatéral entre la Chine et les nations africaines a augmenté si rapidement tient au fait que la Chine ne s'immisce jamais dans les affaires intérieures des pays africains. Si l'Afrique a connu une croissance économique considérable au cours des dernières années, le fondement de son économie reste encore faible.
La Chine est le premier exportateur et le deuxième importateur mondial, et réalise beaucoup d'investissements étrangers directs (IED). Elle est capable et désireuse de partager sa prospérité économique avec ses partenaires commerciaux à travers les importations et les IED, et s'attend naturellement à un traitement équitable en échange de son travail, de ses biens et de ses capitaux. En fait, de plus en plus de pays bénéficient de la coopération commerciale avec la Chine, y compris les pays d'Asie du Sud, le Brésil, l'Angola et le Soudan. Pendant ce temps, les pays développés réduisent les barrières commerciales avec la Chine et acceptent de plus en plus ses investissements.
La Chine valorise ses relations commerciales avec les pays africains. Je crois que le commentaire de Sanusi ne reflète pas l'opinion générale des décideurs politiques nigérians ou celle de la majorité des pays africains. |