
Quand on pense à la Zambie et à ce qu'elle produit, il y a de fortes chances pour que la première chose qui vienne à l'esprit est sa riche industrie d'extraction du cuivre. Pourtant, en termes de contribution au PIB, le secteur agricole est plus important que le secteur minier et offre d'intéressantes possibilités d'investissement.
En 2012, le secteur agricole, de la sylviculture et de la pêche ont contribué pour 18,2 % du PIB de la Zambie, alors que le secteur alimentaire, des boissons et du tabac (considéré comme faisant partie du secteur industriel) représentait 5,3 % supplémentaire. Dans la même période, l'exploitation minière contribuait seulement pour 2,1 % de l'économie de la Zambie. Le secteur agricole est aussi un employeur important dans le pays, fournissant plus de 65 % de tous les emplois et ayant le potentiel d'apporter une contribution majeure à la réduction de la pauvreté dans le pays.
Exploitations agricoles
Afin de diversifier son économie et de réduire la dépendance excessive aux exportations de produits miniers, qui représentent environ les trois quarts des recettes d'exportation du pays, le gouvernement zambien fait des efforts concertés pour promouvoir les investissements dans le secteur agricole. Les cultures de rente telles que le coton, le café, le tabac, la canne à sucre, l'ananas, la noix de cajou, la mangue, les agrumes et les cultures horticoles ont été identifiées comme les cultures prioritaires. Ces cultures présentent aussi un grand potentiel pour de nouveaux investissements ainsi que pour la diversification et l'expansion du secteur agricole de la Zambie et des exportations. Le secteur des biocarburants présente un fort potentiel, compte tenu de la dépendance du pays aux importations de combustibles coûteux.
Au cours des dernières années, les exportations de produits alimentaires de la Zambie vers les pays voisins tels que la République démocratique du Congo (RDC) et le Zimbabwe ont augmenté rapidement. En 2011, par exemple, les exportations de produits alimentaires vers la RDC ont dépassé la barre des 135 millions de dollars, soit une hausse de 42 millions de dollars en 2005, ce qui reflète l'importance du pays en tant qu'exportateur alimentaire régional. Le développement du secteur agricole dans les pays tels que la Zambie, qui figure parmi les quatre premiers pays en Afrique en termes de terres arables disponibles, jouera un rôle fondamental pour assurer la sécurité alimentaire dans la communauté de développement de l'Afrique australe (Southern Africa Development Community SADC) et réduire la facture des importations alimentaires du continent, qui avoisine les 4 milliards de dollars.
Ayant l'intention d'attirer les investissements dans le secteur agricole, le gouvernement a affecté des sites agricoles pour le développement de blocs dits agricoles. Chacun de ces blocs de ferme aura au moins exploitation de 10 000 hectares et un certain nombre de fermes commerciales sur 1 000 à 3 000 hectares. En fournissant des infrastructures clés telles que les routes principales, les ponts, l'électricité, les barrages ainsi que les écoles et centres de santé, le gouvernement vise à créer un environnement favorable et attractif pour les investissements agricoles.

En plus de la production de produits agricoles, l'industrie agro-alimentaire offre aux investisseurs des opportunités d'investissement attrayantes. L'exemple de Zambeef Products, une société agro-alimentaire diversifiée qui est devenue en moins de 20 ans un important conglomérat agricole, avec des revenus annuels de plus de 120 millions de dollars, met en valeur le potentiel de l'industrie agro-alimentaire. Zambeef Products exporte ses produits vers les marchés régionaux comme l'Angola, le Botswana, la RDC, le Malawi, la Namibie, l'Afrique du Sud, la Tanzanie, le Zimbabwe, et plus loin encore en Chine, en Angleterre, en Inde et en Italie.
Un autre exemple de réussite dans le secteur agricole de la Zambie est Zambia Sugar, un des plus importants employeurs du secteur agricole en Zambie. En 2007, la société sud-africaine Illovo Sugar, qui détient une participation de 82 % de Zambia Sugar, a investi 200 millions de dollars dans le projet d'expansion de Nakambala visant à doubler la capacité de production de l'entreprise. Cet investissement a également fait de la Zambie le deuxième plus grand producteur de sucre au sein du groupe Illovo.
Les opportunités agricoles en Zambie ne sont pas passées inaperçues auprès des investisseurs internationaux. Début 2012, par exemple, Zeder Investments, entreprise cotée à la bourse de Johannesburg, a acquis une participation de 96 % de Chayton Africa, une exploitation agricole zambienne, pour 38,2 millions de dollars. La société d'investissement saoudienne Manafea Holdings a annoncé en 2011 un investissement de 125 millions de dollars dans un projet d'ananas en Zambie. En septembre 2012, le singapourien Olam International a acquis le plus grand producteur zambien de café Northern Coffee Corporation pour 6,15 millions de dollars et s'est engagé à investir plus de 40 millions de dollars pour développer entièrement 2 000 hectares de plantation d'arabica dans les cinq prochaines années.
De l'isolement à l'expansion
Afin de débloquer son potentiel économique, la Zambie exige d'importants investissements dans la construction et la maintenance des infrastructures clés. La plupart des infrastructures existantes du pays sont obsolètes et insuffisantes pour répondre aux besoins de son économie en pleine croissance. Par exemple, seulement 9 403 km des 40 265 km du réseau routier est goudronnée. En raison de l'insuffisance des investissements et de l'entretien du réseau ferré national, les vitesses moyennes des locomotives ont chuté de manière significative à une moyenne de 15 km/h.
Afin de s'occuper de la question de l'insuffisance des infrastructures de transport routier et de transformer la Zambie en une économie liée à la terre, le Président Michael Sata a lancé le Link Zambia 8 000 Programme en septembre 2012. On prévoit que ce projet de réhabilitation et de modernisation des routes coûtera plus de 5 milliards de dollars. Il est prévu que 8 200 km de routes seront goudronnées au cours du projet.
En septembre 2012, la Zambie a lancé son premier Euro Bond. Les investisseurs internationaux ont commandé environ 12 milliards de dollars d'obligations zambiennes libellées en dollars, permettant au pays d'augmenter la taille de l'émission de 500 millions de dollars à 750 millions de dollars, tout en abaissant le coût à seulement 5,63 % - une somme inférieure au coût d'emprunt de l'Espagne au moment de la délivrance d'obligations.
Potentiel énergétique
Outre l'infrastructure des transports, l'infrastructure énergétique reste insuffisante et a un impact négatif sur l'expansion des activités économiques. Dotée d'un grand potentiel hydroélectrique, la Zambie pourrait émerger comme fournisseur d'énergie pour la région. L'exemple de la Copperbelt Energy (CCE) révèle le potentiel de participation du secteur privé dans le secteur de l'énergie. Fondée en 1997 et cotée à la Bourse de Lusaka en 2008, la CCE est devenue un acteur majeur dans le secteur de l'énergie de la Zambie et fournit la moitié de l'électricité consommée en Zambie. En mars 2012, la CCE a signé un protocole d'accord avec Africa Finance, basé au Nigeria, dans le but de développer les ressources énergétiques de l'Afrique, ce qui reflète les ambitions de la CCE d'étendre sa présence sur le continent.
La proximité de la Zambie avec un certain nombre d'économies à croissance rapide, comme l'Angola, la RDC et la Tanzanie, lui permet de servir de plate-forme pour accéder à ces marchés. Compte tenu de la volonté du gouvernement de diversifier l'économie et de moderniser l'infrastructure du pays pour faciliter et soutenir la croissance économique ainsi que le commerce, la Zambie présente une gamme de possibilités intéressantes et des incitations à l'investissement pour les investisseurs internationaux intéressés dans l'exploration des possibilités au-delà du secteur minier.
(Simon Schaefer est analyste en chef à Frontier Advisory.) |