Le Premier ministre Li Keqiang, au Davos d'été, le 10 septembre

Une croissance économique de qualité signifie une floraison de produits higt-tech

Dans un bâtiment en forme de vague à Dalian, dans la province du Liaoning, des dirigeants politiques, hommes d'affaires et économistes du monde entier peinent à dresser la liste complète des questions économiques qui inquiètent le public. Parmi les mots qui flottent dans les conversations, la « réforme » revient souvent.

C'était le lieu de la Réunion annuelle des nouveaux champions du Forum économique mondial ou le septième Davos d'été, qui s'est déroulée du 11 au 13 septembre au Centre international des conférences de Dalian. Le Forum était axé sur l'économie chinoise ainsi que sur les mesures futures prises par la nouvelle direction du pays.

« Une nouvelle saison du miracle économique chinois commence, celle de la meilleure qualité et de l'efficacité améliorée », a déclaré le Premier ministre chinois Li Keqiang lors de la cérémonie d'ouverture du Forum le 11 septembre. 

Cinq ans ont passé depuis l'explosion de la crise financière mondiale en septembre 2008. Alors que le monde développé a commencé à montrer des signes de reprise, les pays émergents sont désormais confrontés à la menace d'une croissance ralentie. La croissance du PIB de la Chine est passée de 7,9 % à 7,7 % entre le dernier trimestre de 2012 et le premier semestre de 2013 et a continué à baisser jusqu'à 7,5 % au second semestre. 

« La Chine se dirige rapidement vers une croissance axée sur la qualité. Par le passé, elle dépendait en grande partie d'un modèle à forte intensité de ressources », explique en marge du Forum Martyn Davies, président de Frontier Advisory, une entreprise sud-africaine spécialisée dans la recherche, la stratégie et l'investissement.

Davies estime que le reste du monde, en particulier les pays dépendants des exportations comme l'Australie, le Brésil et l'Afrique du Sud, seront affectés à des degrés divers par le ralentissement de la Chine.

« Le ralentissement actuel s'explique largement par les choix politiques, et ne signifie pas que la Chine est en pleine contraction économique. L'objectif de croissance de 7,5 % semble très raisonnable pour les prochaines années », estime Adam S. Posen, président du Peterson Institute for International Economics.

En effet, depuis qu'il est aux affaires, le Premier ministre Li a insisté sur la nécessité de garantir une croissance stable, d'ajuster la structure de l'économie chinoise et de poursuivre les réformes, plutôt que de poursuivre aveuglément une forte croissance du PIB. « Aussi longtemps que le PIB ne descend pas en-dessous de 7,5 % et que l'index des prix à la consommation ne dépasse pas 3,5 %, la priorité doit être donnée à la poursuite des réformes et à la restructuration de l'économie », a déclaré Yang Shubing, responsable du département de recherche en information au bureau de recherches du Conseil des Affaires d'État, lors d'un briefing à Beijing le 16 septembre.

Pour limiter le choc de la crise financière mondiale, la Chine a dévoilé un plan de stimulation de l'économie de 4 mille milliards de yuans (653 milliards de dollars) en novembre 2008. « Même si ces chiffres semblent impressionnants, la croissance économique à cette époque était qualitativement faible », explique Davies.

« Une politique de stimulation à court terme peut être une manière de stimuler la croissance. Mais après avoir pesé le pour et le contre, cette option ne permettra pas de s'attaquer aux problèmes sous-jacents », a déclaré le Premier ministre Li.

La Chine est à un stade critique de sa transformation et de sa modernisation économiques, a déclaré Li, et les perspectives sont prometteuses. Fan Gang, directeur de l'Institut national de recherche économique de la Fondation pour la réforme en Chine, est du même avis. « Le ralentissement actuel marque l'atterrissage en douceur de l'économie chinoise. En passant par deux ou trois années d'ajustements structurels, les contradictions seront dans l'ensemble éliminées », a déclaré Fan lors du Forum. Il a ajouté que la Chine était capable de maintenir une croissance régulière dans la deuxième moitié de l'année, mais que l'expansion économique à plus de 9 % était impossible. « Un taux de croissance oscillant entre 7 et 8 % est la nouvelle tendance, tandis que le taux de croissance de 9 % implique inflation et bulles d'actifs », a déclaré Fan.

Jusqu'à présent, les tentatives pour tirer l'économie chinoise dans une nouvelle direction semblent marcher. Des rebonds importants ont été notés dans les principaux indicateurs économiques du mois d'août.

Une croissance portée par la consommation

Pendant des années, l'économie chinoise reposait sur les investissements massifs et le commerce extérieur. Aujourd'hui, un tel modèle de croissance n'est plus possible avec l'augmentation des dettes des gouvernements locaux et un environnement extérieur morose pour les exportations. Le plan de relance de 4 mille milliards de yuans, si important pour sortir la Chine de la crise financière mondiale, a conduit à des contradictions structurelles de l'économie, qui ont besoin d'une solution urgente. Comme le Premier ministre Li l'a souligné dans son discours, l'expansion de la consommation intérieure est désormais une priorité quand il s'agit de la restructuration de l'économie chinoise.

Puisque le but ultime de l'expansion économique est d'améliorer la vie du peuple, le principal facteur de la consommation devrait être les personnes, plutôt que le gouvernement. « La croissance économique de la Chine est devenue trop chère. Grâce à de grandes quantités d'entrée de capitaux dans l'économie par le biais des investissements en actifs fixes par le gouvernement, cinq à six dollars de dette sont créés pour chaque dollar de croissance. Cette inefficacité est un problème grave », a déclaré Davies.

La théorie d'Adam Smith selon laquelle la croissance économique d'un pays est étroitement liée à la taille de son marché signifie qu'un plus grand marché permet de répartir plus précisément le travail, donnant naissance à des technologies plus avancées et innovantes. Avec la hausse de la productivité, une plus grande valeur sera générée, qui à son tour va pousser l'expansion du marché, a déclaré Zhang Weiying,professeur d'économie à l'Université de Pékin, lors du Forum.