Un ouvrier qualifié à l'oeuvre
Une série d'indicateurs positifs pour le mois d'août ont été publiés début septembre par le Bureau national des Statistiques (BNS) et l'Administration générale des Douanes (AGD), confirmant une amélioration de la conjoncture chinoise et contredisant ainsi les propos pessimistes à l'égard de son économie.
Baromètre de la conjoncture économique, le marché financier est parmi les premiers à réagir à ce résultat. Depuis septembre, la Bourse de Chine a connu un rebond constant. L'indice composite de la Bourse de Shanghai a augmenté de 3,39 % le jour de la publication des indicateurs. Un phénomène rare au cours des trois dernières années.
Selon Wang Jun, chercheur au Centre international de Chine pour les échanges économiques, les chiffres publiés indiquent une performance économique meilleure que prévue et confirment la tendance à la stabilisation et au redémarrage de l'économie chinoise, favorisant la confiance du marché.
À l'annonce des chiffres officiels, les banques d'investissement, tels que Goldman Sachs, HSBC, Standard Chartered et JP Morgan Chase, ainsi que les institutions de recherche économique ont revu à la hausse leurs prévisions de croissance pour la Chine.
Dans la situation actuelle, il est fort probable que la Chine atteigne son objectif de croissance de 7,5 % fixé pour l'année 2013. Le pays devrait ainsi maintenir une croissance stable de 7 % à 8 % pour une longue durée.
Dissipant les bruits qui courent depuis un an sur le possible scénario de l'« atterrissage dur » de l'économie chinoise, ces indicateurs positifs permettront au gouvernement chinois de concentrer son énergie pour approfondir les réformes. « Nous assistons aujourd'hui à une nouvelle phase du miracle économique chinois, caractérisée par une meilleure qualité et une plus grande efficacité. Nous sommes optimistes pour l'avenir », a déclaré le Premier ministre chinois Li Keqiang, le 11 septembre lors de son discours prononcé à l'occasion du Forum d'été de Davos.
En novembre 2013 se déroulera la troisième session plénière du 18ème Congrès national du PCC. La troisième session plénière est un moment crucial, où la nouvelle équipe dirigeante expose les lignes directrices des politiques et des réformes économiques pour les cinq ou dix années à venir. Les yeux sont d'autant plus rivés vers cet événement que le nouveau gouvernement fait preuve d'une détermination hors du commun dans ses réformes depuis son entrée en fonction.
La réforme du système fiscal et foncier ainsi que du régime d'enregistrement des ménages constitueraient les questions clés à l'ordre du jour de la session. Cette réunion devrait délivrer des messages clairs et des résultats sans précédent.
Reprise résultant des réformes
Au premier semestre 2013, l'économie chinoise a connu un ralentissement de sa croissance. Le pays est entré dans une période difficile d'ajustement et de restructuration, qui pousse le gouvernement à faire évoluer son ancien modèle de développement énergivore et polluant.
Contre toute attente, cette période d'ajustement, prévue pour durer longtemps, semble toucher à son terme au vu des chiffres du mois d'août et sera suivie d'une nouvelle phase de développement sain et durable.
Alors, quelles sont les forces motrices de la reprise économique chinoise ? Une question qui hante les pessimistes à cet égard et ceux qui doutent de sa forte croissance au cours de ces trente dernières années.
La réponse ? Les réformes, comme l'a dit le Premier ministre Li Keqiang le 10 septembre 2013 lors de son entretien avec les représentants des entrepreneurs à l'occasion du Forum d'été de Davos. Il faut donc encourager la vitalité du marché et la force de croissance interne, réajuster la structure économique et améliorer le modèle de développement, tout en veillant à les lier au maintien de la croissance.
Pour réaliser à la fois l'ajustement économique et le maintien de la croissance, le nouveau gouvernement a mis en place une dizaine de dispositions dès son entrée en fonction en mars 2013, y compris la simplification administrative, la libéralisation progressive des taux d'intérêt et de change, l'ouverture des investissements dans le secteur ferroviaire, le soutien financier aux TPE, le développement des industries de protection de l'environnement et d'économies d'énergies, l'instauration d'une zone franche commerciale à Shanghai, etc.
Si l'on en croit les chiffres du mois d'août, ces mesures commencent à porter leurs fruits, donnant un nouvel élan à la stabilisation et à la reprise de l'économie.
Une économie réelle prometteuse
Les chiffres publiés par le BNS indiquent que la production industrielle a enregistré en août une hausse de 10,4 %, dépassant pour la première fois de cette année les 10 %. Selon le rapport publié par la société boursière Guotai Junan, la reprise de la production industrielle est un signe du redémarrage de l'économie réelle. Par rapport à 9,7 % de croissance en juillet, cette hausse de 10,4 % bien plus forte que les prévisions est un rebond remarquable.
D'après le rapport, l'assouplissement des politiques d'investissement du gouvernement central, l'enthousiasme dont font preuve les autorités locales en matière d'investissement ainsi que les belles performances enregistrées dans le domaine de l'import-export et de la consommation générale contribuent tous à réactiver le dynamisme de la production industrielle. Ce dynamisme devrait se poursuivre dans les quatre prochains mois, revitalisant l'économie réelle.
Le marché financier a soutenu l'économie réelle, et continuera de le faire. Au cours des derniers mois, la Banque centrale de Chine a injecté des liquidités via ses opérations sur le marché ouvert, et a émis début septembre 51,5 milliards de yuans d'obligations à trois ans, pour proroger en partie l'échéance des 80 milliards de yuans d'emprunts qui arrivent à terme. Ces injections ont permis la remise en route de l'économie réelle. En parallèle, la Banque centrale veille à rationaliser son soutien financier. Pour le moment, la liquidité du marché est maintenue à un niveau raisonnable dans son ensemble. Ainsi, on n'assistera ni à une pénurie de liquidité comme en juin dernier, ni à un assouplissement de la politique monétaire, du moins pour l'année 2013, malgré les attentes du marché.
Suivant le rapport publié par Li Huiyong, analyste en chef chez Shenwan (société boursière), ces chiffres positifs ont confirmé une amélioration de la conjoncture économique au troisième trimestre par rapport au deuxième trimestre. Ils montrent aussi que la transformation économique de Chine a des conditions préalables à respecter : le maintien de la croissance. Pourtant, la priorité des politiques réside encore dans les ajustements et les restructurations pour promouvoir l'économie réelle et la demande intérieure via des réformes.
Perspectives d'avenir
La politique de stabilisation économique ne tient pas seulement au maintien de la croissance actuelle, mais plutôt à la garantie d'un développement sain et durable.
Hu Chi, chercheur à l'Institut de la Commission de contrôle et d'administration des biens publics, a déclaré que compte tenu de cette tendance à une reprise constante, il est prévu que l'économie chinoise reste stable pour le deuxième semestre de l'année 2013. Mais il souligne également qu'il faut tenir compte des risques potentiels (la dette alarmante des collectivités locales, le fléchissement des investissements dans le secteur manufacturier, les bénéfices en déclin surtout pour des entreprises privées).
Selon Hu, le contrôle macro-économique doit se concentrer sur le maintien d'une croissance économique stable et soutenue et sur l'amélioration constante de la structure économique.
Le rapport publié par la société boursière Guangda montre que les investissements dans le secteur manufacturier et la consommation ont encore un grand rôle à jouer. La croissance accélérée en août en matière d'investissements dans ce secteur est plutôt le résultat des effets de base. Il ne s'agit pas encore d'une tendance. Le volume des ventes au détail des articles de consommation affiche une légère hausse, mais c'est surtout la demande pour des biens de première nécessité tels que l'alimentation et l'énergie qui augmente, au lieu de la consommation générale.
Selon le rapport, si la production industrielle a obtenu des résultats encourageants en août, les investissements dans les infrastructures ont joué un rôle non négligeable. Comme les mesures politiques en leur faveur sont toujours provisoires, il est difficile de compter sur ces investissements seuls pour promouvoir la production industrielle. « À cet égard, nous nous inquiétons un peu de la durabilité de cette tendance à la reprise économique. Celle-ci ne peut être soutenue que si la demande intérieure et extérieure peut prendre le relais des investissements dans les infrastructures », dit le rapport. |