Des agriculteurs cultivent la terre dans le district de Donglan de la région autonome Zhuang du Guangxi. La Chine s'engage à rendre l'agriculture plus rentable et à assurer la dignité de la profession

Les trois piliers du travail rural, soit l'agriculture, les campagnes et les agriculteurs, tiennent d'autant plus d'importance dans l'agenda du gouvernement chinois que la Chine est un grand pays traditionnellement agricole. La nouvelle équipe dirigeante a profité de la Conférence pour manifester sa vision du travail rural en fixant les principaux objectifs à atteindre.

Outre la sécurité de l'approvisionnement en céréales, plusieurs décisions ont été prises en ce qui concerne la position de l'agriculture, la sécurité alimentaire, le système agraire, le développement du milieu rural et l'augmentation du revenu des agriculteurs.

Selon Cheng Guoqiang, chercheur au Centre de recherches du Conseil des affaires d'État sur le développement, la Conférence a exprimé la volonté du gouvernement chinois de promouvoir la production agricole de son propre pays, d'enrichir les agriculteurs et d'embellir les campagnes pour garantir la sécurité des céréales au niveau national, se débarrasser du retard sur le plan agricole et ainsi réaliser un nouveau type de modernisation de l'agriculture à la chinoise.

Priorité du travail rural

L'approvisionnement de plus de 1,3 milliard d'habitants en céréales reste toujours au centre des préoccupations des responsables chinois. La Conférence a donc appelé à poursuivre la stratégie nationale sur la sécurité des céréales qui consiste à compter sur la production agricole intérieure, à assurer la capacité de production, à importer des grains dans une mesure appropriée et à promouvoir le développement des sciences et technologies agricoles. « Il faut que les Chinois prennent en main leurs bols de riz à tout moment », a indiqué une annonce publiée à l'issue de la Conférence.

Selon Dang Guoying, chercheur à l'Institut d'études du développement rural relevant de l'Académie des sciences sociales de Chine (ASSC), bien que la Chine accorde depuis longtemps une grande importance à la sécurité des céréales, celles-ci doivent être davantage sécurisées.

D'après lui, pour le moment, l'approvisionnement chinois en denrées alimentaires est suffisant tant en termes de quantité qu'en matière de variété. Pourtant, le gouvernement doit encore susciter l'enthousiasme chez les agriculteurs spécialisés dans la production céréalière à l'aide de prix garantis élevés. Souffrant de son morcellement et d'une faible productivité, la Chine affiche un coût de production céréalière beaucoup plus élevé qu'aux États-Unis et au Brésil dont l'agriculture est hautement mécanisée. Si la Chine permet l'importation massive des grains bon marché, son approvisionnement en céréales sera vulnérable à la fluctuation des cours internationaux des produits agricoles. Par conséquent, il est extrêmement nécessaire de développer la stratégie nationale sur la sécurité des céréales.

Mais ce n'est jamais facile de « remplir les bols de riz des Chinois de céréales produites à l'intérieur du pays ». En fait, au cours de ces dernières années, on a assisté à une augmentation constante de l'importation chinoise de grains. Dès 2011, la Chine est devenue importateur net de blé, de riz et de maïs. Si elle peut garantir la sécurité absolue de l'approvisionnement en denrées alimentaires, elle s'appuie principalement sur l'importation pour la fourniture de soja.

De crainte que les denrées alimentaires ne connaissent le même sort que le soja, la Conférence a souligné l'objectif d'assurer l'autosuffisance céréalière et la sécurité absolue de l'approvisionnement en denrées. « Cela est considéré comme une ligne rouge infranchissable pour la sécurité des céréales au niveau national », a dit Cheng.

Dans l'esprit de la Conférence, la conservation de 1,8 milliard de mu (120 millions d'hectares) de terres arables reste un objectif central. Alors que certains analystes, qui voient grimper sans cesse les prix immobiliers, proposent de convertir les terres agricoles à des usages urbains pour faire baisser les prix, le gouvernement central ne veut pas résoudre ce problème au prix de la sécurité des céréales.

Tout en assurant la ligne rouge pour les terres arables, la Conférence pense aussi à résoudre le problème de pénurie de la main-d'œuvre agricole. Comme le revenu d'un agriculteur est bien inférieur à celui d'un travailleur migrant, on constate un exode rural, d'où l'existence de terres désertées.

À cette fin, la Conférence a proposé de former une nouvelle équipe professionnelle d'agriculteurs et d'inciter plus de jeunes gens à s'engager dans l'exploitation agricole.

Selon Dang Guoying, conformément au système de responsabilité de la production agricole forfaitaire au niveau des foyers paysans, chaque famille dispose d'une petite parcelle de terres permettant d'avoir de quoi manger, mais qui est loin d'être suffisante pour favoriser le développement d'une agriculture moderne. La Conférence s'est donc engagée à réaliser une économie d'échelle dans le secteur agricole. Au fur et à mesure que certains paysans se convertissent en travailleurs urbains, leur terre pourra être transférée aux nouveaux types de producteurs agricoles, tels que les fermes familiales, les grands producteurs, les coopératives agricoles et les entreprises. Pour le moment, ces derniers restent à l'état d'embryon. Avec plus de soutien politique et de formation, ils se développeront. Dès lors, les agriculteurs pourront mener une belle vie en cultivant les terres et l'exploitation agricole sera ainsi devenue une profession décente.

Il a également été recommandé lors de la Conférence de se reposer sur les sciences et technologies pour promouvoir la production agricole et garantir la sécurité des céréales.