La bande de fluctuation du renminbi par rapport au dollar américain sur le marché de change interbancaire étranger a été élargie de 1 à 2 % le 17 mars, marquant une nouvelle avancée vers la marchéisation du mécanisme de formation du taux de change du renminbi.
Il s'agit du quatrième ajustement depuis que la Banque populaire de Chine (BPC) – la banque centrale – a permis un taux de change flottant en 1994. C'est également le plus radical : la bande de fluctuation du renminbi était passée de 0,3 % en 1994 à 0,5 % en 2007, puis ensuite à 1 % en 2012. Selon la BPC, cette dernière initiative a été prise dans le cadre d'une réforme progressive, et elle prend en considération la capacité d'adaptation de toutes les entités économiques.
L'élargissement de la marge de fluctuation reflète la détermination de la banque centrale à faire avancer la marchéisation de la fixation des prix des facteurs financiers, élément clé de la réforme financière cette année, a déclaré Ding Zhijie, doyen de la Faculté de Banque et Finance à l'Université d'Économie et de Commerce International (UIBE).
M. Ding a expliqué que, depuis juillet 2005, la BPC avait adhéré à un régime de flottement dirigé en référence à un panier de devises basé sur l'offre et la demande du marché. Toutefois, le panier de devises n'a cette fois-ci pas été mentionné dans l'annonce de la banque centrale, indiquant moins d'intervention administrative.
Au cours de la troisième session plénière du 18ème Comité central du Parti communiste chinois de novembre dernier, il a été préconisé que le marché joue un rôle déterminant dans l'allocation des ressources. Étant donné que le taux de change est un élément important sur le marché des facteurs, l'élargissement de la bande de fluctuation permettra d'accroître la flexibilité du taux de change du renminbi, de renforcer l'efficacité de l'allocation des capitaux, de faire jouer pleinement le marché, et d'accélérer la transformation du modèle de développement économique.
Le renminbi devrait certainement s'apprécier après une série de dépréciations, a fait valoir Zong Liang, directeur-adjoint de l'Institut de la finance internationale de la Banque de Chine. Mais l'organisme régulateur doit encourager la population à abandonner l'idée de dévaluation constante, tendance qui porterait indéniablement un coup à la stabilité macroéconomique et financière du pays.
En réponse aux appels en faveur d'une libéralisation complète du renminbi, Lu Zhengwei, un économiste de la Banque industrielle, a estimé que le pays adopterait un tel mécanisme le moment venu. En cas d'assouplissement complet du taux de change du renminbi, le système financier chinois serait lourdement frappé, a-t-il déclaré.
Plus de flexibilité
Suite à la reprise de la réforme sur le taux de change du renminbi en 2005, le yuan est entré dans une tendance d'appréciation unilatérale avant d'emprunter la direction opposée en février 2014. Le 17 mars, jour d'ajustement de la bande de fluctuation, le renminbi a même connu une dépréciation de 279 points de base. Alors que certains ont soupçonné l'ajustement d'avoir entraîné la dévaluation, d'autres ont estimé que les fluctuations marquaient l'arrivée d'une nouvelle ère pour le renminbi, caractérisée par un plus grand espace de flottement et moins d'intervention.
Selon les documents de la BPC, l'élargissement a été conçu pour renforcer la flexibilité des fluctuations à double sens du cours du yuan. Il n'avait pas de lien direct avec les hauts et les bas du taux de change.
La BPC a expliqué que c'était l'offre et la demande de devises étrangères qui exerçaient une influence sur le taux de change du renminbi. Puisque le rapport excédent de compte courant/PIB a chuté à 2,1 % en 2013, beaucoup y voyaient un ralentissement de la tendance du renminbi à s'apprécier. En attendant, les risques financiers sont maîtrisés et les réserves de change suffisantes, une forte dépréciation n'a pas lieu d'être.
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