Ainsi, comme la marchéisation continue de progresser, la fluctuation à double sens du taux de change du renminbi deviendra monnaie courante dans le futur. Cependant, la banque centrale est prête à faire les ajustements nécessaires en cas de dérapage.
Selon un rapport d'analyse publié par JP Morgan, l'élargissement de la bande aura peu d'impact sur l'économie, et l'éventuelle conséquence pourrait servir à stabiliser la croissance. Etant donné la faiblesse des données économiques, il est peu probable d'assister à une appréciation du renminbi et à des entrées de capitaux après l'élargissement de la bande. Une éventuelle dépréciation du renminbi pourrait soutenir les exportations. Quant aux sorties de capitaux, elles pourraient écouler la liquidité intérieure tout en ouvrant la voie à une réduction du taux de réserves obligatoires.
« Nous ne pensons pas que le renminbi soit en train de basculer vers une tendance à la dépréciation. À court terme, nous prévoyons que le renminbi reste stable », a indiqué le rapport.
Bien qu'il soit possible que l'élargissement de la bande favorise la dépréciation pour le moment, sur le long terme, le renminbi va connaître un cycle de petites appréciations.
Stimuler les exportations
De nos jours, le système de taux de change flottant est employé pour les principales devises. Les exportateurs doivent donc faire face aux fluctuations du taux de la monnaie nationale par rapport aux devises de change. Il semble raisonnable d'affirmer que le taux de change du renminbi est plus stable que celui des monnaies des pays développés et d'autres économies émergentes. Les États-Unis, l'Europe et le Japon adhèrent à un régime de flottement libre, et les pays qui pratiquent un régime de flottement dirigé ont un taux de change beaucoup plus volatile que celui du renminbi.
Depuis la réforme du taux de change de 2005, les exportateurs chinois se sont peu à peu habitués aux fluctuations de change. L'élargissement de la bande incitera les entreprises et les individus à considérer le taux de change comme un important facteur susceptible de faciliter ou affecter l'allocation des ressources. Le passage de l'appréciation unilatérale à la fluctuation à double sens plaira aux exportateurs et poussera les importateurs à faire face aux incertitudes.
Cette année, l'objectif pour le commerce extérieur est fixé à 7,5 %. Malgré cela, des défis subsistent. Selon les statistiques de l'Administration générale des Douanes de Chine, les exportations du pays ont atteint 114,1 milliards de dollars en février, soit une baisse de 18,1 % en glissement annuel, la plus importante depuis septembre 2009. En effet, le pouvoir d'achat international n'est pas encore complètement remis de la crise financière mondiale et l'appréciation du renminbi survenue précédemment a entraîné la faillite de nombreuses entreprises chinoises orientées vers l'exportation.
Un rapport d'analyse réalisé par Shenyin & Wanguo Securities, une société de courtage basée à Shanghai, indique que l'afflux de capitaux spéculatifs serait contenu, dans une certaine mesure. Puisque la spéculation vise à exploiter les marges entre les taux de change et les taux d'intérêt, l'élargissement de la bande va forcer les spéculateurs à prendre en compte la volatilité, voire à se retirer du marché chinois.
Toutefois, avec l'élargissement, il sera plus difficile pour les entreprises d'exportation de décider quand régler leurs comptes. Au lieu de prendre des décisions basées sur l'hypothèse d'une hausse du yuan et une dévaluation du dollar américain, les entreprises devront désormais réfléchir au moment propice pour signer les accords et établir une couverture de risque, sans quoi elles pourraient perdre de l'argent.
La BPC estime que l'ajustement n'est pas susceptible de bouleverser les entreprises et les institutions financières, et qu'il aidera même ces dernières à prendre davantage conscience de l'importance des outils de couverture pour atténuation les risques. |