En Afrique, les tablettes sont vues comme un instrument de développement social
Au cours de l'année passée, le continent africain s'est vu qualifié d'Eldorado numérique par un grand nombre d'acteurs internationaux. Dans l'actuel contexte de saturation progressive du marché numérique au sein des pays développés, les économies émergentes affichant de faibles taux d'équipements et une forte croissance se présentent comme des marchés alternatifs à l'avenir prometteur. D'innombrables possibilités commerciales et d'investissement existent en effet dans le domaine du numérique, en particulier dans le secteur des tablettes tactiles – le taux de croissance des ventes dans les pays émergents a atteint 145 % en 2013.
Outre les importants besoins exprimés en matière de technologie internet mobile sur le continent africain, la diversité et l'étendue de son marché en font une cible privilégiée pour de nombreux fabricants locaux et étrangers. Le défi consiste toutefois à développer des produits adaptés aux besoins et aux attentes des pays demandeurs. C'est ainsi que les tablettes éducatives ont fait leur entrée sur le marché dès octobre 2013. Destinées en priorité aux écoles, établissements secondaires et universités, elles ont pour vocation de faciliter l'accès à la technologie et au savoir grâce à la dématérialisation des contenus d'apprentissage et la mise à disposition d'outils numériques spécialement conçus pour l'éducation.
Un futur instrument de développement social
Alors que de nombreux pays et régions d'Afrique souffrent d'un déficit éducatif lié à la vétusté des outils d'apprentissage scolaires, la tablette éducative apparaît aux yeux de ses concepteurs comme un futur instrument de développement social. En plus de former aux nouvelles technologiques, l'usage de la tablette implique en effet l'accès à des ressources interactives abondantes et actualisées, adaptées au niveau de chacun.
Entièrement pensée pour l'élève africain et son environnement, la tablette scolaire Qelasy développée par l'Ivoirien Thierry N'Doufou a ainsi été déclinée en trois sous-marques ciblant respectivement les enfants, les adolescents et les adultes du monde de l'éducation. Compatible avec un millier d'applications sous Android 4.2, elle est couplée à un site internet sur lequel les professeurs peuvent déposer toutes sortes de contenus et informations à destination des élèves et de leur famille.
Attendue à la rentrée prochaine, la Qelasy fait partie de la famille grandissante des tablettes africaines, notamment composée de la Way-C – première tablette tactile africaine présentée en septembre 2011 par le Congolais Vérone Mankou – et du Cardiopad – œuvre du Camerounais Arthur Zang, première tablette médicale conçue et assemblée en Afrique en 2013.
Au-delà de l'aspect purement scolaire, les tablettes offrent des possibilités éducatives élargies. Spécialisée dans la fabrication de tablettes éducatives haut de gamme destinées au marché africain, la start-up chinoise MySimax envisage ainsi de développer en parallèle de ses offres destinées aux universités et écoles supérieures des applications relatives à des secteurs clés tels que la santé ou encore l'administration publique. Son co-fondateur J.X. Paulin rappelle en effet que « pour progresser, un pays a besoin de deux choses : des gens éduqués, et des gens en bonne santé. »
Établi en Chine depuis 20 ans, cet entrepreneur franco-togolais aspire à réduire la fracture numérique qui sépare les pays africains avec d'autres pays déjà ancrés dans leur époque : les États-Unis avec la Google glass, mais aussi Singapour où le gouvernement encourage l'utilisation des tablettes dès la primaire ou encore la Thaïlande qui a lancé le programme « une tablette par enfant » en 2013. « Jamais dans l'histoire de l'Afrique une telle technologie n'a été au service de ce continent », s'exclame J.X. Paulin en parlant des tablettes numériques. Cependant, le passage au numérique nécessite selon lui une vision et des moyens.
|