Tâche ardue

À la fin de 2013, on trouvait au total 250 millions de véhicules dépendants des produits pétroliers en Chine. Ces derniers ont soutenu une énorme industrie basée sur la transformation et la circulation du pétrole, composée de 2 600 commerces de vente en gros et 110 000 commerces de vente au détail de produits pétroliers raffinés, ainsi que 100 000 stations d'essence.

Par conséquent, il est difficile pour l'industrie automobile nationale de dévier de la voie existante de développement dictée par le pétrole. Par rapport au secteur mâture de l'automobile à essence, le secteur de la voiture à énergies nouvelles est encore en phase de croissance, et chaque maillon de la chaîne est faible.

Tout d'abord, la construction des installations nécessaires doit encore être réalisée. « Maintenant, le plus grand obstacle vers la voie de la vulgarisation des voitures à énergies nouvelles est la difficulté pour recharger ces voitures », pense Wang Binggang, un expert sur la conservation de l'énergie, en ajoutant qu'un grand nombre de consommateurs urbains sont intéressés par les voitures électriques, mais ne savent pas comment et où les recharger.

Cui Dongshu, analyste automobile, affirme que la construction d'infrastructures doit être effectuée en amont de la promotion de la voiture à énergies nouvelles. Selon un sondage réalisé par le gouvernement municipal de Beijing en 2013, environ 40 % des consommateurs ont renoncé à l'idée d'acheter des voitures électriques car il n'y avait pas de bornes de recharge près de chez eux, et seulement 20 % des acheteurs de voitures électriques disposaient de bornes dans leur quartier.

Pour résoudre le problème, les lignes directrices du Conseil des affaires d'État précisent clairement les règlements relatifs à l'offre de terrains pour la construction d'installations de recharge et réclament l'intégration de ces projets dans la planification urbaine.

Lorsque les autorités termineront la planification industrielle, un plan sera formulé pour les installations de recharge, rassure Shen Jianxin, directeur adjoint du département de Marketing de State Grid, la plus grande compagnie de services publics d'électricité de Chine.

La technologie liée à la batterie est une autre difficulté pour les fabricants chinois de voitures électriques. Au stade actuel, l'endurance moyenne pour les véhicules électriques communs est de 200 km, un fait qui montre encore une fois l'urgence d'intensifier la construction de stations de recharge.

Huang Zhen, professeur à l'Université Jiaotong de Shanghai, souligne qu'une série de défis technologiques n'ont pas encore été surmontés. Citons par exemple les temps de chargement trop longs, la courte endurance de la batterie et le coût de production élevé.

Dong Yang, secrétaire général de la CAAM, note quant à lui que les fabricants chinois d'automobiles à énergies nouvelles devraient prendre l'initiative d'introduire des technologies avancées d'autres pays et mener une coopération interindustrielle et transfrontalière. En outre, selon lui, le gouvernement devrait encourager la mise en place de ces partenariats.

En plus de la construction d'infrastructures et le contournement des obstacles technologiques, le concept des voitures à énergies nouvelles doit encore germer au sein de la société. Liu Gang, professeur à l'Institut d'économie de l'Université Nankai basée à Tianjin, suggère que le gouvernement devrait jouer un rôle exemplaire dans l'utilisation de voitures à énergies nouvelles.

Selon une récente circulaire du Conseil des affaires d'État, les organes de l'administration centrale et les institutions du service public inclus dans le plan de promotion de la voiture à énergies nouvelles doivent veiller à ce que ces véhicules représentent pas moins de 30 % de leur volume total d'achat en 2016, et le pourcentage sera augmenté d'année en années.

« Plutôt que de donner des prêts bancaires et d'apporter un soutien financier directement, nous ferions mieux de dépenser de l'argent dans l'achat de voitures à énergies nouvelles. De cette façon, les fabricants pourraient profiter d'un marché en pleine croissance », plaide Yuan Gangming de l'Académie chinoise des sciences sociales.

Maintenant, le marché des voitures à énergies nouvelles de la Chine est à un stade de démarrage laborieux. « Augmenter ses ventes à 500 000 unités en 2015 représente une tâche ardue », selon Wang, l'expert de la conservation de l'énergie, affirmant que si l'objectif est atteint, l'industrie automobile à énergies nouvelles se réveillera de son accalmie actuelle.

« Ensuite, le but sera de vendre 5 millions d'unités en 2020 », rappelle Wang.