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Des visiteurs se rendent au pavillon sur les ZDET nationales lors de la 18ème CIFIT tenue à Xiamen, dans la province du Fujian du sud-est de la Chine, le 8 septembre |
Il y a trente ans, la vaste zone saline au sud-ouest du centre de Tianjin était désertée. Maintenant, ce terrain vu comme stérile au bord de la mer de Bohai est devenu le lieu le plus profitable de la municipalité portuaire de Chine du Nord. Tout cela peut être attribué à la décision du gouvernement central d'y établir une zone de développement économique et technologique (ZDET) en 1984, dans le but d'ouvrir davantage le pays au monde extérieur.
Les ZDET sont des parcs industriels dans lesquels les entreprises, en particulier les entreprises étrangères, bénéficient de politiques fiscales avantageuses et de terrains abordables.
« La ZDET de Tianjin est devenue le moteur du développement économique de la municipalité. Elle compte 5 282 entreprises étrangères de 88 pays différents, et 89 d'entre elles figurent sur la liste Fortune Global 500. Plus de 4 000 étrangers et 500 000 Chinois vivent et travaillent dans cette zone », explique Xu Hongxing, président du comité d'administration de la ZDET de Tianjin, qui est la plus globalement compétitive de Chine.
Le modèle de Tianjin a été reproduit dans tout le pays. Actuellement, la Chine possède 215 ZDET de niveau national, qui jouent un grand rôle dans la création d'emplois, l'investissement étranger et les revenus fiscaux. M. Xu affirme qu'elles ont été le moteur de la croissance économique chinoise ces trente dernières années.
Cependant, ces zones doivent aujourd'hui relever les défis de la modernisation et de la transformation.
« Les fonctions premières des ZDET devraient passer de la recherche de vitesse à une priorité donnée à la qualité, à une croissance stimulée par le marché et non plus par le gouvernement, à des modèles de développement différenciés et non plus une concurrence homogène, avec un accent davantage mis sur un environnement sain que sur la construction d'infrastructures », a déclaré le vice-premier ministre Wang Yang dans un discours prononcé au Forum de l'investissement international, en marge de la 18ème Foire internationale de Chine pour l'investissement et le commerce (CIFIT) organisée à Xiamen, dans la province côtière du Fujian, le 8 septembre.
Un moteur puissant
En 1984, le gouvernement chinois a décidé d'établir des ZDET dans les villes côtières pour accélérer la réforme et l'ouverture du pays.
Entre 1984 et 1988, 14 ZDET de niveau national ont été créées, notamment à Tianjin, à Dalian dans la province septentrionale du Liaoning, à Qinhuangdao dans le Hebei, et à Qingdao dans le Shandong.
« Les ZDET jouissent du système le plus efficace et pratique en Chine. Lorsqu'elles ont été établies, le but premier était d'attirer l'investissement étranger. C'est pourquoi il était crucial d'avoir un cadre d'investissement internationalisé, avec des autorités efficaces et centrées sur les services, un marché juste, des ressources humaines suffisantes et de bons environnements éducatifs et médicaux », a observé M. Xu.
Au fil des ans, ce programme national a été appliqué dans les villes moins développées du centre de la Chine, puis dans l'ouest du pays.
« Les ZDET sont devenues la colonne vertébrale de la croissance économique et un élément central de l'ouverture du pays. L'an dernier, un cinquième de l'investissement étranger en Chine s'est dirigé vers les ZDET, et ces zones ont assuré un huitième du PIB », a rappelé Wang Yang.
Le ministre du Commerce Gao Hucheng a souligné que les ZDET de niveau national forment le fer de lance de la croissance à bien des égards.
« Elles permettent d'attirer des investissements étrangers, elles créent des centres industriels, d'innovation technologique et de développement écologique, et réalisent un développement plus équilibré entre les régions », a déclaré M. Gao.
Zheng Xiwen, vice-président d'Unilever en Asie du Nord, a noté que de nombreuses réformes avaient été adoptées en Chine après leur mise en œuvre à l'essai dans les ZDET.
L'heure du changement
Wang Yang souligne que bien que la Chine accorde toujours une grande importance à l'investissement étranger, la priorité est aujourd'hui différente.
« Même si la Chine a désormais suffisamment de capital d'investissement, nous ne négligerons jamais le rôle joué par le capital étranger. Dans les années à venir, plutôt que de se concentrer sur l'investissement, la Chine se penchera sur l'introduction de technologies de pointe, sur les expériences de management et sur le vivier de talents internationaux », a-t-il indiqué.
Yang Zhiping, président du Comité administratif de la ZDET de Suzhou, a estimé que l'innovation serait la clé du développement des ZDET, en particulier aux niveaux institutionnel, technologique et administratif.
Il a rappelé que la population de la ZDET de Suzhou est aujourd'hui d'un million de personnes, ce qui nécessite des changements dans au moins trois domaines.
« Premièrement, le modèle de croissance doit passer du traitement pur et simple à la production haut de gamme. Deuxièmement, une transformation de la gestion sociale est nécessaire. 600 000 habitants de la ZDET sur un total d'un million sont des travailleurs migrants. Le défi est de fournir un emploi à toutes ces personnes et de gérer une société dans laquelle la mobilité est si élevée. Enfin, les comités administratifs des ZDET devraient offrir des services plus efficaces et plus pratiques aux entreprises, accepter la surveillance du grand public et prendre des décisions de manière scientifique », a expliqué M. Yang.
Il a ajouté que les ZDET devraient sélectionner les projets d'investissements plus strictement.
« Lorsque les ZDET ont été créées, elles étaient prêtes à accepter tout investissement étranger, quelle que soit la source. Les choses ont changé. La plupart d'entre elles préfèrent les entreprises à haute valeur ajoutée aux usines de transformation. Elles tentent également d'aider les entreprises locales à établir un environnement d'affaires plus sain », a déclaré M. Yang en marge de la 18ème CIFIT.
Le montant de l'investissement ne devrait pas être la seule considération lorsque l'on évalue les investisseurs potentiels, a souligné M. Yang.
« Il faut déterminer si les projets d'investissement respectent les lois chinoises, ses politiques industrielles et ses critères environnementaux. Les ZDET devraient également prendre en compte l'établissement d'un siège d'entreprise ou l'installation sur place des équipes de recherche et développement », a-t-il suggéré.
Les ZDET de niveau national ont pour principe directeur de « créer un environnement d'investissement de haute qualité selon les normes internationales », a noté Clement Hung, président de Deloitte en Chine. Il a souligné que la Chine pourrait apprendre des expériences d'autres pays ayant créé des parcs industriels.
« Tout d'abord, la diversité des partenaires peut stimuler le développement rapide de ces parcs. Dans les pays développés, que ce soit aux États-Unis ou en Europe, les ZDET sont principalement créées par le marché, alors qu'en Chine, les ZDET de niveau national ont surtout dépendu des fonds publics. Ensuite, une équipe diversifiée de gestionnaires peut améliorer l'efficacité de l'environnement d'investissement. Les ZDET chinoises sont généralement gérées par un comité administratif, tandis que les autres pays choisissent d'autres solutions, comme une gestion par les équipes de recherche d'universités ou une gestion commune du gouvernement, du marché et de la société. La Chine devrait explorer plus d'options pour mieux gérer ses ZDET », a déclaré M. Hung durant la 18ème CIFIT.
M. Xu a rappelé que certaines ZDET continuent à étendre rapidement leur superficie et à utiliser l'avantage du bas coût pour attirer les investisseurs. « Certaines se disputent même les politiques préférentielles et les subventions du gouvernement », regrette-t-il.
« Ce type de modèle de développement n'est pas viable sur le long terme. Les ZDET devraient encourager les entreprises à améliorer leurs technologies de production, dans l'objectif ultime de réaliser une production plus écologique et à plus haute valeur ajoutée », conclut-il.
(Reportage de Xiamen, dans la province du Fujian) |