Une disparité croissante des richesses
Même si la société est devenue plus affluente dans son ensemble, la redistribution s'est faite de manière plus inégale. En Chine, 128 millions de personnes vivent encore sous le seuil de pauvreté, tel qu'il est défini par les Nations unies.
Dans le pays, 1% des plus riches détiennent plus d'un tiers des toutes les richesses, alors que 25% des plus pauvres n'en possèdent que 1%, d'après un rapport de l'Institut des études en sciences sociales de l'université de Pékin.
Selon le document, l'inégalité des richesses en Chine a fortement progressé ces dernières décennies. Le coefficient de Gini, qui mesure les disparités en termes de richesses, a augmenté pour passer de 0,45 en 1995 à 0,55 en 2002 et 0,73 en 2012. Sachant qu'un coefficient de 0 équivaut à une égalité complète et inversement, qu'un coefficient de 1 signifie une inégalité absolue, certains experts estiment qu'un coefficient supérieur à 0,4 n'est pas souhaitable.
L'immobilier représente une part importante du patrimoine des ménages chinois. Le pourcentage médian est de 80% pour les citadins et 60% pour les ruraux. Toujours d'après le rapport, la part de l'immobilier dans le patrimoine total des ménages est plus élevée dans les régions les plus avancées sur le plan économique et pour les ménages riches aux revenus élevés.
Le coefficient de Gini pour les richesses en Chine est plus élevé que la distribution des revenus. D'après le Bureau national des statistiques de Chine, le coefficient de Gini pour les revenus en 2013 était de 0,473, plus bas que le niveau record enregistré en 2008 à 0,491.
Réguler la distribution des richesses
L'économiste nobélisé Joseph Stiglitz a déclaré lors d'une conférence à l'université Tsinghua de Chine le 25 mars dernier que le marché ne corrigeait pas les inégalités et qu'il fallait donc que le gouvernement prenne des mesures pour trouver des solutions.
Selon lui, c'est en Chine que le rythme de progression des inégalités est le plus rapide. Il a suggéré l'imposition des gains en capital en Chine, de lutter contre la recherche de rentes et d'accroître l'égalité dans les opportunités.
D'après le site internet de l'Encyclopédie de philosophie de Stanford, l'égalité d'opportunité formelle nécessite que les emplois et les postes qui confèrent des avantages doivent être accessibles à tous. Les demandes doivent être évaluées sur la base des mérites et les candidats jugés les plus qualifiés doivent être sélectionnés, en fonction de critères appropriés.
En Chine, l'imposition de la propriété, surtout pour les plus riches, est relativement faible et ne peut pas permettre une redistribution importante, estime Zhang Monan. Jusqu'à présent, la Chine n'a pas encore prélevé d'impôts fonciers sur le plan national, même si une taxation a été mise en place à titre d'essai à Shanghai et Chongqing. Elle suggère le prélèvement d'un impôt foncier, d'un impôt sur les successions et d'une taxe sur les cadeaux afin de réguler la distribution des richesses.
Ces dernières années, le gouvernement central a pris de nombreuses initiatives pour garantir le niveau de vie de base des plus pauvres, avec notamment l'octroi d'une allocation de vie, la hausse du salaire minimum et le relèvement du seuil de l'impôt sur le revenu des personnes physiques.
Les dirigeants chinois ont entamé la réforme du système de redistribution des revenus et veulent encourager la prospérité commune, revoir complètement la fiscalité pour maximiser l'allocation des ressources et encourager l'équité sociale.
Le 29 août, un projet visant à ajuster les salaires anormalement élevés des cadres supérieurs de certaines entreprises d'Etat a été approuvé. D'après certains observateurs, un système d'enregistrement de l'immobilier va être établi, condition préalable à la préparation du terrain pour le prélèvement de l'impôt foncier. |