La communauté de Yonglian se trouve juste à côté de l'aciériste Yonggang

Avec l'entrée en vigueur de la Loi sur la protection de l'environnement récemment amendée début 2015, la sidérurgie chinoise, considérée comme une grande consommatrice d'énergie et source de pollution, souffre d'une énorme pression. Dans ce contexte, le sidérurgiste chinois Yonggang, basé à Zhangjiagang dans la province du Jiangsu, a trouvé des solutions efficaces et durables.

Cet aciériste se trouve juste à côté d'une exploitation agricole de 8 000 mu (533 hectares), ainsi que d'une communauté, Yonglian, abritant une dizaine de milliers de villageois. Ses mesures en matière d'économie circulaire et de protection environnementale participent directement à la préservation de la santé communautaire.

D'après Peng Xiyuan, directeur du service d'économie d'énergies et de protection de l'environnement chez Yonggang, les fumées industrielles avaient beaucoup préoccupé certains villageois, qui ont porté plainte contre l'entreprise auprès du Bureau provincial de la protection de l'environnement. À la suite d'une enquête menée sur place par ce dernier, la plainte a été rejetée. Cependant, Yonggang a réagi face à la demande des villageois et a investi 10,5 millions de yuans (1,69 million de dollars) pour s'équiper en chaudières à condensation à la place des anciennes cheminées.

« Les détracteurs de cette mesure croyaient qu'il n'était pas nécessaire d'acquérir cet équipement, car notre appareil était tout à fait conforme aux normes nationales », ajoute M. Peng. « Mais la prise en compte des préoccupations de la population compte beaucoup dans notre prise de décision. »

Transformation en « usine à jardins »

Pour répondre aux exigences de la population locale et à l'appel national, Yonggang a intégré la protection de l'environnement et l'économie circulaire dans le cadre de sa restructuration. À cette fin, l'aciériste s'est fixé en 2013 l'objectif de se transformer en « usine à jardins » en trois ans. Jusqu'à présent, en apportant son soutien financier et technique, le groupe a versé un total d'un milliard de yuans (161 millions de dollars), soit l'équivalent de ses bénéfices estimés pour 2014.

En matière d'installations, le transport de tous les matériaux est réalisé au moyen d'un tuyau pour éviter le déversement des poussières d'aciérie. En parallèle, une enveloppe de 60 millions de yuans (9,67 millions de dollars) a été injectée dans le projet de récupération des eaux de pluie, constituant un grand pas en avant par rapport à ses confrères voisins.

Au niveau de la gestion, avec onze caméras vidéo mises en place sur le lieu de production, aucun accident portant atteinte à l'environnement, y compris la fuite de poussières d'aciérie et le dégagement de fumées jaunes, ne peut échapper à la surveillance. Lors des réunions mensuelles, les responsables de l'accident font l'objet d'une critique publique et leurs indicateurs de performance diminuent.

« Chez Yonggang, on accorde autant d'importance à la protection de l'environnement qu'à la sécurité, de manière à ce que tout le monde soit conscient de sa portée », affirme M. Peng.

Recyclage des déchets industriels

En juillet 2014, le ministère de l'Industrie et des Technologies de l'information (MITI) a publié une liste des sidérurgistes qui doivent réduire leur production annuelle et fermer leurs capacités productives obsolètes. 30 aciéristes figurent sur cette liste, avec 28,7 millions de tonnes de capacités à baisser. Yonggang n'en fait pas partie.

En vertu de L'Interprétation du 12e Plan quinquennal de la sidérurgie publiée par le MITI, dans le futur, la conversion des capacités productives obsolètes se concrétisera à travers l'amélioration de la performance en matière de consommation d'énergie et de protection de l'environnement, plutôt que la montée en puissance des nouvelles unités. C'est justement le cas pour Yonggang dont le traitement des déchets industriels mérite toute notre attention.

Selon M. Peng, les eaux usées de l'aciérie sont traitées dans une station d'épuration, avec un taux de réutilisation de 99 %. Ces dernières années, on assiste aussi à l'augmentation de la consommation des scraps d'acier, dont le taux de valorisation s'établit à 100 %.

Le monoxyde de carbone provenant de la sidérurgie peut être aussi réutilisé comme combustible pour la production de l'acier laminé et au frittage. La chaleur et la pression issues du gaz des chaudières à haute pression peuvent également générer de l'électricité à un meilleur rendement énergétique. Pour le moment, le taux d'autoproduction d'électricité de l'entreprise s'élève à 46 %, permettant une économie d'électricité de 900 millions de yuans (144,9 millions de dollars) par an.

« Aujourd'hui chez Yonggang, il n'existe plus de déchets industriels. En effet, que ce soit les eaux usées de l'aciérie, les gaz sidérurgiques ou les scraps d'acier, tout s'inscrit dans le cadre de recyclage et valorisation », conclut M. Peng.