L'équipement ferroviaire représente un moteur important pour les exportations chinoises

L'industrie de l'équipement lourd pourrait devenir une voie de succès pour les exportations stagnantes de la Chine. Lors d'une réunion du Conseil des affaires d'État, le 28 janvier, le Premier ministre Li Keqiang a annoncé sa décision de promouvoir l'exportation d'équipement de chemin de fer, d'énergie nucléaire et d'autres produits, vers les marchés extérieurs.

Le gouvernement s'efforcera d'explorer les marchés étrangers dans ces domaines afin d'établir des coentreprises ou des partenariats public-privé dans les pays choisis, disait une déclaration suivant la réunion.

Les industries comme celles de l'acier, de la fonte des métaux non-ferreux et du textile ont aussi un rôle à jouer dans la hausse des exportations du plus grand pays marchand au monde. Cette décision facilitera la création d'une autre locomotive d'exportation du pays et aidera la modernisation nécessaire des industries nationales.

Changement stratégique

« Promouvoir notre but de s'étendre à l'international par l'exportation d'équipement chinois et mener la coopération internationale dans la capacité de production est nécessaire actuellement au développement économique de la Chine », a dit Li. « Cela ne profitera pas seulement au développement de l'économie, mais apportera aussi des occasions significatives de mettre à jour l'industrie. »

De novembre 2014 à janvier 2015, le concept de « s'ouvrir à l'international » a été discuté à quatre des douze réunions du Conseil des affaires d'État.

« Le Premier ministre Li a fait de fréquentes visites à l'étranger et est revenu avec des commandes importantes. Voilà une caractéristique de ''la nouvelle norme'' d'intégration de la Chine dans l'économie mondiale », a dit Wang Shengchun, chercheur au Centre pour la réforme économique de l'Université centrale des Finances et de l'Économie.

« Le processus d'intégration de la Chine dans l'économie mondiale a traversé diverses phases : attirer l'investissement étranger, exporter des produits à haute intensité de main-d'œuvre et acheter des ressources naturelles ; il entre maintenant dans une phase de transfert de capacité de production et d'exportation d'équipement complet, a dit Wang, ajoutant qu'avec un contenu de haute technologie et un important investissement, l'équipement complet jouera un rôle majeur dans le développement des entreprises chinoises, de l'industrialisation et de l'innovation des produits. »

« C'est un changement stratégique significatif », a dit Zhang Shuguang, chercheur à l'Institut de recherche économique de l'Académie des Sciences sociales de Chine. Il a dit qu'il était temps pour la Chine, au moyen de l'investissement à l'étranger et du crédit à l'exportation d'équipement, de stimuler l'exportation de produits et de déployer le commerce de services de manière à accélérer la transformation économique.

Le point de vue de Zhang repose sur trois observations : que l'industrie chinoise s'est bien développée au cours des trois dernières décennies ; que la Chine a accumulé une réserve considérable de devises étrangères ; et que les secteurs de services émergents du pays comme la finance, l'assurance et le conseil se sont développés rapidement et ont besoin de croître encore dans la compétition internationale. 

Une force essentielle

Durant la rencontre annuelle du Forum économique mondial tenue à Davos, en Suisse, en janvier, le Premier ministre Li a déclaré que la Chine explorerait de nouvelles approches d'investissement dans d'autres pays. Le transport ferroviaire à grande vitesse, l'énergie nucléaire, l'aviation, les télécommunications et d'autres productions sophistiquées pénètrent graduellement dans d'autres pays. Ils répondent à la demande de ces marchés. Cela indique que le transport ferroviaire à grande vitesse et l'énergie nucléaire seront les principaux secteurs de la stratégie de la Chine de « s'étendre à l'international » dans la nouvelle ère.

Gao Zhenting, conseiller au Département des affaires économiques internationales du ministère des Affaires étrangères, a dit que l'exportation de produits ferroviaires à grande vitesse favorisera surtout l'exportation de marchandises, technologies et services autant dans les marchés du haut que du bas de gamme, et en même temps accélèrera le développement de plusieurs autres industries liées comme la mécanique, la métallurgie, le bâtiment, l'énergie, l'électronique et la technologie de l'information. On estime que pour chaque kilomètre construit de voie ferrée à grande vitesse, plus de 600 emplois seront créés.

Le marché du transport ferroviaire à grande vitesse connaitra la croissance d'un marché robuste au cours des quinze prochaines années. Des pays comme les États-Unis, la Russie, la Malaisie, Singapour, le Brésil et la Turquie ont tous fait des plans de construction de voies ferrées à grande vitesse, et la France a aussi prévu allonger de 2 000 km son réseau actuel. Un rapport d'Economic Information Daily disait que les entreprises chinoises avaient signé des contrats de chemins de fer à grande vitesse avec plus de 50 pays et régions.

L'exportation d'énergie nucléaire a progressé. En janvier, la Chine et le Pakistan se sont entendus pour un investissement de 34 milliards de dollars, pour la construction à large échelle d'usines nucléaires et de stations de métro et de transport urbain sur rail.

« La Chine a acquis de l'expérience dans la construction et le fonctionnement de projets d'énergie nucléaire pour le marché étranger, et certains de ces projets utilisent de l'équipement fabriqué en Chine. Cet équipement chinois peut « s'étendre à l'international », ce qui favorisera aussi la croissance économique de la Chine », a dit Zhao Chengkun, vice-président de l'Association de l'énergie nucléaire de Chine, à Economic Information Daily.

Gare aux risques

Les experts conseillent aux entreprises chinoises de prendre garde aux risques possibles quand elles investissent à l'étranger.

« La Chine vient de commencer à investir à l'étranger. Le montant est encore faible, et de plus, nous n'avons pas encore d'expérience convenable. Nous avons une compréhension limitée du marché mondial et avons besoin de davantage de professionnels qualifiés dans les affaires internationales », a dit Zhang. « Pour étendre l'investissement direct à l'étranger, la Chine doit faire des plans stratégiques, développer des technologies et des marques indépendantes, et planifier des projets de coopération dans le secteur financier. »

Zhang Xiang, porte-parole de l'Association des entrepreneurs internationaux de Chine, a dit que les compagnies chinoises connaitront plusieurs occasions de « s'étendre à l'international » en 2015, mais qu'elles feront aussi face à divers défis.

La compétition du marché deviendra plus intense. L'augmentation des coûts du travail en Chine et l'appréciation du yuan affaibliront les avantages des entreprises chinoises en matière de coûts de production, et ces entreprises devront encore améliorer leur coopération industrielle et leur administration.

La sécurité demeure une inquiétude pour plusieurs entreprises chinoises. Dans certains pays d'Asie et d'Afrique, les risques politiques, économiques et à la sécurité représentent un nouveau défi.

Les entreprises chinoises ont aussi besoin d'appui financier car le système financier actuel et le système de taxation sont incapables de faire pleinement face aux besoins dans le « devenir global ». Le gouvernement devra renforcer son appui par des méthodes qui réduiront les coûts financiers, et réformer la taxation des revenus de l'étranger.

Miao Rong, directeur adjoint du Département de recherche de la Confédération chinoise des entreprises, a dit que l'énergie nucléaire, les réseaux à ultra haut voltage, et les chemins de fer à grande vitesse sont en train de devenir les « cartes de visite » de la Chine. Toutefois, les entreprises chinoises connaissent encore des difficultés dans le développement des affaires internationales.