La croissance du PIB chinois est tombée à 7 % au premier trimestre de 2015, son plus bas taux depuis six ans. D'autre part, des signes convaincants d'amélioration de la structure économique, un marché de l'emploi soutenu et un taux de dépenses de consommation inattendu constituent de solides preuves d'une économie de meilleure qualité et de plus en plus mûre.
Le gouvernement est contraint d'agir pour maîtriser les risques liés au ralentissement de la croissance, notamment le manque de dynamisme du secteur immobilier, la pression déflationniste persistante et les hauts coûts financiers.
Grâce à l'action du gouvernement, le PIB a enregistré au premier trimestre un taux de croissance plus élevé que prévu, atteignant les 7 % visés par le gouvernement central pour 2015.
« L'économie chinoise est globalement restée stable au premier trimestre grâce à l'emploi ; les prix à la consommation et les attentes du marché sont stables malgré un ralentissement de la croissance économique », a dit Sheng Laiyun, porte-parole du Bureau national des statistiques (BNS) dans un rapport présenté lors d'une conférence de presse à Beijing le 15 avril.
Sheng attribue le ralentissement à la lente reprise de l'économie mondiale et au rééquilibrage structurel en cours dans le pays. Selon lui, la pression à la baisse vient surtout du fait que l'économie chinoise est embourbée dans une période de changement des moteurs de croissance.
« Les moteurs de croissance traditionnels sont en déclin et les nouveaux n'ont pas encore compensé les pertes », a expliqué Sheng.
Liu Yuanchun, vice-doyen de l'Institut d'économie de l'université Renmin à Beijing, estime que l'inquiétude ou l'anxiété au sujet du ralentissement n'ont pas lieu d'être. Si la Chine s'est habituée pendant des décennies à un rythme de croissance effréné, une attitude plus prudente et rationnelle devrait maintenant être adoptée, affirme-t-il.
« Un taux de croissance de 7 % n'est pas alarmant, car dans l'énorme agrégat économique que la Chine possède actuellement, un point de croissance vaut déjà beaucoup plus qu'il y a quelques années. Mondialement parlant, une croissance de 7 % est un taux extraordinaire par rapport aux autres économies », a ajouté Liu.
De meilleures structures
Des signes encourageants sont apparus au premier trimestre, parmi lesquels un changement positif dans la structure économique chinoise et une consommation nationale soutenue.
La proportion du secteur des services dans le PIB augmente, et la consommation d'énergie par unité de PIB est en baisse, indiquant que les efforts de restructuration économique ont porté leurs fruits.
Le secteur des services représentait au premier trimestre 51,6 % du PIB, soit 1,8 % de plus qu'à la même période de l'an dernier, dépassant le secteur manufacturier de 8,7 %.
Les domaines des services, comme la cosmétologie ou la comptabilité, ont une plus haute intensité de travail et causent moins de pollution que les usines qui utilisent des fonderies d'acier et des fours à ciment.
Accorder aux services un rôle plus important dans l'économie chinoise pourrait donc permettre de dynamiser le marché de l'emploi en Chine, même en période de ralentissement.
Selon les données du ministère des Ressources humaines et de la Sécurité publique, 3,2 millions d'emplois ont été créés au premier trimestre 2015, ce qui représenterait un objectif de 10 millions de nouveaux postes sur toute l'année.
Outre la hausse continue de la production industrielle, la Chine a également réalisé une croissance plus verte et à plus haute technologie. Sa consommation d'énergie par unité de PIB a baissé de 5,6 % par rapport au même trimestre de l'an dernier. La production des industries de haute technologie a augmenté de 11,4 % au premier trimestre, soit 5 points de plus que la production industrielle totale.
Importantes également sont les dépenses stables et de plus en plus prometteuses des consommateurs. La consommation apparaît comme l'indice économique le plus stable, comparé à l'investissement et aux exportations.
Selon le BNS, la vente au détail des biens de consommation a augmenté de 10,8 % par rapport au premier trimestre de l'an dernier. De plus, propulsée par la croissance de l'e-commerce en Chine, la vente au détail en ligne de biens de consommation a atteint 631 milliards de yuan (101,7 milliards de dollars), soit une hausse de 41 %, et représente désormais 8,9 % du total des ventes au détail. Le volume d'affaires de la livraison express, un support indispensable de l'e-commerce, a augmenté de 46,8 %.
« La Chine ne manque jamais de potentiel de consommation. C'est pourquoi nous demeurons confiants dans l'avenir économique de la Chine. La question reste de savoir comment canaliser ce potentiel », a déclaré Sheng, porte-parole du BNS. Des mesures permettant la hausse des revenus des consommateurs et l'amélioration de l'environnement de consommation devront être adoptées pour exploiter ce potentiel au maximum, a-t-il dit.
Selon Liu, le pays connait de profonds changements économiques, et le taux de croissance n'est qu'un des nombreux indices d'évaluation de son économie.
« La consommation augmente de façon stable et la part du secteur tertiaire dans le PIB augmente, ce qui démontre une croissance plus complète et harmonieuse », affirme Liu.
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