La Chine et le Cameroun vont continuer à coopérer

De longues négociations

Cette livraison est l'aboutissement de plusieurs années de négociations entre les deux pays. Au cours de ces négociations, en novembre 2012, la Chine avait offert un MA60 à l'armée camerounaise pour célébrer les quarante ans de la coopération bilatérale. Cet avion, utilisé régulièrement par les forces nationales de défense, avait prouvé son efficacité lors des missions de rapatriement des ressortissants camerounais ordonnées par le chef de l'État au plus fort de la crise centrafricaine en novembre et décembre 2013.

Pourtant, les négociations ne se sont pas déroulées sans difficulté. Une polémique a en effet éclaté à Yaoundé, portant sur la fiabilité technique des avions et le coût jugé excessif de la commande. Certains Camerounais étaient allés jusqu'à qualifier les avions de « cercueils volants ».

Cependant, selon l'ambassadeur du Cameroun en Chine, Martin Mpana, ces accusations sont un non-sens, car les règles de l'aviation civile internationale ne permettraient pas de laisser voler des avions non sécurisés. Selon Xu Bo, vice-président d'AVIC International, ces règles sont d'autant plus sévères en Chine, et d'après les pilotes camerounais qui auront à faire voler ces avions, l'examen de passage en Chine est validé avec 80 % de points là où les normes et les usages internationaux exigent une note de 75 %

En ce qui concerne le coût de la commande, il couvre, selon Xu Bo, un ensemble comprenant le prix d'achat des appareils, la formation du personnel, l'achat d'un lot de pièces de rechange et bien d'autres services.

Un avion suréquipé

« Le MA60 est parmi les standards les plus élevés de ce que l'on fait aujourd'hui », affirme le commandant Charles Dongue, qui fait partie de l'équipe de sept pilotes et huit techniciens camerounais envoyés en Chine en mai 2014 pour effectuer un stage auprès de Xi'an Aircraft Industry Company Ltd, en préparation de la livraison à Camair-Co de deux avions MA 60.

« Il est suréquipé par rapport à ce qu'on attend de lui », relève Georges Ayangma, un copilote de cette équipe. Pour le commandant de bord Joseph Houachissi, « le MA 60 anticipe les difficultés, ce qui facilite énormément la tâche au pilote. Il ne se limite pas à signaler le problème, lorsqu'il y en a un. Il renseigne, de surcroît, sur la manière dont ce problème a été traité ».

Le commandant Gérard Nguempio, pilote congolais totalisant 4 000 heures de vol sur un MA60 depuis 2006, insiste en outre sur le caractère économique du MA60. Celui-ci consomme en effet 600 kg de carburant par heure alors que les avions de cette taille ont besoin en moyenne de 2,5 tonnes de combustible par heure. « Lorsqu'on m'avait proposé de travailler sur cet avion, après mon départ d'Air Afrique en 2002, témoigne le commandant Nguempio, j'ai eu pour premier réflexe de refuser. Après avoir piloté des Airbus et des Boeing, j'étais méfiant lorsqu'on m'a parlé d'un avion chinois. Mais, je vous assure, j'ai été agréablement surpris ».

Après avoir imposé son savoir-faire dans le domaine des infrastructures, la Chine s'affirme donc désormais dans le secteur de l'aéronautique. Avec AVIC International, entreprise d'État et vitrine du pays dans ce secteur, la Chine a une position privilégiée dans la production et la vente d'avions de nouvelle génération.