L'Afrique du Sud trempe le bout du pied
En mars 2014, la Banque de Réserve d'Afrique du Sud a investi pour la première fois 50 millions de yuans (8 millions de dollars) en obligations, devenant le premier pays d'Afrique à investir dans un marché hors-lieu en yuan.
En avril 2015, la Chine et l'Afrique du Sud ont signé un accord d'échange de devises d'une valeur de 30 milliards de yuans (4,8 millions de dollars). Ces dernières années, on a vu la Banque de Chine, la Bourse de Shanghai et d'autres importantes institutions financières mener des activités promotionnelles en Afrique du Sud.
En six ans, la mondialisation du yuan a accompli un progrès important. Selon la Banque populaire de Chine (banque centrale du pays), le yuan était en septième position de la réserve mondiale de devises en 2014. Les banques nationales de plus de 40 pays ont investi dans le yuan. Le statut du yuan comme devise de réserve gagnera encore en importance au cours de la prochaine décennie, et l'on s'attend à ce qu'il représente 10 % des réserves de devises étrangères du monde en 2025.
L'ouverture à Shanghai d'une zone pilote de libre échange a fourni un canal au yuan dans le commerce des petites marchandises. Les centres commerciaux internationaux de l'énergie et de l'or de Shanghai ont été les premières tribunes d'investissement international établies dans cette zone, et pourront offrir des transactions en yuan aux investisseurs du monde dans l'avenir.
Réduire les risques
En 2009, la Chine a dépassé l'Allemagne comme principal partenaire commercial de l'Afrique du Sud. En 2014, le volume total de commerce international atteignait la somme phénoménale de 60,29 milliards de dollars, et l'investissement chinois direct en Afrique du Sud parvenait au montant stupéfiant de 4,7 milliards de dollars. S'il s'opère en yuans, le commerce et l'investissement entre les deux pays sera plus commode et efficace et moins coûteux.
Depuis la crise de la dette européenne et la mesure de soulagement adoptée par les banques nationales d'Europe pour stimuler l'économie, la compétitivité du dollar américain et de l'euro comme monnaie de réserve a beaucoup diminué. Actuellement, plusieurs pays intensifient leurs efforts pour réduire la part du dollar et de l'euro dans leurs réserves de devises étrangères et leur émission d'obligations nationales. Le défi repose dans le choix d'une devise de remplacement. Le yuan fournit une alternative idéale, surtout pour l'Afrique du Sud.
En 2013, la Réserve fédérale des États-Unis indiquait qu'un relâchement du quantum pourrait causer des transferts extensifs des capitaux internationaux. Cela se reflétait sur les marchés émergeants, surtout l'Afrique du Sud, le Brésil, l'Inde, l'Indonésie et la Turquie. Actuellement, on prévoit que le taux d'intérêt du dollar connaîtra un cycle de hausse. Si cela se produit, la sortie du dollar d'Afrique du Sud s'accélèrera, et le pays fera face au double risque de dépréciation du taux de change et de manque de liquidité. Par conséquent, l'Afrique du Sud doit prendre des mesures préventives à court terme.
Le yuan est plus qu'un choix logique pour l'Afrique du Sud afin d'alimenter sa liquidité et ses fonds. Dans la vague de l'initiative « une Ceinture, une Route », la Chine s'est engagée à investir à l'étranger et à déplacer certaines de ses industries hors du pays. L'Afrique du Sud devrait saisir cette occasion et se préparer à amasser des capitaux en yuan pour fournir une liquidité et combler les manques de fonds.
(L'auteur est directeur administratif de la Banque de Chine, à Johannesburg) |