
La construction du plus grand barrage-réservoir du Cameroun, construit à l'aide de la technologie chinoise, est déjà réalisée à 75 %, grâce à l'expertise de l'entreprise China International Water Electric Corporation (CWE).
Celle-ci est en passe de réaliser un grand défi : construire dans les temps le barrage de Lom Pangar, dans l'est du Cameroun. Patrick Girard, responsable hydro-électro-mécanique de la maîtrise d'œuvre, affirme que le projet sera achevé dans un mois, et Electricity Development Corporation (EDC) annonce une mise en eau partielle pour septembre 2015.
Cette mise en eau partielle consistera à retenir trois milliards de m3 d'eau, sur les six milliards correspondant à la capacité totale de ce barrage-réservoir. Le directeur général de EDC, Théodore Nsangou, assure qu'avec ces trois milliards, Lom Pangar pourra commencer à exercer sa fonction de régulateur du fleuve Sanaga, qui représente presque 70 % du bassin hydro-électrique du Cameroun. Ce barrage permettra en outre de venir en aide aux barrages de Songloulou et d'Edéa, dans le département de la Sanaga-Maritime, proche du littoral.
L'infrastructure vise donc à garantir une disponibilité en eau permettant aux autres barrages de faire tourner leurs turbines à plein régime en saison sèche et non à 30 % comme c'est le cas actuellement. Mais il reste une opération d'envergure à réaliser : la réception et la mise en service des équipements hydro-électromécaniques, pièces maîtresses du barrage. Ces équipements sont importés de Chine par bateau et seront installés sur le site. Une série de tests et d'essais sera ensuite effectuée pour s'assurer de leur fonctionnalité.
En dehors du barrage, le projet prévoit la construction d'une centrale hydro-électrique d'une capacité de 30 MW, ainsi que la mise en place d'une ligne électrique pour le transport d'énergie, et l'extension de réseaux pour la région de l'Est-Cameroun.
Les retombées seront significatives. Dans l'immédiat, l'opération permettra à l'entreprise productrice d'énergie électrique au Cameroun d'utiliser l'eau du fleuve Lom et de faire des économies de gasoil de l'ordre de 24 milliards de Francs. La capacité de production d'électricité et l'accès de la population à l'électricité s'en trouveront augmentés.
La mise en eau définitive du projet aura lieu une fois l'ensemble des travaux sur le site achevés. Dernières étapes importantes : la construction de la pré-fosse qui débutera après la mise en eau partielle, les travaux de finition du barrage qui pourront être achevés en mai-juin 2016, et la livraison de l'usine de pied de 30 MW prévue pour 2017.
Problèmes sociaux et environnementaux
Un tel calendrier appelle cependant à des mesures qui ne sont pas sans conséquence sur l'environnement.
Des restrictions ont été adoptées afin de limiter les émissions de déchets industriels et de protéger la qualité de l'eau et de l'écosystème. À terme, une partie de la carrière se retrouvera sous l'eau et sera transformée en gîte de poissons.
Par ailleurs, la vallée de Lom, par ses sites archéologiques, possède une charge historique importante. Ce patrimoine archéologique est prélevé au fur et à mesure que les installations sont faites, afin de sauvegarder la mémoire des populations locales.
La dimension environnementale du projet prend aussi en compte le renforcement des capacités des populations et la construction d'infrastructures communautaires comme des puits et des salles de classe. Toutes ces actions permettront d'apaiser le climat social.
En effet, depuis le lancement de ce chantier, les quelques 1 500 ouvriers employés sur le site de construction du barrage de Lom Pangar sont entrés plusieurs fois en grève. Ces ouvriers, recrutés par l'entreprise chinoise CWE, réclamaient le respect des engagements pris par leur employeur lors de précédentes grèves, notamment leur immatriculation à la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) et le paiement de certaines primes, dont celle de rendement. Ces griefs avaient déjà été faits à CWE par le passé. |