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Les membres de la BAII sont essentiellement des marchés émergents |
Le manque de réformes des institutions internationales comme la Banque mondiale (BM), le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque asiatique de développement (BAD), en dépit de la contribution croissante de nouveaux acteurs dans l'économie mondiale et dans le système financier international, a conduit la Chine à prendre les choses en main. Hannah Edinger, directrice de Frontier Advisory, une entreprise de conseil en investissement basée en Afrique du Sud, examine le fonctionnement de deux banques de développement multilérales, la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures (BAII) et la Nouvelle Banque de développement (NBD), et les bénéfices qu'elles pourront avoir pour l'Afrique. Voici son opinion.
La Chine peut se targuer d'être la plus grande économie au monde (ayant dépassé les États-Unis en 2014, selon le FMI) et est un partenaire commercial important, sinon le plus important, pour beaucoup d'autres économies, en termes commerciaux, financiers et d'investissement. Pourtant, sa place grandissante sur la scène économique internationale, ainsi que celle d'autres marchés émergents, ne se reflète pas dans la prise de décision des institutions financières internationales - ce qui est souvent perçu comme un désavantage pour les marchés émergents et en voie de développement.
Au lieu d'attendre que les choses changent, la Chine a rassemblé ses forces géopolitiques et financières, et tente de concurrencer le système actuel en créant sa propre plateforme. En réalité, elle a mis en place non pas une, mais deux banques multilatérales de développement - toutes deux basées en Chine et capables de tirer profit de l'expérience chinoise en termes de développement d'infrastructures.
L'une de ces deux nouvelles banques est la NBD, la première institution lancée conjointement par les cinq pays des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud). La réunion inaugurale du bureau exécutif de la NBD a vu le jour en marge du septième sommet des BRICS à Oufa, en juillet 2015. L'équipe dirigeante sera chargée de piloter la mise en route de la banque dans les mois à venir à Shanghai.
Chaque pays membre aura une part de 20 % dans la banque, et aucun n'aura de droit de véto. Possédée uniquement par des marchés émergents, la NBD financera des projets d'infrastructure et de développement durable dans les pays des BRICS ainsi que dans leur région économique. L'établissement d'un centre régional africain de la banque à Johannesburg indique que les économies africaines pourront directement bénéficier d'opportunités de financement de la part de cette institution.
La deuxième institution, la BAII, a des membres beaucoup plus divers, même s'ils sont également pour la plupart des marchés émergents. Basée à Beijing, cette institution créée par la Chine intéresse de très nombreux pays. Aux dernières nouvelles, elle comptait 57 membres fondateurs, y compris tous les membres des BRICS, ainsi qu'un grand nombre de pays développés comme le Royaume-Uni, l'Allemagne, l'Australie et la République de Corée.
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