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Les membres de la BAII sont essentiellement des marchés émergents |
En juin, 50 membres fondateurs ont signé les Articles d'Accord pour la mise en route de la banque. Cela rend non seulement la BAII très représentative, mais montre aussi l'intérêt des pays non asiatiques vis-à-vis du rôle croissant de la Chine dans l'économie internationale. Les économies émergentes, asiatiques ou non, devraient contribuer à environ 75 % du capital. L'actionnariat et les structures de vote constituent des différences clés entre la NBD et la BAII. La Chine devrait avoir une part de 26 % des droits de vote dans cette dernière, et elle en est le principal actionnaire, à 30 %, en accord avec la taille de son PIB. L'Inde et la Russie se situent respectivement à la deuxième et la troisième position.
Une autre différence clé est que la BAII prêtera en priorité à la région asiatique, sa mission étant de « promouvoir l'interconnexion et l'intégration économique » en Asie. On attend notamment de la banque qu'elle finance l'initiative chinoise de la Ceinture et la Route, un projet de long terme visant à redynamiser l'ancienne route de la soie. La route met en relation plus de 60 pays en Eurasie et au Moyen Orient et soutient l'objectif chinois de promotion de l'intégration financière et économique dans la région.
En tant que région ayant la croissance la plus rapide au monde, l'Asie présente de très nombreuses opportunités aux portes de la Chine. En investissant et développant des infrastructures dans des pays à bas et moyen revenus, la Chine aidera à réaliser des taux de croissance élevés et durables dans la région, dont elle bénéficiera à son tour. La BAII soutiendra en outre les efforts de la BM et de la BAD en comblant le trou financier estimé à 750 ou 800 milliards de dollars par an pour les infrastructures - environ huit fois plus qu'en Afrique.
Cela aidera la Chine à renouer des liens avec ses voisins et à affirmer sa légitimité en tant que prêteur international (en particulier dans des projets ou des secteurs considérés comme tabous ou trop risqués par les institutions traditionnelles), à créer de nouveaux marchés d'exportation pour ses entreprises, et à faire rayonner sa soft power auprès de ses voisins.
Si la BAII ne vise pas en priorité l'Afrique, il y aura certainement des retombées pour le continent, ainsi que pour les autres marchés émergents. Ceux-ci pourront notamment profiter des évolutions du paysage de la finance du développement et de l'investissement, et de sources de financement plus diversifiées.
Ces nouvelles banques apportent en outre une nouvelle perspective à la finance du développement, étant plus sensibles aux besoins et aux risques des pays dans lesquelles elles opèrent et auxquels elles prêtent. Les deux banques devraient offrir des procédures administratives facilitées, des coûts financiers moindres, et se concentrer sur les infrastructures dont les marchés émergents et en développement ont grand besoin.
Même si l'Afrique ne bénéficie pas directement de la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures et de la Nouvelle Banque de développement, elle y trouvera sans aucun doute des bénéfices indirects. Etant donné les importants liens commerciaux entre la Chine et le continent, celui-ci bénéficiera certainement de prêts accrus et d'un usage plus répandu de la monnaie chinoise, ainsi que de marchés financiers chinois plus ouverts et qu'un accès moins cher aux capitaux. |