L'hôpital de Peking Union Medical College
Jeffrey Williams n'avait pas pensé qu'il serait obligé d'aller à l'hôpital à Beijing l'été dernier, où il a attrapé une infection des voies respiratoires. Lorsque ce cadre supérieur d'une banque étrangère est allé dans un grand hôpital public, il a dû faire la queue pendant environ une heure avant de voir son médecin. Or celui-ci ne lui a consacré que cinq minutes, lui disant qu'il s'agissait d'une maladie commune et lui faisant rapidement une ordonnance.
La consultation et les médicaments ne lui ont coûté que 15 dollars. Mais Williams, pour plus de sécurité, a décidé d'aller dans un établissement médical de meilleure qualité. En 2014, Williams a opté pour un régime privé d'assurance maladie fourni par le Centre médical Bayley & Jackson situé au centre-ville de Beijing. Il s'agit d'un hôpital privé dont le siège se trouve à Hong Kong. Cette assurance premium lui coûte environ 30 000 yuans (4 690 dollars) par an et comprend des services de consultation et d'hospitalisation, des contrôles médicaux réguliers et même les frais d'hébergement.
La majorité des Chinois se font soigner dans des hôpitaux publics. Ceux qui optent pour des établissements médicaux privés les considèrent comme un service de luxe, plus rapide et personnalisé.
Un changement de tendance
Tous les jours, au célèbre Peking Union Medical College Hospital, on voit des centaines de personnes faire la queue dès l'aube au guichet. Les frais d'inscription varient de 5 yuans (0,78 dollar) à 14 yuans (2,2 dollars) en fonction du traitement. Mais si, traditionnellement, la plupart des hôpitaux publics dans les grandes villes chinoises sont financés par le gouvernement, on a assisté ces dernières années à une augmentation progressive des investissements étrangers dans ce secteur.
La plupart des capitaux étrangers ciblant le secteur sanitaire chinois se sont jusqu'à récemment dirigés vers les consommateurs haut de gamme, alimentés initialement par la communauté d'expatriés. Mais aujourd'hui, cette tendance est en train d'évoluer en faveur de la classe moyenne chinoise. « La moitié de nos malades en consultation externe sont des expatriés travaillant ou vivant en Chine, comme des diplomates et des dirigeants de sociétés étrangères. Et l'autre moitié de nos clients sont des citoyens chinois à revenus élevés. Nous nous faisons connaître par le bouche à oreille », indique Zhu Ying, président du Centre médical Bayley & Jackson à Beijing.
« Même si les hôpitaux publics fournissent des services de qualité, ici, j'ai l'avantage de pouvoir parler directement avec les médecins en anglais de mes antécédents médicaux », affirme Williams. « Et ma vie privée est mieux protégée. »
Par ailleurs, selon M. Zhu, les malades payant de leur propre poche un traitement dans un hôpital privé ont des attentes élevées et exigent des services professionnels et personnalisés.
La valeur du secteur sanitaire chinois devrait atteindre 8 000 milliards de yuans (1 250 milliards de dollars) d'ici 2020. Avec l'augmentation de leurs revenus, de plus en plus de Chinois exigent des services médicaux de standard international, indique Roberta Lipson, PDG de United Family Healthcare (UFH) et Chindex International. En 2013, les malades chinois ont contribué pour environ un tiers aux recettes annuelles de l'UFH, estimées à 87,5 millions de dollars.
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