La sécurité alimentaire demeure une question importante pour nombre de pays en développement. D'après un rapport publié par l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation de l'agriculture, on comptait en janvier 2010 plus d'un milliard de personnes souffrant de la faim et de sous-alimentation de par le monde. Plus de 300 millions d'entre eux se trouvent en Afrique, ce qui signifie qu'un Africain sur trois souffre de la faim.
D'après Dong Renjie, directeur du bureau des relations internationales de l'Université de l'agriculture de Chine (Beijing), interrogé par CHINAFRIQUE : « La Chine peut faire profiter les pays d'Afrique de son expérience en matière de développement agricole. » Il ajoute que la Chine et l'Afrique ont le même modèle de développement agricole.
L'expérience chinoise
Depuis 1993, l'université où travaille M. Dong a mené des échanges et une co-opération agricoles avec 35 pays africains, principalement en matière de partage de technologie. En 2001, l'université a lancé un programme pour former les dirigeants africains et les experts du secteur agricole, auquel ont participé jusqu'à maintenant 421 personnes.
La Chine est un des leaders mondiaux en matière de technologie d'hybridation du riz. Depuis 1997, du riz hybride a été introduit en Guinée, grâce à la création par le gouvernement chinois et l'Université de l'agriculture de Chine de la ferme Koba, un projet de 1 000 hectares destiné à présenter la technologie chinoise d'hybridation du riz. Les paysans de cette région ont ainsi pu y apprendre l'ensemble du procédé de culture et de récolte du riz hybride.
« Les programmes de formation jouent un rôle important dans la coopération agricole sino-africaine », déclare M. Dong. Malheureusement, la plupart des programmes de formation durent simplement trois semaines, ce qui est trop peu pour que les étudiants apprennent en profondeur les différents aspects du développement agricole chinois, comme les politiques d'encouragement, les systèmes d'irrigation ou le calendrier des plantations.
« Une formation de trois semaines est trop courte pour que les Africains comprennent comment la Chine a pu développer une agriculture stable. Ils ont une idée de l'expérience chinoise, mais ne savent pas comment elle fonctionne », poursuit M. Dong. Il ajoute qu'au cours des prochains programmes de formation, les dirigeants africains et les ingénieurs agricoles bénéficieront d'une plus longue période de formation et seront impliqués dans différents projets avec leurs homologues chinois.
Des agriculteurs motivés
M. Dong est persuadé que pour que les bonnes conditions d'exploitation soient réunies, les agriculteurs africains doivent être encouragés. D'après lui, le problème ne repose pas seulement sur les technologies agricoles, l'équipement mécanique, les semences ou l'utilisation d'engrais, mais sur le fait que beaucoup de pays africains manquent de politique d'incitation à l'agriculture. « De ce point de vue, la Chine peut servir de modèle. »
La Chine a réussi à encourager les agriculteurs. Après la réforme et l'ouverture à la fin des années 1970, le pays a adopté un système basé sur le principe de « plus vous produisez, plus vous gagnez ». De manière plus significative, le gouvernement chinois soutient financièrement les entreprises publiques à acheter des céréales chinoises à un prix subventionné, plus élevé que celui du marché.
« Quand les agriculteurs sont encouragés, ils demeurent enthousiastes, avec ou sans mesures incitatives », déclare M. Dong.
À l'heure actuelle, plus de 95 % des céréales consommées en Chine sont produites dans le pays. Les statistiques du Ministère de l'Agriculture indiquent que la production céréalière totale a atteint 546,4 milliards de kg en 2010, soit une augmentation de 2,9 % par rapport à la période correspondante de l'année précédente.
« Je pense que les gouvernements africains peuvent également mettre sur pied des politiques identiques pour stimuler l'enthousiasme des agriculteurs », déclare M. Dong.
M. Dong fait remarquer que ce modèle pourrait être utilisé dans le cadre de l'aide au développement agricole en Afrique. Les organisations d'aide agricole peuvent acheter les céréales produites localement à un prix plus élevé et les vendre moins cher. Les fonds peuvent être employés à compenser les pertes.
« Quand on évoque la coopération agricole sino-africaine, on parle d'"apprendre aux gens à pêcher plutôt que de leur donner du poisson". Ce type de formation est l'illustration exacte de ce proverbe. » |