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LE PARADIS DES CHIENS :Les refuges pour chiens abandonnés sont rares en Chine |
Hua Ning, Fonds international pour la protection des animaux « Comment peut-on, d'un côté, professer son amour pour les chiens et d'un autre côté cuisiner leur viande pour le repas ? »
Hao Xiaomao est routier. Il transporte tout ce que ses employeurs lui demandent de transporter, entre sa ville natale de Jiaozuo, dans la province centrale du Henan et le nord-est de la Chine. Pourtant, l'un de ses récents chargements l'a placé au centre d'une controverse nationale.
Le 15 avril, alors qu'il conduisait un camion transportant 520 chiens vers Changchun, capitale de la province du Jilin, il fut surpris d'être stoppé par des dizaines de personnes au niveau d'un péage, près de Beijing.
Ces personnes étaient des bénévoles de groupes de défense des droits des animaux à Beijing qui avaient fait le déplacement pour secourir les chiens, craignant que ceux-ci ne connaissent un destin funeste. Lorsque la nouvelle fut relayée par les microblogs, plusieurs centaines de personnes aimant les chiens manifestèrent leur soutien à cette action. « Si nous le laissons partir, ces chiens seront tués », affirma un bénévole qui n'indiqua que son prénom, An, sur son microblog.
Après 15 heures de négociation, ces amoureux des chiens se cotisèrent et parvinrent à réunir 110 000 yuans (16 949 dollars) pour racheter les animaux. Ceux-ci furent ensuite transportés vers l'Association de protection des petits animaux de Chine après un examen médical.
« J'ai perdu 20 000 yuans (3 081,66 dollars) dans cette affaire, ainsi que l'un de mes plus importants clients », a pour sa part déclaré Hao. « Je suis vraiment surpris de voir tous ces gens se porter au secours de chiens. »
Changer les comportements
« En fin de compte, nous ne pouvons pas vraiment faire de reproches à Hao et à son boss. Ce fait divers illustre le conflit qui existe entre différents modes de vie chinois », a expliqué le Dr Zhang Li du Fonds international de protection des animaux (FIPA), lors d'une interview accordée à china.com.cn. En Chine, il y a des endroits où les gens mangent la viande de chien. Il existe de nombreuses fermes où les chiens ne sont élevés que dans ce but. « Bien que le nombre de personnes qui mangent du chien tende à décliner, nous devons respecter le choix de celles qui continuent à le faire. Et nous devons également respecter la volonté des personnes qui souhaitent protéger ces petits animaux. »
Grâce aux efforts de nombreuses organisations comme la FIPA pour sensibiliser le public à la nécessité de protéger les droits fondamentaux des animaux, de plus en plus de Chinois, notamment dans les villes, ont changé d'attitude sur ce sujet.
Liu Xiaorong, de la ville de Zhengzhou dans le Henan, en fait partie. Depuis 1994, elle accueille des chiens errants. Ayant besoin de plus d'espace pour accueillir les animaux, elle a vendu son appartement à Luoyang pour louer une maison avec une grande cour dans la banlieue de Zhengzhou. Aujourd'hui, elle prend soin de plus de 300 chiens.
« Je suis vraiment très heureuse de voir que tant de personnes se sont portées volontaires pour secourir ces animaux en danger », a déclaré Hua Ning, directrice des campagnes de sensibilisation de la FIPA, à CHINAFRIQUE.
Elle décrit les chiens et les chats comme des animaux de compagnie qui ne peuvent être tués ou mangés. Selon elle, les chiens sont destinés à être des compagnons et non des animaux que l'on élève pour leur viande comme les cochons, les bœufs ou les moutons.
« Comment peut-on d'un côté professer son amour des chiens et d'un autre côté cuisiner leur viande pour le repas ? »
L'évolution de l'attitude des gens envers les animaux domestiques s'est traduite dans leurs habitudes alimentaires.
« Il y a quelques dizaines d'années, on trouvait facilement des restaurants servant de la viande de chien en Chine, au même titre que ceux servant du bœuf ou du mouton. Mais aujourd'hui, le nombre de restaurants affichant du chien au menu a drastiquement baissé », affirme Hua.
Figurant parmi les organisations de défense des animaux les plus influentes au monde, la FIPA a été créée en 1969 aux États-Unis et a ouvert un bureau en Chine en 1993. Au cours des dernières années, le fonds a lancé une série de projets en Chine visant par exemple à secourir les animaux domestiques, sauver les oiseaux de chasse et éduquer les touristes afin qu'ils n'achètent pas des produits issus du braconnage d'animaux sauvages d'Afrique.
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