Il n'est pas aussi connu que les grands philanthropes Bill Gates et Warren Buffett, mais le magnat Chen Guangbiao n'en est pas moins très médiatique.

Ignorant la tradition chinoise selon laquelle un don doit se faire discrètement, Chen tient à ce que le plus grand nombre possible de personnes soit témoin de chacun de ses actes de charité. Son style très ostentatoire a créé un large débat public autour de sa personne, certains se demandant si sa philanthropie était le fait d'un mégalomane ou d'un homme animé d'une sincère compassion.

Chen est le premier milliardaire de la partie continentale de Chine à avoir publiquement déclaré qu'il ferait don de son entière fortune à sa mort. Aujourd'hui, il fait don chaque année de la moitié des bénéfit matériel l'équivalent de 1,4 milliard de yuans (216,45 millions de dollars), argent qui a directement aidé quelque 700 000 personnes.

Chen, président de Jiangsu Huangpu Recycling Resources Co. Ltd., s'est engagé dans des œuvres de bienfaisance en 1998, date à laquelle il a créé sa première société. Mais depuis le départ, il a veillé à ce que les médias se fassent l'écho de ses actes charitables.

Les exemples de son mode opératoire sont légions. Le 24 janvier, l'agitation s'est emparée des forums et des blogs sur Internet, lorsque Chen a posté une photo de lui posant devant un mur de liasses de billets, déclarant qu'il allait faire don de 127 millions de yuans (19,54 millions de dollars) en liquide et en matériel au Xinjiang, au Yunnan et au nord du Jiangsu, tout comme 90 autres entrepreneurs. Ce mur d'argent était composé de 150 liasses, chacune représentant 100 000 yuans (15 385 dollars).

Le 16 mars, Chen s'est rendu dans la ville de Yingjiang, dans le Yunnan, qui venait d'être frappée par un tremblement de terre et a personnellement donné 200 yuans à chaque résident de deux villages. Au total, il a fait don ce jour-là de 230 000 yuans (35 385 dollars). Il a pris en photo les villageois tenant l'argent, puis a posté les photos sur Internet.

« Peu m'importent les critiques de ceux qui n'apprécient pas mon approche de la charité ; je crois que ceux qui se méfient de moi ou me désapprouvent aujourd'hui me seront un jour reconnaissants », a déclaré Chen à CHINAFRIQUE. « Lorsque vous êtes engagés dans des œuvres de bienfaisance, vous devez être assez magnanime pour accepter les voix discordantes. »

Ouvrir la voie

Selon Chen, la Chine ne manque pas de milliardaires, mais peu d'entre eux sont disposés à faire œuvre de charité. Selon la liste 2011 des milliardaires publiée par Forbes, 115 Chinois figurent parmi les personnes les plus riches du monde, dont neuf ont une fortune estimée à plus de 5 milliards de dollars chacun.

« Hormis les milliardaires de cette liste, il y a de nombreux milliardaires secrets sur la partie continentale de Chine qui ne souhaitent pas révéler leur identité », a expliqué Chen, ajoutant qu'ils ne donnent jamais d'argent, même lorsque leurs compatriotes sont touchés par une catastrophe naturelle.

« On peut effectivement dire que je me fais de la publicité. Mais je fais cela pour montrer à ces milliardaires secrets qu'il y a de meilleures façons de dépenser son argent », a fait savoir Chen à CHINAFRIQUE. « Je souhaite juste que davantage de personnes riches fassent comme moi. »

Une petite étoile rouge

L'histoire de Chen est celle d'une ascension spectaculaire. « J'ai grandi dans la pauvreté, donc je comprends très bien ce que les gens ressentent lorsqu'ils ont besoin d'aide », a-t-il expliqué.

Chen est né en juillet 1968 dans une famille rurale de Tianganghu, dans le district de Sihong dans la province du Jiangsu, l'une des régions les plus pauvres de l'est de la Chine à l'époque. L'un de ses frères aînés et l'une de ses sœurs aînées sont morts de faim. « J'ai peur de la pauvreté et c'est pour cela que je fais ce que je peux pour aider les gens à en sortir », a confié Chen.

Il prit, à l'âge de 10 ans, la décision de gagner lui-même l'argent pour aller à l'école, ses parents ne pouvant se permettre de le lui donner.

Sa première petite entreprise fut de vendre l'eau qu'il avait puisée dans un puits à des passants. Au cours de l'été 1978, il gagna 4 yuans. Ses frais de scolarité étaient de 1,8 yuan. Ayant appris qu'un autre garçon de son village ne pouvait pas non plus payer les frais de scolarité, il utilisa ses économies pour l'aider. Ce fut son premier acte de charité.

« Pour être honnête, je ressentis une grande joie de pouvoir l'aider avec mon propre argent, j'ai en cela été grandement influencé par mes parents. » Dans son enfance, il a souvent vu sa mère allaiter le bébé d'une famille voisine. « J'ai appris à cette époque que nous nous devions d'aider ceux qui sont dans le besoin. »

Le professeur de Chen le récompensa de son geste envers son camarade en lui offrant une étoile rouge en papier. Il en fut tellement content qu'il informa tout le monde au village.

« C'était la première fois que ma philanthropie était reconnue et récompensée. Cette petite étoile rouge est devenue mon inspiration dans ma volonté d'aider les personnes dans le besoin, et cela, en dépit de ce que disent les gens à mon sujet », a-t-il souligné.

Encore aujourd'hui, il est fier de recevoir des éloges pour ses actes de charité. Cela l'incite à faire davantage d'efforts pour aider les autres.