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CONTRITION:Li Yang présente ses excuses pour avoir maltraité sa femme |
QUAND Li Yang a lancé sa « folle » méthode d'apprentissage de l'anglais il y a une dizaine d'années, il a été reconnu non seulement comme éducateur mais aussi comme philanthrope de l'enseignement, ce qui lui conférait un statut spécial. Aujourd'hui, Li revient sous les projecteurs, mais cette fois, pour avoir battu sa femme.
Le 31 aout, Kim Lee, l'épouse étatsunienne de Li, a affiché dans son blog des images de sa figure, ses genoux et ses oreilles meurtris et déclaré qu'elle subissait une grave violence de la part de Li Yang. Pendant les quatre jours suivants, Lee a continué d'ajouter des photos choquantes et les médias se sont emparés de son cas.
Bien que Li se soit ensuite excusé, jurant à sa femme de ne jamais recommencer, et qu'il soit allé en thérapie, le cas montre combien sérieuse est la violence au sein des familles chinoises. Selon Li, les conflits entre lui et sa femme existent depuis des années et continuent d'augmenter.
Des statistiques de la Société chinoise du Droit juridique montrent que 35,7 % des familles chinoises connaissent à un moment ou l'autre la violence et que plus de 90 % des victimes sont des femmes, des enfants et des personnes âgées.
Garder la honte entre quatre murs
« Influencées par le concept chinois que la honte familiale ne doit pas être exposée, plusieurs femmes choisissent de garder silence quand elles subissent la violence de leur mari », a dit à CHINAFRIQUE Tan Lin, directeur de l'Institut chinois d'étude de la condition des femmes de Chine.
Xu, mère de deux enfants, vit à Zaozhuang dans la province du Shandong et son mari est fonctionnaire du gouvernement local.
« Pour plusieurs femmes, avoir deux charmants enfants et un mari fonctionnaire représente le succès, dit-elle. C'est pourquoi je dois faire semblant d'être heureuse devant les autres, surtout mes amies, et ne jamais leur dire que mon mari me bat souvent. »
Ce comportement lié à la culture signifie que la violence conjugale ne peut être affichée en public et que la société ne peut aider.
Selon Wang Xingjuan, directeur du Centre de conseil psychologique Maple pour les femmes, à Beijing, cacher la violence concourt à renforcer le problème. « Nous, Chinois, devons d'abord changer notre mentalité avant de pouvoir réellement aider les victimes de violence familiale. » La remarque de Wang est juste en quelque sorte. Selon les statistiques de la Fédération des femmes de la province du Henan, après que Kim Lee a rendu publique son histoire, le nombre d'appels de femmes victimes de violence a doublé.
Pas d'aide extérieure
Certains experts ne sont pas d'accord avec Wang. Ils croient que l'intervention extérieure est importante, mais qu'en Chine, elle ne résoudra pas le problème, et qu'elle est « définitivement insuffisante pour abolir la violence, a dit, lors d'une interview à CCTV, Xia Yinlan, directeur de l'Institut du mariage et de la famille de la Société chinoise du Droit juridique, ajoutant que c'est une des raisons pour lesquelles tant de gens hésitent à se lever et à parler. »
Traditionnellement, les Chinois n'interviennent pas dans les affaires des autres familles.
« Après tout, ils sont mari et femme et nous ne pouvons trop intervenir dans leurs conflits », a dit Guo Lingling, un fonctionnaire de Zhengzhou, au Henan, dans une entrevue avec people.com.cn. « Tout ce que nous pouvons faire est de les amener à se réconcilier. »
Même la police pense ainsi : « Nous adoptons rarement des mesures de forces dans les disputes conjugales en autant que les circonstances ne soient pas trop graves », a dit le policier Hai de Zhengzhou. « Vous savez, parfois ils se disputent le jour et font la paix la nuit. »
Cette façon de voir a eu de sérieux résultats. Une femme de Beijing âgée de 26 ans a été battue à mort par son mari Wang Guang-yu l'an dernier. Toutefois, pendant les quatre mois qui ont précédé sa mort, elle avait appelé la police à huit reprises pour demander de l'aide mais chaque fois les policiers venaient tenter la médiation puis quittaient sans punir le mari. Après la mort de la femme, sont mari a été emprisonné.
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