La mi-novembre est douce à Wanning, sur l'île méridionale chinoise de Hainan. Le climat tropical et l'atmosphère de vacances accueillent une délégation africaine, venue pour apprécier le soleil, mais plus sérieusement pour assister à une conférence sur la coopération sino-africaine.
La deuxième Table Ronde sur la coopération sino-africaine organisée du 10 au 13 novembre, réunit plus de 500 participants, notamment des représentants de gouvernements, d'anciens diplomates, politiciens et hommes d'affaires de Chine et de plus de 30 pays africains.
« C'est la première fois que je rencontre autant d'Africains », declare Li Wei, un chasseur au Méridien Hotel où se tient la conférence. Mais Li verra sans doute plus d'Africains dans le futur. D'après Ji Peiding, le président de l'Association des anciens diplomates chinois (en anglais Association of Former Diplomats of China ou AFDC), qui est à l'origine à la conférence, le gouvernement de Wanning a accepté d'accueillir les futures conférences de la table ronde à long terme.
Cet évènement, organisé par l'AFDC, qui est une ONG, met en lumière le rôle important des ONG dans la promotion des relations sino-africaines. « Comme on l'a vu lors de la conférence, les ONG jouent un rôle de plus en plus important dans la promotion de la coopération bilatérale », explique l'ancien Premier ministre et ministre de l'Intérieur de l'Ouganda, M. Dirunda-Kivejinja à CHINAFRIQUE.
La conférence s'est conclue par la Déclaration de Wanning qui permettra de promouvoir la compréhension mutuelle et d'attirer l'attention sur la politique africaine de la Chine à travers les contacts interpersonnels, d'après Ji.
Besoin de meilleurs résultats
« La Déclaration de Wanning annonce l'amélioration des réalisations des entreprises et organisations chinoises faisant des affaires en Afrique », explique Liu Guijin, représentant spécial du gouvernement chinois pour les affaires africaines, qui s'est engagé en Afrique depuis 1981.
La déclaration explique le rapide développement de la coopération sino-africaine à partir de 2000 par l'établissement du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC). Liu dit aussi que de nouveaux problèmes sont apparus avec l'augmentation de la coopération bilatérale, tels que des structures commerciales irrationnelles et le besoin de standardiser les activités opérationnelles de certaines entreprises chinoises, particulièrement les petites et moyennes entreprises.
Selon Liu, les principaux protagonistes de la coopération sino-africaine ont changé profondément au cours de la dernière décennie. Avant 2000, les protagonistes de la coopération étaient les gouvernements. Après la création du FOCAC, de nombreuses entreprises chinoises, publiques et privées, font des affaires en Afrique. « C'est pourquoi nous avons besoin de documents comme la Déclaration de Wanning, qui appelle les entreprises à surveiller leurs opérations en Afrique », poursuit Liu.
Les statistiques du ministère chinois du Commerce montrent que la Chine est devenue le principal partenaire commercial de l'Afrique en 2009. En 2010, le commerce bilatéral a atteint 126,9 milliards de dollars. Pour le premier semestre de l'année, le commerce bilatéral a augmenté jusqu'à 79 milliards de dollars, dont la moitié doit être portée au crédit des entreprises privées, principalement pour les exportations.
« Avec l'augmentation rapide de la coopération économique et commerciale entre la Chine et les pays africains, quelques problèmes sont devenus préoccupants. C'est naturel », explique Liu.
Ciblant les problèmes, la Déclaration Wanning appelle les gouvernements chinois et africains à coopérer plus étroitement et à partager l'information pour réprimer les activités illégales. La déclaration enjoint également les entreprises chinoises à apprendre comment mettre en place la politique chinoise en Afrique et à respecter les lois locales.
« Il est bon que la Déclaration de Wanning, publiée par une ONG, appelle les entreprises à apprendre et à respecter les législations locales quand elles font des affaires en Afrique », explique pour CHINAFRIQUE Lu Shaye, directeur général du département des affaires africaines au ministère des Affaires étrangères. « En plus des efforts gouvernementaux, nous avons besoin des ONG pour contrôler les entreprises dans leurs opérations quotidiennes. »
La nécessité des ONG
Lu explique que les ONG peuvent faire ce que le gouvernement ne peut pas. Les ONG chinoises consacrées à la promotion de la coopération sino-africaine se sont multipliées. En 2009, s'est tenu le premier Forum Chine-Afrique sur la coopération et le développement, qui se réunira tous les trois ans. En 2010, La table ronde annuelle sur la coopération sino-africaine était lancée, suivie en octobre 2011 par le premier Forum China-Afrique des groupes de réflexion, qui aura lieu alternativement en Chine et en Afrique tous les ans.
« Il est bon de voir des ONG encourager les relations sino-africaines, cela signifie que de plus en plus de monde s'intéresse aux relations, à la coopération et à l'amitié entre ces deux entités », affirme Lu, en ajoutant que ces organisations peuvent poser les bases et donner une impulsion à long terme pour la coopération sino-africaine.
« En s'inspirant des échanges interpersonnels, le gouvernement peut améliorer le travail intergouvernemental », estime Lu.
Comparées aux services gouvernementaux, les ONG émanant de la base peuvent plus facilement trouver les problèmes existant dans la coopération bilatérale. Grâce aux contacts interpersonnels, ces problèmes peuvent être révélés au gouvernement et résolu en temps voulu.
« De cette manière, les ONG et le gouvernement peuvent apprendre mutuellement et travailler de concert », conclut Lu. |