Les indépendants en position de force
Contrairement à Guo, dont le nom a été proposé pour l'élection par le comité local des résidents, il y a beaucoup de candidats indépendants qui se présentent. D'après la Loi électorale chinoise, une personne peut se présenter à une élection en étant auparavant désignée par un parti politique, une organisation sociale ou au moins dix électeurs. Par le passé, la plupart des candidats étaient nommés par un parti politique ou une organisation. Aujourd'hui, la situation a évolué.
Liu Weilin, vice secrétaire général et porte-parole du comité permanent de l'assemblée populaire de la ville de Beijing, explique que sur les 6 615 candidats désignés pour les assemblées populaires de niveau local dans les 2 257 circonscriptions électo-rales de la ville cette année, 5 896 d'entre eux ont été désignés par les électeurs, soit 89,1 % du total. La proportion de ceux désignés par un parti politique ou une organisation sociale, qui représentaient la majorité des candidats lors des précédentes élections, est tombée à 10,9 %.
« C'est normal dans des élections directes », explique Liu, qui ajoute que tous les citoyens au-dessus de 18 ans ont le droit de voter et de se présenter à des élections.
Ye Jingchun veut être élue comme député dans l'assemblée populaire de son district. Même si elle a dépassé la période d'inscription, elle reste con-fiante. « Les gens peuvent encore voter pour moi en inscrivant directement mon nom sur leur bulletin », explique-t-elle
Cette retraitée de 55 ans se prépare à l'élection depuis la fin du mois d'août. Elle a fait imprimer son programme électoral et a commencé à mener campagne dans sa circonscription. Pour obtenir le soutien des internautes, elle a même appris à utiliser un ordinateur et à créer un micro-blog.
« La raison pour laquelle je participe à cette élection est très simple : devenir un député disponible à tout moment », confie Ye à CHINAFRIQUE. Elle rappelle que les dernières années, elle a essayé à plusieurs reprises de contacter le député de sa circonscription pour lui demander de l'aide, en vain.
« Vous savez, beaucoup de nos députés travaillent en réalité à mi-temps et n'ont pas beaucoup de temps pour s'occuper des affaires du district », poursuit-elle. « Si je ne peux pas vous trouver après que vous êtes élu, pourquoi voterais-je pour vous ? »
Des changements d'attitude
Grâce au travail acharné de Ye et de ses homologues, et grâce à la promotion faite par le gouvernement, un nombre croissant de personnes s'intéressent aux élections, y compris les migrants travaillant dans les grandes villes.
Huang Daoqing, de la province du Jiangsu, travaille depuis plus de quatre ans pour une entreprise de construction de Beijing. Mi-octobre, lui et certains de ses collègues sont allés dans un bureau de vote pour s'enregistrer comme électeurs à Beijing.
« Il y a beaucoup d'affiches nous encourageant à aller voter », raconte-t-il à CHINAFRIQUE. Mais ce qui lui a fait prendre la décision de voter à Beijing, c'est que quelques candidats lui ont parlé de leurs programmes électoraux. « J'ai discuté avec certains d'entre eux et je pense qu'il y en a qui pourront parler pour les travailleurs migrants à l'avenir. »
D'après le règlement, les résidents non-permanents habitant à Beijing depuis plus d'un an peuvent voter après obtention d'une carte électorale du lieu où est enregistrée leur résidence.
« C'est la première fois que je vais voter à Beijing », explique avec le sourire cet homme de 42 ans, en ajoutant qu'il est rentré chez lui en août pour obtenir sa carte d'électeur.
« Les progrès importants des élections démocratiques en Chine se voient à ce que de plus en plus de gens qui étaient des spectateurs participent aux élections des assemblées populaires », conclue Ye.
Loi électorale
> D'après la Loi électorale chinoise, les assemblées populaires de niveau local sont élues directement par les citoyens. Au cours des dernières décennies, les élections directes n'ont cessé d'augmenter. D'après la Loi électorale de 1953, les assemblées populaires dans les communes, les districts municipaux et les villes qui ne sont pas divisées en district pouvaient être élues directement. En 1979, la loi électorale a été modifiée et les assemblées populaires au niveau préfectoral ont pu elles aussi être élues directement. |