|
DIALOGUE :Les villageois et les fonctionnaires sont parvenus à une compromis |
En trois mois, le petit village de Wukan, dans la province du Guangdong, est passé de l'obscurité à la célébrité publique. Plus de 10 000 villageois de Wukan se sont engagés depuis septembre dans une confrontation avec le gouvernement local, un événement qui a été suivi de près dans le pays tout entier. Ce phénomène a provoqué un débat public nourri, qui pose la question de la manière dont le pays devrait être dirigé, en particulier dans les zones rurales.
D'après les observateurs, la raison principale du conflit est l'élection des dirigeants du village en février 2011, qui a conduit le nouveau comité élu à tenter de vendre la dernière parcelle de terre agricole, d'une superficie de 404 mu (27 hectares), à des promoteurs immobiliers sans en informer les villageois.
Le 21 septembre puis le 21 novembre, Les villageois ont fait appel aux autorités supérieures pour qu'elles interviennent, mais celles-ci n'ont pas daigné répondre, transformant la protestation pacifique en confrontation ouverte. Les villageois ont bloqué toutes les routes conduisant au village pour empêcher la police de pénétrer. Ils ont même élu un « conseil de village intérimaire » pour remplacer le comité de village, et ont essayé de récupérer les terres agricoles vendues auparavant.
Un changement d'attitude
« Les conflits d'intérêt entre le gouvernement et la population est une chose courante dans la province du Guangdong, une région de 110 millions d'habitants (dont 30-40 millions d'ouvriers migrants) considérée comme étant à la pointe de la réforme et de l'ouverture en Chine », explique Ma Licheng, un journaliste du Quotidien du Peuple, dans une interview accordée à l'Economic Observer. « Quelle attitude doit adopter le gouvernement face à de tels évènements, voilà le nœud du problème. »
D'après ce qu'il a pu observer, le gouvernement local a adopté des mesures sévères pour calmer le ressentiment des habitants, mais cela n'a eu pour effet que d'entraîner une plus grande résistance.
L'intervention du gouvernement provincial du Guangdong en décembre est considérée comme le tournant dans le déroulement du conflit. Le 20 décembre, le gouvernement provincial a envoyé à Wukan un groupe de travail conduit par Zhu Mingguo, vice-secrétaire du comité provincial du Parti communiste chinois dans le Guangdong, afin de résoudre le conflit.
« On peut voir que l'attitude du groupe de travail est totalement différente des tentatives précédentes conduites par les autorités locales », a déclaré Ma, ajoutant que le changement le plus notable est que le groupe de travail favorise les intérêts du peuple et ne se contente pas seulement de maintenir la stabilité.
En rencontrant les villageois, Zhu a rappelé que leurs revendications principales étaient raisonnables et leur action compréhensible. Il a également reconnu que certains fonctionnaires du gouvernement local s'étaient fourvoyés dans la manière dont ils ont traité le problème. Le 28 décembre, le groupe de travail a également déclaré illégitime le comité de village élu début 2011. Xue Chang, l'ancien secrétaire du PCC à Wukan, à la tête du comité depuis 41 ans, a été mis en garde à vue pour être interrogé. Mais le plus important, c'est que les villageois ont récupéré leurs terres.
« C'est un grand changement dans la résolution des troubles de masse, c'est une approche plus positive », a déclaré Ma lors d'un séminaire sur l'affaire de Wukan qui a eu lieu à Beijing le 22 décembre.
|