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SUFFOCATION:Beijing sous un voile de pollution |
L'hiver 2011 à Beijing a été un moment difficile pour Guo Changyan. Pour cette fragile jeune fille, souvent malade, la terrible pollution atmosphérique de la capitale est une menace pour sa santé. « Je n'ai pas cessé de tousser depuis le début de ce temps brumeux, mais je dois travailler à l'extérieur tous les jours même si je sais que cela va aggraver ma toux », explique-t-elle à CHINAFRIQUE.
À sa grande surprise, le rapport gouvernemental sur la qualité de l'air décrit la pollution comme « légère », à l'opposé de ce qu'elle peut observer.
Cette contradiction est la conséquence des différents critères de /Volumes/NO NAME/untitled folder/p22.txtsurveillance de la qualité de l'air. Auparavant, les villes chinoises ne mesuraient ni ne fournissaient de données sur les plus petites particules présentes dans l'air, les particules fines PM 2,5, d'un diamètre inférieur à 2,5 microns. La Chine utilise la norme PM 10 dans les rapports sur la qualité de l'air diurne. Mais il est reconnu que les particules PM 2,5 sont la cause principale de la pollution de l'air cet hiver.
Conséquences
Les PM 2,5 sont en effet plus dangereuses pour la santé. Selon les spécialistes, les maladies respiratoires provoquées par la pollution de l'air comprennent des infections pulmonaires et des cancers. « Si rien n'est fait, les PM 2,5 remplaceront le tabagisme comme premier facteur de risque de cancer des poumons », explique Zhong Nanshan, un académicien d'ingénierie de Chine, dans un interview au China Daily.
L'air vicié a également perturbé le trafic, entraîné l'annulation de centaines de vols et provoqué des embouteillages.
Environ 219 vols ont été annulés et 118 ont subi des retards à partir du 5 décembre 2011, un jour après qu'un épais brouillard a recouvert l'aéroport international de Beijing Capital, selon une note mise en ligne sur le site de l'aéroport.
Source de pollution
Ce brouillard n'est pas un phénomène naturel, mais est la conséquence du mode de vie actuel des urbains. « La combustion du carburant chimique, utilisé dans l'industrie et les systèmes de chauffage, ainsi que les émissions des véhicules contribuent de manière importante à la présence d'un pourcentage élevé de PM 2,5 dans l'air », explique à CHINAFRIQUE Wang Qiuxia, un défenseur de la protection de l'environnement travaillant pour le centre de recherche environnemental de Da'erwen, une organisation à but non lucratif basé à Beijing.
Le nombre important d'automobiles en circulation, en particulier à Beijing, dégrade la qualité de l'air. En 2011 le nombre d'automobiles à Beijing a atteint 5 millions, et malgré la politique de restriction à l'achat de voitures, il y a encore 2 millions de voitures par jour dans les rues de la capitale.
La réponse du gouvernement
Mais bientôt, il n'y aura plus de contradiction entre ce que les gens constatent et les données publiées par les autorités. Le gouvernement a renforcé les normes de surveillance de la qualité de l'air dans tout le pays, en prenant en compte les PM 2,5 dans le système de surveillance.
Lors de la septième rencontre sur la protection de l'environnement qui s'est tenue à Beijing le 20 et 21 décembre 2011, le plus important événement de ce genre, un calendrier précis de la surveillance de la pollution dans les villes chinoises a été fixé.
Beijing est la première ville à publier les données concernant les PM 2,5. Le Bureau municipal de la protection de l'environnement s'est engagé à mettre en ligne la densité de PM 2,5 heure par heure sur son site et dans d'autres médias, avant la Fête du Printemps, le 23 janvier 2012
« Le sens de ces nouvelles normes est qu'elles permettent d'informer le public du danger des particules fines, ce qui l'aide à participer à la campagne de conservation de l'environnement », a expliqué à Beijing News Huang Wei, chercheur associé au centre de recherche pour l'environnement et la santé de l'Université de Pékin. |