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Shaoxing |
Pour le Nouvel An chinois de cette année 2012, j'avais décidé d'aller voir un ami qui habite à Shaoxing dans le Zhejiang. Ce récit de mes vacances de printemps fera donc l'économie de tout le folklore lié aux festivités traditionnelles en Chine : pas de raviolis ni de poisson au menu, pas de programme du Nouvel An à la télévision, pas de visite au temple pour brûler de l'encens, seulement un petit séjour dans la sympathique ville de Shaoxing, qui mérite bien une visite pour ceux qui veulent se rendre au Zhejiang.
J'ai quitté Beijing au matin du premier jour de la nouvelle année. Comme beaucoup de gens qui habitent ici, j'apprécie le calme relatif qui règne à cette période, les grandes artères où pour quelques jours circule un nombre raisonnable de voitures. La veille au soir, j'avais passé la soirée dans un bar en compagnie de quelques amis. Nous avions pu jouir du spectacle des feux d'artifices dans les rues, avec un mélange d'amusement et d'effroi.
Shaoxing est un endroit il fait bon se promener, car le vieux centre de la ville, avec ses canaux et ses maisons traditionnelles, a échappé à deux malheurs : la destruction complète et la folklorisation à des fins touristiques. Il y a bien sûr des visiteurs qui flânent dans ces petites ruelles, mais le cœur populaire de la ville est demeuré un lieu d'habitation et non de boutiques de souvenirs. En s'y promenant, on assiste au spectacle de la vie quotidienne dont certains détails ont résisté à l'usure du temps : les poissons sèchent sur les façades, les gens continuent à faire leur lessive dans les canaux.
Shaoxing jouit d'une riche histoire et a vu naître quelques personnalités de première importance. Capitale du royaume de Yue sous les Printemps et Automnes, elle fut jusqu'à une époque récente un centre politique et manufacturier important, une partie de sa fortune provenant du commerce du textile, dont elle était l'un des principaux centres de production dans la région. Au début du 4ème siècle, alors qu'elle portait le nom de Kuaiji, elle fut administrée par celui qui allait rester dans l'histoire comme le plus grand calligraphe de l'histoire de Chine, Wang Xizhi, dont on peut visiter le lieu où il a composé l'illustrissime « Préface du Pavillon des orchidées ». Outre ce génie du pinceau, Shaoxing est également le berceau d'un très grand représentant de la philosophie néo-confucéenne, Wang Yangming, et du père de la littérature moderne chinoise Lu Xun, ainsi que du fondateur de l'université de Pékin, Cai Yuanpei.
Même si Shaoxing n'a plus désormais l'importance qu'elle a eue dans l'histoire chinoise, elle perpétue sa tradition de fabrication textile. A quelques kilomètres du centre-ville a été construit le quartier Keqiao, principal centre de fabrication et de négoce pour le textile en Chine, où réside une véritable communauté issue du Moyen et du Proche-Orient.
Ce voyage a aussi été pour moi l'occasion de constater une dure réalité du Sud de la Chine : l'absence de chauffage central dans les habitations, qui rend la vie très inconfortable et provoque un grand gaspillage d'énergie, puisque la majorité des gens se chauffent à la climatisation. Il me semble qu'un pays aussi riche que la Chine aurait les moyens d'éviter à la moitié de sa population de souffrir du froid en hiver.
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