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REPAS GRATUIT : Les internautes ont créé un programme d'aide aux écoliers des zones défavorisées |
Le journaliste Deng Fei n'aurait jamais imaginé qu'il y avait en Chine des enfants si pauvres qu'ils ne pouvaient s'offrir un déjeuner. C'est pourquoi, quand un enseignant de l'école primaire de Shaba dans le district de Qianxi, province du Guizhou, lui a appris que de nombreux élèves souffraient de la faim pendant la pause de midi, il a décidé de se rendre sur place pour constater par lui-même.
« Quand je suis arrivé sur place, j'ai réalisé que la situation était encore pire que ce m'avait rapporté ce professeur », raconte Deng, ajoutant que les écoles alentour connaissaient la même difficulté.
La plupart des enfants ne mangent que du pain cuit à la vapeur pour leur déjeuner. Certains n'ont tout bonnement rien à manger à midi.
Deng a été touché par la situation. Après son retour du Guizhou, il s'est servi de Sina Weibo, le site de micro-blogging le plus important de Chine, pour lancer l'idée d'un programme pour permettre aux enfants des régions pauvres de bénéficier d'un déjeuner gratuit. À sa grande surprise, sa proposition a reçu de nombreuses réponses, et beaucoup d'internautes ont proposé leur aide.
Ce simple message a apporté du changement aux nombreuses écoles primaires des régions défavorisées du centre et de l'ouest de la Chine. Le mois d'avril marque le premier anniversaire de l'organisation caritative créée par Deng, ce qui prouve qu'il y a des choses gratuites dans ce monde.
Soixante-six élèves de l'école Espoir de Ping'an de la ville de Touzhai située dans la province du Gansu sont les derniers bénéficiaires de ce programme. Le 27 février, on leur a servi leur premier déjeuner chaud dans leur nouvelle cantine.
« Je constate que les parents des élèves sont très heureux que leurs enfants puissent manger à l'école, et beaucoup d'entre eux viennent spécialement à l'école pour voir s'ils peuvent apporter leur aide », explique le directeur de l'école, Liu Xiaojin, à CHINAFRIQUE. « Le déjeuner est équilibré, avec de la viande et des légumes, et même meilleur que ce qu'ils mangent chez eux. » Il souligne que les élèves de l'école primaire sont au début de leur phase de croissance. « Il ont besoin de nourriture pour grandir », rappelle Liu.
Plus important, l'école de Liu n'a pas à payer pour les repas. L'organisation non-gouvernementale dirigée par Deng Fei et soutenue par un million d'internautes a construit la cantine et couvre les dépenses quotidiennes, y compris le salaire des cuisiniers.
« Tout ce que j'ai à faire, c'est mettre à jour le microblog de l'école pour rendre publiques les dépenses quotidiennes, comme ça le public peut voir le montant dépensé », explique Liu. D'après le directeur, après avoir aidé à construire la cantine, le programme a offert 3 yuans (0,47 dollars) pour assurer le déjeuner de chaque enfant, ce qui est suffisant, compte tenu du niveau de vie local. Parallèlement, le programme paie également un salaire de 800 yuans (127 dollars) par mois au cuisinier.
Des exigences élevées
Deng, journaliste à Phoenix Weekly, s'est associé avec plus de 500 journalistes de tout le pays pour créer ce programme, baptisé « Repas gratuits ». Son rôle est de fournir des repas nourrissants aux élèves des écoles primaires des régions défavorisées.
« Nous avons des normes très strictes pour mesurer si une école est qualifiée pour bénéficier du programme. De cette manière, nous pouvons être sûrs que nous aidons les écoles qui sont réellement dans le besoin », explique Deng à CHINAFRIQUE. Avant de lancer le programme dans une école, un projet pilote est mis à l'essai pendant deux mois, consistant à donner gratuitement des œufs aux enfants. « Grâce à ce projet pilote, nous pouvons voir si l'école a les capacités de gestion nécessaires. »
« Mon école est conforme aux exigences du programme puisque le district de Huining est une région pauvre, selon les critères nationaux », explique Liu. Il note que la plupart des parents des élèves de l'école travaillent dans les grandes villes, et que les enfants sont élevés par leurs grands-parents. « C'est pourquoi nous avons décidé de nous inscrire à ce programme. Après beaucoup de travail, et un projet pilote réussi, nous sommes parvenus à obtenir de bénéficier du programme. »
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