|
D'AUTRES OPTIONS: les examens d'entrée à l'université poussent les travailleurs migrants de la classe moyenne à envoyer leurs enfants à l'étranger |
Depuis quelques mois, Du Wenhu, conseiller dans un centre de formation en métier à Beijing, fait face à un problème insoluble. Il se demande s'il devrait renvoyer sa fille dans leur patelin de la province du Shandong pour ses études secondaires, ou la laisser étudier à Beijing.
« Peu importe ma décision, elle sera fautive », a dit Du à CHINAFRIQUE.
Bien que Du vive et travaille à Beijing depuis quinze ans, sa famille et lui sont enregistrés comme résidants du Shandong, où il est né et a grandi. Ces restrictions touchent aussi plusieurs autres travailleurs migrants à travers le pays, qui ne peuvent enregistrer leur résidence dans la capitale.
Le problème de Du est que sa fille n'aura pas le droit de passer l'examen d'entrée à l'université (gaokao) dans trois ans si elle fréquente le deuxième cycle de l'école secondaire à Beijing, parce qu'elle n'est pas enregistrée comme citoyenne de Beijing. Mais si Du l'envoie au Shandong, l'adolescente sera séparée de sa famille, et devra vivre et étudier seule pour les trois prochaines années.
Selon les règlements actuellement en vigueur, les étudiants doivent retourner là où ils sont enregistrés pour passer le gaokao.
Face au dilemme
Du n'est pas le seul parent à en avoir assez de ce défi. Selon les statistiques de la Commission municipale de Beijing pour l'éducation, il y avait environ 478 000 enfants de travailleurs migrants d'âge scolaire primaire et secondaire premier cycle dans la capitale à la rentrée de septembre 2011. La plupart d'entre eux ne seront pas admis au gaokao si les règles ne changent pas.
Le problème n'est pas régional mais national. Le recensement de 2011 montre que la population migrante dans l'ensemble du pays a atteint 260 millions, en hausse de 81 % depuis 2000. En 2009, plus de 9,97 millions d'enfants de travailleurs migrants fréquentaient l'école primaire ou secondaire là où leurs parents travaillaient, selon un reportage de l'Agence de presse Xinhua.
Les parents migrants font face à une situation terrible. « Je crains que ma fille se sente marginalisée et manque du sens d'appartenance si je la renvoie [étudier] dans notre patelin. Elle ne parle même pas le dialecte local », a dit Du à CHINAFRIQUE. De plus, le style des manuels et des examens au Shandong est différent de celui de Beijing, et la compétition pour entrer dans une université de haut niveau est beaucoup plus rude.
En 2011, une des plus prestigieuses universités de Chine, Tsinghua, a admis 221 des 76 500 candidats de Beijing, mais seulement 75 des 550 000 du Shandong.
Le gaokao non seulement détermine le destin des étudiants mais aussi le destin de leur famille. Du a finalement décidé quoi faire pour sa fille : il retournera au Shandong avec elle. « C'est une décision difficile. Toutes mes réalisations de travail depuis quinze ans tombent à l'eau, mais je ne peux voir ma famille séparée et ma fille seule derrière », a dit Du.
En faits, les parents ont un autre choix : oublier le gaokao et envoyer leurs enfants étudier dans une université étrangère. Zhao Dong, un designer de jeux électroniques de 27 ans qui travaille à Beijing, envisage cette solution. La cherté des loyers dans la métropole n'a pas découragé Zhao de chercher fortune à Beijing. Sa seule inquiétude réside dans l'instruction de son enfant. Quatre ans dans une université des États-Unis lui coûtera plus d'un million de yuans (158 100 USD). « Bien que je n'aie pas encore d'enfant, je dois planifier l'avenir et travailler dur dès maintenant pour être en mesure d'affronter les dépenses futures », a dit Zhao à CHINAFRIQUE.
|